Fyctia
Carnaval et symbolisme...P2
Le temps est cataclysmique le dimanche. Il pleut à seaux, un vent glacial souffle et ils passent leur journée à errer dans les rues à la poursuite des festivaliers. Ce que j’en ai marre d’avoir froid et de marcher sans but, songe Jenna tout en affichant son éternel sourire. Jenna rentrer maison... Pour dix-huit heures, ils se rendent sur la place de l’hôtel de ville afin d’observer le traditionnel lancer de harengs. La foule est déchaînée par deux jours passés à se saouler et les carnavaleux se bousculent sous le balcon du maire.
— Allez on se rapproche, les incite Yannick.
Jenna grimace. Elle se méfie des mouvements de foule saoule et redoute d’être jetée au sol. Cependant, Phil et Gwen acceptent avec enthousiasme et elle se résigne à les suivre. Durant leur progression, ils rencontrent un groupe de costauds bien éméchés et Jenna est rudement projetée contre Gwen.
— C’est bon, moi je m’arrête là, grince-t-elle.
— Raaa ce que tu peux être chochotte, soupire Phil. Tu as toujours peur de tout.
— Désolée mais je n’ai pas envie de me retrouver par terre et d’être piétinée. Ni de me prendre un hareng dans la gueule, ajoute Jenna alors que la distribution commence.
— Euh… j’admets que pour le coup, moi non plus, la soutient Gwen.
— Pfff vous n’êtes pas marrantes ! commente Yannick. Les harengs, c’est trop de la balle !
Ce qui serait vraiment de la balle, ce serait que tu t’en prennes un en plein dans ta face de connard !
Derrière eux, la foule presse et Jenna part en avant, emportée par le mouvement. Yannick la retient par le bras, la stabilisant.
— Ce n’est pas possible ! Tu ne tiens pas debout ou quoi ?! s’agace Phil.
Jenna lui adresse un regard mauvais et ouvre la bouche pour répondre mais Gwen la prend heureusement de vitesse :
— Bah tout le monde n’est pas un grand gaillard baraqué… Franchement, même moi, je ne suis pas à l’aise et je suis très loin d’être aussi mince que Jen.
À cet instant, Phil est à son tour violemment poussé et peine à garder sa position.
— C’est vrai que c’est chaud, reconnaît-il.
Sur ces mots, il se place derrière Jenna et l’enlace afin de la protéger des pressions de la foule.
— Merci, souffle Jenna, soulagée.
La distribution de harengs terminée, ils laissent prudemment le gros des personnes avinées évacuer la place puis retournent à la voiture. Trempée et frigorifiée, Jenna retrouve le confort et la chaleur du chauffage avec reconnaissance.
Après une douche rapide et revigorante, ils prennent un apéro au bar de l’hôtel puis se rendent au resto du coin. Même si le repas est excellent, la soirée se termine peu avant minuit. Gwen et Jen doivent reprendre la route aux aurores le lendemain tandis que Yann et Phil sont attendus à neuf heures en formation et dormiront donc un peu plus longtemps. L’inévitable câlin expédié, c’est l’extinction des feux.
***
Lorsque Jenna se penche pour dire au revoir à Phil, encore couché, celui-ci est complètement dans le gaz.
— Mmm… il est quelle heure ? proteste-t-il.
— Presque sept heures, le renseigne Jenna. Gwen et moi, on va y aller.
— Hein ? Vous avez déjà déjeuné ?
— Oui, on a pris un truc vite fait. J’y vais, sinon Gwen va être en retard au boulot et moi, je dois être au centre à onze heures. On se retrouve vendredi chez toi, bonne semaine.
— OK, répond Phil à son smack. Moi, je pense que je vais encore dormir une petite heure, on est à quinze minutes de la formation.
Bah tiens… grince Jenna en le voyant rabattre la couette sur sa tête. Après lui avoir lancé un « à vendredi », elle rejoint Gwen sur le parking.
— Putain, ce que ça pèle ! commente Gwen. Je suppose que Phil ne s’est pas non plus donné la peine de se lever.
—Comme tu vois…
— Pffff…. Enfin, le point positif c’est qu’on a une semaine de vacances ! se réjouit-elle tout en s’engageant sur l’autoroute. Tu vas faire quoi ?
— Je bosse aujourd’hui et demain. Sinon je vais sûrement faire une petite soirée entre potes, répond évasivement Jenna.
— La chance, glousse Gwen. Moi, ça va être plus calme, mais je t’avoue que je suis bien contente de me retrouver toute seule à la maison. J’aime beaucoup Yann toutefois, ça fait du bien de ne pas avoir à le supporter pendant une semaine. Quoi qu’en vrai, après ce week-end, je me dis que Phil est pire. Sérieux, c’est quoi son problème avec les horaires ? J’ai cru qu’il allait péter un câble parce qu’on ne respectait pas son programme…
— Phil aime que son plan se déroule sans accrocs, rit Jenna, citant Hannibal de L’agence tous risques.
— Oui on a vu… Bref, nous voilà célibataires pendant une semaine et c’est trop de la balle !
Sur de telles bases, elles passent un trajet animé et rient beaucoup. Gwen dépasse allègrement les limites de vitesse afin d’être à l’heure à son travail et dépose Jenna peu après neuf heures à la gare.
— Tu es sûre que ça va aller ? s’inquiète-t-elle.
— Mais oui, je vais prendre tranquillou un café au Buffet en attendant mon train. Allez, file tu es déjà en retard !
— Oups oui…j’ai trois minutes dans la vue. Bon bah tant pis ! Allez bisous Jen !
***
Une fois de retour dans sa ville de résidence, Jen n’a pas le temps de faire l’aller-retour jusqu’à son appartement et file travailler directement. Heureusement que Christine m’a mis mon rendez-vous à onze heures…
LSD pointe le bout de son nez vers midi :
— Jenna, c’est vous qui venez demain ?
Elle confirme et il lui lance :
— J’aurai besoin que vous soyez là à huit heures trente afin d’accueillir notre nouveau client.
Noooooooon, Jenna veut dodoter… gémit-elle intérieurement tout en confirmant sa disponibilité. Ce soir, dodo tôt… sinon, je ne serai pas en forme pour Kris et c’est hors de question !
***
Sa session au centre terminée, Jenna rentabilise son temps. En charge du cadeau groupé d’anniversaire de Kristian, elle consacre une heure au shopping avant d’opter pour un pull bleu ciel orné d’une ligne beige. Il sera trop canon là-dedans… fantasme-t-elle tout en payant. Et c’est l’autre qui va en profiter… Enfin, c’est la vie et elle est éternellement moche.
***
Lorsqu’elle ouvre la porte de son appartement, une bouffée de réel bonheur submerge Jenna. Maison, enfin ! Putain, ce que ça fait du bien d’être rentrée ! Ici, je suis chez moi, et chez moi, je fais ce que je veux, avec qui je veux !
Strange fact : en dépit de « l’incident » survenu deux ans plus tôt, Jenna ne cessera jamais d’aimer son appartement. Certes, il a été le théâtre du pire moment de sa vie mais aussi du plus beau.
Malgré Droopy, elle a de merveilleux souvenirs dans cet appart’. Une fois n’est pas coutume, ce sont ceux-là qu’elle choisit : ses retrouvailles avec Kristian, leur première nuit et toutes les autres ! Elle refuse de laisser Droopy lui ôter cela et de se laisser paralyser par son acte. Ici ou ailleurs, il aurait fini par dépasser les limites. Et au final, si ça devait arriver, mieux valait ici… sur mon terrain et dans un endroit que je connais par cœur… réalise Jenna en caressant son canapé-lit.
80 commentaires
Wizzette
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Il y a 5 mois
Jess Swann
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Il y a 5 mois
La Plume d'Ellen
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Il y a 5 mois
Jess Swann
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Il y a 5 mois