Fyctia

Chouchou presse Kristian :

— On décolle ! Moi, je veux dire ma mère m’attend !

Mais qu’elle aille se faire foutre et toi avec, s’agace Jenna. Si elle compte à ce point, tu n’avais qu’à rester avec elle au lieu de venir !

Kristian fixe Jenna et saisit sa main.

— On s’appelle… Merci pour tout, j’ai passé un super moment.

— Pas de quoi, se braque Jenna. Ravie de t’avoir fait plaisir.

— Ce qu’on vit est plus que sexuel, il n’y a pas que ça entre nous pour moi, même si tu crois le contraire…souffle Kristian à son oreille.

Leurs yeux se nouent. La bouche de Kristian effleure la joue de Jenna avant de dévier vers ses lèvres entrouvertes.

— Bon ! On y va, voilà quoi ! s’énerve Chouchou.

Partageant un soupir, Jenna et Kristian échangent un regard malheureux.

— Il faut que j’y aille, énonce platement Kristian.

— Je sais…

Kristian l’embrasse brièvement et la relâche, rejoignant Chouchou.

— « Kri Kri taxi… c’est parti ! Des clients gratuits, c’est ma vie… » chantonne-t-il en ouvrant la porte.

En dépit de la pierre qu’elle a à la place du cœur, Jenna pouffe tandis que Diana éclate de rire.

— Oh non Kristian… tu ne vas pas t’y mettre !

Kristian se retourne, sourire aux lèvres et adresse un clin d’œil à Jenna.

— On s’appelle, répète-t-il avant de refermer la porte derrière eux.

Mue par l’habitude et un goût certain pour l’auto flagellation, Jenna se positionne à sa fenêtre et soulève le voilage. Son cœur loupe un battement tandis que Kristian lève le visage vers elle.

— Je t’aime… articule-t-elle en silence.

— Putain ça me prend la tête ! rage Diana après avoir consulté sa messagerie.

Le cœur lourd Jenna regarde la voiture de Kristian disparaitre à l’horizon. Ensuite, elle se tourne vers Diana et lui demande ce qui lui arrive, ravalant un « encore ».

Le problème de Diana tient en un prénom : Pascal ! Contrairement à ce qu’elle escomptait, il ne lui a pas téléphoné depuis sa défection de la veille et elle est dans tous ses états.

— Il n’est que quatorze heures, relève Jenna. S’il est malade, il est peut-être encore au lit. Pourquoi tu ne l’appelles pas pour prendre de ses nouvelles ?

— Sûrement pas. Après la manière dont il m’a plantée hier soir, il peut aller se faire mettre et bien profond ! rétorque Diana.

— Eh bien ça a le mérite d’être clair… et si gracieusement dit.

— Ouais bah, je commence à en avoir marre de tous ces connards de mecs, professe Diana. Je te jure, cette nuit j’ai cru que j’allais baffer Chouchou avec ses « amitié amicale, voilà quoi ! ». À un moment, il a même essayé de venir dans mon lit.

— Ouch…

— Non mais je reconnais qu’il est resté correct, admet Diana. C’est juste qu’il est insistant dans ses mots. Enfin, au bout d’un moment, il s’est fait une raison. Je t‘avoue qu’il était temps parce que…

— Parce que ? rebondit Jenna.

Se cachant derrière ses cheveux, Diana lâche :

— Disons qu’après la désinvolture avec laquelle Pascal m’a traitée hier, l’obstination de Chouchou était hyper flatteuse et j’ai failli me laisser tenter.

Médusée, Jenna la fixe, bouche ouverte :

— Alors là, je suis sur le cul ! Je croyais que tu ne pouvais pas le blairer !

— Raaa c’est parce qu’il m’énerve quand il parle, pour le reste c’est vrai qu’il est bien gaulé…

— C’est sûr que tant qu’il n’ouvre pas la bouche, ça va, s’esclaffe Jenna.

— Voilà quoi ! Et en plus lui, il ne perd pas ses cheveux, persifle Diana visiblement très remontée contre Pascal. Bref, j’arrête de parler de lui sinon ça va m’énerver… Je vous ai trouvé très proches avec Kristian et lui hyper attentionné.

— On a passé une bonne nuit, explique Jenna.

— En tout cas, il était de super humeur ce matin, s’amuse Diana. Il m’a parlé de toi pendant que tu étais sous la douche.

— Qu’est-ce qu’il a dit ? s’empresse de demander Jenna.

Le téléphone de Diana sonne à cet instant.

— Je te raconte après… déclare-t-elle avant de décrocher.

Raaaa, s’agace Jenna en comprenant que c’est Pascal. Il choisit bien son moment celui-là !

— C’était tranquille, répond Diana à cet instant. On est allé en boîte et on s’est couché tard, sinon une soirée classique entre amis.

Des amis très amicaux, ricane Jenna au souvenir du petit interlude entre Diana et Chouchou durant le caps.

— Oui, si tu veux, déclare Diana d’un ton neutre.

Tandis que la conversation se poursuit, Jenna s’allume une cigarette et file refaire du café. Finalement, Diana repose son portable avec un soupir de soulagement.

— C’était Pascal, il arrive d’ici une grosse heure.

— Tu vois que tu t’inquiétais pour rien !

— Mouais, j’achète moyen sa guérison miraculeuse, mais bon, on verra… Sinon qu’est-ce qu’on disait ?

— Que Kris t’a parlé de moi, s’impatiente Jenna.

— Ah oui ! Alors, il m’a dit que Greg, Chouchou et Tom l’envient pour la relation qu’il a avec toi. Il m’a fait rire parce qu’il avait l’air super fier de lui, s’amuse Diana. Après il a ajouté qu’un des trucs qu’il aime chez toi c’est que tu assumes tes désirs et tes actes, contrairement à beaucoup de filles qu’il connaît. Et que tu ne te trouves pas de fausses excuses pour les justifier.

Jenna tique à cette déclaration.

— Je ne suis pas sûre que ce soit un compliment, remarque-t-elle. Et encore une fois, on est sur le registre du sexe.

— Ah ça c’est certain que si tu assumais autant tes sentiments que tes actes, ce serait plus clair entre vous. Parce que là, j’ai vraiment l’impression qu’il pense qu’il est ton plan cul, plussoie Diana.

Jenna soupire tristement :

— C’est plutôt moi qui suis le sien…

— Je n’en suis pas si sûre. Ça se voit qu’il est attaché à toi.

— Tu parles… comme je l’ai dit hier à Adé, Kris sait faire semblant pour avoir ce qu’il veut.

— Peut-être, mais perso j’ai trouvé qu’il avait l’air sincère et c’est clair qu’il n’avait d’yeux que pour toi.

— Ouais, en attendant, il est toujours avec Kimberly.

— Euh… tout comme toi tu es avec Phil, observe Diana.

— Ça n’a rien à voir, moi, je ne vis pas avec lui. Au passage, ça me fait penser qu’il vient ce soir, soupire Jenna. Fait chier, je n’ai aucune envie de le voir. En plus, j’ai des courbatures partout.

— Ah bah c’est ça de faire des folies de ton corps avec Kristian, rit Diana.

— Ah ah ah… super drôle. Enfin, l’avantage avec Phil c’est que ça ne risque pas d’arriver, ironise Jenna.

Les deux copines bavardent jusqu’à l’arrivée de Pascal. Après l’avoir salué, Jenna s’éclipse pour aller travailler.