Fyctia

En dépit de ce léger couac, ils continuent le jeu... Diana se tourne vers Chouchou :

— Tiens, j’ai une question pour toi : pourquoi tu as voulu coucher avec Jen alors que tu es amoureux de Marjo ?

— Non, moi je veux dire, ça fait longtemps que j’ai oublié Marjo ! professe Chouchou. Si je voulais coucher avec Jen, c’est parce qu’elle a un beau corps.

— Merci… enfin, je crois, persifle Jenna. Je me sens comme un bout de viande là.

— Moi, je veux dire, c’est comme ça que je me suis senti quand tu m’as dit que tu as couché avec moi juste pour rendre Kristian jaloux, voilà quoi !

— Désolée d’être franche, la prochaine fois je mentirai.

— Euh… question suivante ? intervient Diana.

— Et pour ce qui s’est passé entre Tom et toi ? Lui aussi tu l’as utilisé pour faire réagir Kristian ? rebondit Chouchou.

— Je ne sais pas, tu veux la vraie vérité ou un pieu mensonge ? rétorque Jenna.

— Moi, je veux dire, la vérité !

— OK. Donc la réponse est non. Si je suis allée chez Tom c’est parce que j’ai toujours eu un faible pour lui et que j’en avais envie. Pour reprendre ta toute première question, s’il n’y avait pas eu Kris, j’aurais pu avoir une liaison avec Tom.

La mine de Chouchou s’allonge encore plus.

— Tu voulais la vérité, tu l’as eue, le tance Jenna.

— Sinon, quelqu’un veut reprendre un verre ? tente Diana. Perso, j’ai un peu soif…

Chouchou la sert sans un mot avant de remplir son propre verre.

— Et moi, je pue ? grince Jenna en le voyant reposer la bouteille sur la table basse.

— Moi, je veux dire, tu n’as qu’à demander à Kristian de te servir, voilà quoi ! Ah non, c’est vrai, il est chez lui avec sa copine… Comme Thomas au passage.

Jenna serre les dents et s’empare de la bouteille.

— Je crois qu’on ferait mieux d’arrêter de jouer, souffle Diana.

— Moi, je veux dire non ! Question pour toi : pourquoi tu m’as chauffé la dernière fois que je suis venu ?

Agacée, Diana répond :

— Parce que j’étais en colère après Pascal et que j’avais envie de m’amuser un peu. Du reste, il ne me semble pas t’avoir entendu protester ! Si ça te déplaisait tant que ça, pourquoi tu as essayé de coucher avec moi quand on est rentrés ?

— Parce que tu as un beau corps et que je voulais tirer un coup.

— Ta galanterie est sans limite ce soir, remarque Jenna avec acidité tandis que Diana adresse un regard mauvais à Chouchou.

— Non mais laisse tomber, Jen, lâche Diana. Je m’en fous. De toute manière on sait tous qu’il est obsédé par Marjo.

— Pas du tout ! proteste l’intéressé. Si j’aime bien Marjo, c’est parce qu’elle a un beau corps.

— Sérieux, à part leur corps il y a autre chose qui t’intéresse chez les femmes ?! s’outre Diana.

— C’est sûr que ce n’est pas en réfléchissant comme ça que tu vas trouver ta perle rare, rebondit Jenna.

Chouchou ricane :

— Parce que vous ne regardez pas le physique peut-être ? Moi, je veux dire, le fait que Kristian soit un beau gosse n’a rien à voir avec le fait qu’il t’attire, Jen ?

— Bien sûr que si. Mais il n’y pas que ça qui me plaît chez lui. Il est gentil, pas con du tout et au moins il ne se centre pas uniquement sur le physique des gens contrairement à certains !

— Allez, stop, décide Diana. On change de sujet avant que la soirée parte définitivement en sucette.

— Moi, je veux dire, je n’ai rien contre ! lance Chouchou. Par contre, je n’ai pas acheté de pommes.

Sa blague rituelle détend un peu l’atmosphère même si l’ambiance reste tendue. Vers trois heures du matin, Chouchou jette l’éponge.

— Moi, je veux dire, je suis claqué, voilà quoi.

— OK, répond Jenna. Je vais aller t’installer ton lit et prendre mes affaires pour la nuit.

— Hein ?! Moi, je veux dire, je pensais qu’on allait dormir ensemble, voilà quoi !

— Et bien, tu as mal pensé, lui renvoie Jenna. Je te laisse l’appart et je dors chez Di, comme ça il n’y a pas d’ambiguïté.

La mine de Chouchou s’allonge encore plus.

— Moi, je veux dire, c’est ridicule ! Je ne vais pas dormir tout seul alors que j’ai deux gorettes sous la main.

— Eh bien si ! Désolée Chouchou, j’ai bien compris que tu venais nous voir dans l’espoir de tirer un coup comme tu le dis si joliment mais ce sera sans moi. Je suis gentille mais j’ai mes limites, ironise Jenna. Maintenant, si Diana est d’humeur serviable, il suffit de me le dire et je vous laisse.

— Non, sans façon, assure immédiatement Diana.

— Moi, je veux dire quand je pense que j’ai milleuhhhhh kilomètres et bravé la neige pour venir vous voir…

— Personne ne t’a mis un couteau sous la gorge pour que tu viennes, le coupe Jenna. Bon je vais préparer ton lit.

***

Lorsque Jenna retourne chez Diana dix minutes plus tard, l’ambiance est encore plus tendue que lorsqu’elle est partie.

— En vrai, Chouchou tu me gaves ! explose Diana au moment où Jen rentre.

Chouchou, furieux, se tourne vers Jenna.

— Mon lit est prêt ?

— Oui, je t’ai mis une couverture supplémentaire au cas où.

— Super. Bonne nuit, leur souhaite Chouchou du bout des lèvres avant de claquer la porte derrière lui.

— Putain, ce qu’il est lourd ! s’énerve Diana. Plus il devient vieux, plus il devient con celui-là !

— Là, j’avoue qu’il nous a fait du grand Chouchou… approuve Jenna toute aussi furieuse.

Loin d’être fatiguées, les deux copines poursuivent la soirée et trinquent allègrement tout en déboisant sur le dos de Chouchou pendant les deux heures suivantes avant de se coucher.

***

La nuit de sommeil a apaisé les esprits des convives de la veille. Laissant Diana prendre sa douche et désireuse de se faire pardonner, Jenna rentre chez elle afin de préparer le petit-déjeuner. Lorsqu’elle pénètre dans l’appartement, celui-ci est désert.

— Chouchou ? s’inquiète Jenna.

Putain, ce con ne s’est quand même pas barré sans dire au revoir !?

— Moi, je veux dire je suis la douche, voilà quoi ! crie Chouchou. Je te proposerai bien de me rejoindre mais je connais déjà ta réponse.

Aïe, il m’en veut… songe Jenna le cœur serré tout en mettant le café en route et en disposant brioche, confiture et jus de fruits sur la table. Elle termine de ranger le matelas lorsque Chouchou sort de la salle de bain, une serviette autour des reins.

— Salut… lance-t-elle platement, dans ses petits souliers.

— Salut…