Fyctia
Le retour du papillon P3
Après quelques secondes de blanc, Diana déclare :
— J’aime bien Elsa, elle est gentille, mais pas une seule fois elle ne se pose la question de savoir où Éric et elle vont dormir ! J’imagine qu’elle se dit que tu ne vas pas les héberger attendu que Kris vient, donc elle pense que ça va être pour ma pomme. J’adore… parce que pour le coup si Pascal vient, ils devront se démerder avec toi.
— Pardon ?! Ne me dis pas que tu comptes inviter Pascal ?! s’énerve Jenna. Sérieux Diana, je comprends que tu sois amoureuse et que tu veuilles être avec lui mais c’est vraiment obligé que tu lui demandes de venir à chaque fois que je peux passer un peu de temps avec Kris ? Genre, ce n’est pas comme si je le voyais toutes les semaines !
— Oui mais s’il veut venir ce soir-là, je me vois mal lui dire de ne pas le faire.
— Pourtant, ça ne t’a posé aucun problème pour ta soirée CAPES, riposte Jenna. Tu ne voulais pas l’imposer à Hester et compagnie, donc tu l’as botté en touche. J’apprécierai que tu aies la même considération pour moi surtout sachant ce que je risque s’il capte un truc entre Kris et moi !
Diana garde le silence durant quelques secondes, puis :
— Je suis désolée, je n’y avais pas pensé. Maintenant que tu le dis, je vais éviter. Je suis un peu perturbée en fait…
— À cause de ce qu’Elsa t’a dit au sujet de Matthieu ?
Le visage de Diana s’affaisse :
— Disons que, même si je suis bien avec Pascal, c’est un peu dur à avaler.
— Je comprends, compatit réellement Jenna. Je ne sais même pas dans quel état je serais si j’apprenais que Kris allait se marier avec l’autre. Donc si tu veux en parler…
— En vrai, j’ai envie d’être un peu seule pour digérer… Tu ne m’en veux pas si je rentre ?
— Non, c’est toi qui vois, répond Jenna intérieurement soulagée. Mais si tu as besoin d’en parler, je suis là.
Diana soupire et Jenna ajoute, sincère :
— Je t’ai assez saoulée avec Kris donc si tu as besoin de t’épancher, n’hésite pas. Je suis bien placée pour savoir à quel point c’est dur de savoir celui qu’on aime avec une autre.
— Même si ça me fait mal, c’est du passé, assure Diana. Je te jure, ça va, j’ai juste besoin de me retrouver avec moi-même.
— OK, c’est comme tu le sens.
Diana part dix minutes plus tard et Jenna ne tarde pas à se glisser dans son lit.
***
Lorsque Jenna passe dire bonjour à Diana le lendemain matin, sa voisine affiche une mine de papier mâché et un air maussade. Oh punaise… je sens qu’on va passer une bonne journée…
— Ça va ? l’interroge Jenna.
— Bof… j’ai hyper mal dormi.
— Matthieu… soupire Jenna.
— Ouais, même si c’est fini depuis longtemps entre nous, la pilule a du mal à passer, reconnaît Diana. En plus, Pascal ne m’a toujours pas appelée et ça me déprime.
— Il va le faire… Tu connais Pascal, il est lent à la détente…
En dépit des paroles rassurantes de Jenna, Diana reste morose et elles tuent le temps en regardant la télé. Lorsque Jenna part travailler vers seize heures, Pascal n’a toujours pas téléphoné et elle lui adresse mentalement des imprécations.
***
Ses deux heures de travail faites, Jenna ferme le centre et s’emmitoufle dans son long manteau de laine noir. Le froid est mordant en ce début décembre et Jenna enfonce son béret bleu ciel sur son crâne. Grimaçant, elle s’apprête à ouvrir la porte du hall de l’immeuble lorsque son portable sonne.
— Raaaa ! peste-t-elle en le cherchant dans son sac. Si c’est encore Chouchou, je ne réponds pas.
Ce n’est pas Chouchou et lorsqu’elle lit le prénom de son correspondant, Jenna s’empresse de décrocher.
— Coucou Jenna ! Alors quoi de neuf ?
— C’est plutôt à moi de te demander ça ! Je commençais à croire que tu étais mort !
Thomas s’esclaffe et explique :
— Je me suis cassé le pied et j’ai été coincé chez mes parents pendant presque deux mois. C’est pour ça que je ne t’ai pas rappelée.
— Tu aurais quand même pu m’envoyer un texto, lui reproche Jenna.
— Hem… sans doute. Dis voir, je ne suis pas loin de la fac de sciences là, si tu es en ville, je peux passer chez toi un peu plus tard ?
Jenna sourit irrépressiblement et accepte de bon cœur.
— Je serai chez toi pour neuf heures, je ramènerai des munitions.
— OK, je serai sans doute avec Diana, précise Jenna. Tu veux qu’on t’attende pour manger ?
— Non t’inquiète, je dîne avec un copain de promo, c’est pour ça que je ne peux pas venir avant.
***
De retour chez elle, Jenna est rejointe par Diana qui a retrouvé le sourire.
— Pascal m’a téléphoné pendant que tu étais au taf, il vient me voir samedi !
— Ah ? Tiens comme Phil…
— Oui, il m’a dit qu’ils viendraient ensemble et qu’ils seraient là pour seize heures.
— Ah bah dans ce cas, tu devras te taper Phil, je ne quitte pas avant dix-huit heures.
— Ça ne me dérange pas, j’aime bien Phil.
— Tu es bien la seule, ironise Jenna tout en préparant le repas. Sinon, devine qui passe chez moi ce soir ?
— Euh… je ne sais pas… Gus ? Elsa ? Julien ?
— Non… Tom !
Le sourire de Diana s’élargit et elle se frotte les mains.
— Ouh… voilà une nouvelle qu’elle est bonne ! Je suis trop contente de le revoir ! Du moins… si je suis invitée aussi, s’inquiète-t-elle. Tom et toi, vous avez peut-être prévu de vous retrouver tous les deux. Si c’est le cas, dis-le-moi franchement, je comprendrai… même si je t’avoue que ça me ferait super plaisir de le voir.
Jenna lève les yeux au ciel :
— N’importe quoi ! Tu as vraiment trop d’imagination. Pourquoi j’aurais envie d’être toute seule avec Tom ?
— Euh… parce que tu as toujours eu un petit faible pour lui ? s’amuse Diana. Je suis sûre que s’il n’y avait pas Kristian, tu n’affirmerais pas la même chose…
Jenna grimace légèrement.
— Je t’accorde qu’il m’a toujours fait un peu craquer mais comme tu le dis, il y a Kristian et je ne prendrai pas le risque de le perdre pour une aventure sans lendemain avec Tom. Au passage, vu ta réaction quand je t’ai dit qu’il venait, on dirait que je ne suis pas la seule à avoir un coup de cœur…
Diana rougit et se cache le visage derrière ses cheveux.
— La question ne se pose pas : je suis avec Pascal…
— Mais oui… s’esclaffe Jenna tout en les servant en pâtes. On lui dira !
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