Fyctia
Routine et déprime P5
Le cœur de Jenna se serre à la mention de la Saint-Valentin. Bien sûr, sa journée est réservée à sa chère et tendre nunuche…
— Tout comme moi, rétorque-t-elle. Phil me rejoint chez moi et on va se faire un resto.
Kristian soupire :
— C’est pour ça que j’espérais qu’on puisse se voir demain ou jeudi, mais si tu ne peux pas…
— Disons que tu t’y prends un peu tard, déplore Jenna.
— Je sais bien la miss… c’est juste que ce n’était pas prévu que je ne bosse pas, j’ai eu un changement de planning et j’ai hyper envie de te voir. Enfin, c’est tout, tant pis…
— Si je n’avais pas dit à Phil que j’allais chez lui, je serais venue mais là je ne peux vraiment pas. Si je lui annonce que je me barre toute la journée à Paris alors que je viens de passer le week-end chez Marjo, il va péter un câble, explique Jenna.
— Oui, je comprends… et je ne veux pas que tu t’attires des problèmes à cause de moi. Sinon, normalement j’ai quelques jours la première semaine de mars, sauf si j’ai encore un changement de planning donc là je pourrai remonter, sauf si tu as déjà fait des plans avec Phil…
— Aucun risque ! Il sera en formation toute la semaine à Dunkerque cette semaine-là, se réjouit Jenna.
— C’est bon ça !
Ils échangent encore quelques banalités puis Kristian soupire :
— Je vais devoir te laisser la miss… ça sera chaud vendredi pour t’envoyer un message alors je te souhaite d’avance une bonne Sainte-Valentin.
Les papillons en fondent de plaisir même si le cœur de Jenna se serre. Pourquoi faut-il que ce soit si compliqué ? Si seulement on était libres d’être ensemble pour de vrai.
— Merci Kris, à toi aussi.
— On se rattrapera quand je viendrai, promet Kristian. Je t’embrasse la miss.
***
Jenna retrouve Phil comme convenu… toutefois, elle est distraite et ne cesse de penser à Kristian, y compris durant les moments les plus intimes, ce qui accentue encore sa culpabilité. Lorsqu’il part travailler le mercredi matin, il rappelle à Jenna qu’ils sont attendus chez ses parents le soir et ajoute :
— J’ai posé une RTT demain, comme ça on pourra passer toute la journée ensemble.
Fait chier…
— Euh… par contre j’ai mon train en fin d’après-midi, lui rappelle Jenna.
— Je croyais que tu ne travaillais pas avant vendredi après-midi.
— Oui mais j’ai des trucs à faire à mon appart, se justifie Jenna.
Phil soupire mais il doit aller travailler et n’a pas le temps d’argumenter.
***
Le repas chez les parents se passe bien même si Phil prend l’initiative de les inviter à dîner avec Guy et Clémentine le samedi soir.
— Pour une fois que Jen ne bosse pas, c’est l’occasion ! lance-t-il joyeusement.
Génial…
***
Phil dépose Jenna à la gare le lendemain en fin d’après-midi. Cependant, en dépit du devoir conjugal accompli pendant les derniers jours, il a des griefs :
— C’est quand même dingue que tu repartes déjà. Tu es incapable de passer plus de deux jours d’affilée avec moi, lui reproche-t-il.
Blessée, Jenna serre les dents, reconnaissant intérieurement qu’il n’a pas tort… une réalité encore aggravée par le fait qu’elle a passé tout son temps à penser à Kristian.
— Je te l’ai dit, j’ai des trucs à faire, répète-t-elle.
— Oui, c’est ça… Allez, à demain.
***
Jenna rentre chez elle plus déprimée que jamais… Elle a de plus en plus de mal à gérer sa double vie et sa culpabilité vis-à-vis de Phil va grandissant. Pourtant, elle est incapable de renoncer à Kristian. Elle l’a littéralement dans la peau, elle pense à lui nuit et jour… Elle en crève de ne pouvoir être pleinement avec lui… Ses réflexions sont interrompues par la visite de Diana.
— Pffff, je suis dégoûtée, lâche Diana.
— Ah ? Qu’est-ce qui se passe ? lui demande Jenna, retenant de justesse un « encore ».
— Bah ça ne s’est pas super bien passé au téléphone avec Pascal. Il devait venir demain en début d’après-midi pour la Saint-Valentin mais il a soi-disant un contretemps et il ne sera pas là avant le début de soirée, ça me fait chier.
— L’important c’est qu’il soit là, rappelle Jenna d’un ton morne, songeant à Kristian qui sera avec l’autre tandis qu’elle devra se coltiner Phil.
— Eh bien… c’est encore la fête, lui fait remarquer Diana. Tu vas me dire ce qui ne va pas à la fin ?!
— Il n’y a rien, ment Jenna. Tout va super, je suis simplement fatiguée.
— Pffff, merci pour le vote de confiance…
Sérieux, elle va me lâcher un jour ? Qu’est-ce qu’elle ne comprend pas dans « je ne veux pas en parler » ?
— Sinon, vous allez faire quoi ce week-end avec Pascal ? l’interroge Jenna afin de détourner le sujet.
La diversion fonctionne même si Diana ne cache pas qu’elle est vexée de l’entêtement de Jenna à ne pas partager avec elle ce qu’elle a sur le cœur. De fait, la conversation tombe à plat et Diana rentre chez elle vers vingt et une heures. Après son départ, Jenna s’épanche longuement dans son journal intime. Là, elle relativise sa double vie :
Et puis zut après tout… … tout le monde a le droit d’avoir un petit jardin secret. Le mien, c’est Kristian et il est rempli de papillons multicolores… De toute façon, on ne souffre pas de ce qu’on ignore et Phil ne se doute de rien.
Enfin apaisée, Jenna lit quelques heures avant de se coucher.
***
Le jour de la Saint-Valentin, Jenna envoie un texto à Phil dès son réveil.
Voilà… un gentil message de la part d’une gentille petite femme. Et c’est beaucoup plus facile à dire quand on ne le pense pas, songe cyniquement Jenna.
Lorsque Phil la rejoint le soir, il arbore trois roses. Deux rouges et une blanche parce que les roses blanches sont les favorites de Jenna. Après l’avoir remercié, elle leur sert l’apéro et ils échangent leurs cadeaux. Jenna offre un pull bleu ciel à Phil et reçoit deux livres. L’un rempli de citations sur l’amour et intitulé « À la femme que j’aime », Phil a même poussé le sens du détail jusqu’à ajouter un petit mot de son cru :
Offert à ma petite chatte, de la part de ton gros matou. Je t’aime.
Le cœur de Jenna se serre de culpabilité. Pauvre Phil… il ne mérite pas ça. Mais qu’est-ce que j’y peux si je ne l’aime pas autant qu’il le voudrait ? Les sentiments, ça ne se contrôle pas… Je vais essayer d’être plus gentille avec lui, se promet-elle pour la millionième fois. Pourtant, elle n’envisage pas une seule seconde de rompre avec Kristian. Elle en est incapable. Kristian est la lumière de sa vie et plus le temps et les amitiés passent, plus il en devient l’unique.
— Alors, ça te plaît ? s’inquiète Phil devant son silence.
— Oui, merci beaucoup, sourit Jenna, revenant au présent.
— Ouvre le deuxième…
C’est encore un livre… Jenna étant dans sa période romance historique, Phil lui a acheté le dernier roman de Juliette Benzoni.
Après cela, Phil l’emmène au restaurant. Au menu, une très glamour fondue savoyarde copieusement arrosée de vin blanc sec. De retour chez Jenna, qui a mis sa nouvelle guêpière pour l’occasion, ils font l’amour afin de terminer la journée en beauté.
62 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a 5 mois
Jess Swann
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Il y a 5 mois