Fyctia

La soirée chez Vanessa se déroule bien. Jenna a relativisé et sa colère vis-à-vis de Diana n’est plus aussi vive. Même si, dans la même situation, elle aurait fait un autre choix, elle comprend… Diana est amoureuse et donne la priorité à son cher Pascal. Elles évitent le sujet au maximum et babillent avec Vanessa dont la présence est bienvenue au vu des tensions rampantes entre elles.

Une fois rentrées — à vingt deux heures— Diana et Jenna jugent tacitement préférable de ne pas prolonger la soirée…

***

Le lendemain, Jenna commence son tour d’appels téléphoniques par Phil. Comme elle le dit souvent : une corvée effectuée n’est plus à faire aussi le contacte-t-elle en fin de matinée.

— Qu’est-ce qui se passe ? s’étonne-t-il en décrochant.

— Salut, je t’appelais pour te dire que j’ai eu mes horaires de boulot et je ne bosse pas ce week-end finalement.

— Ah ! Super ! Tu pourras venir avec moi à l’anniversaire de Gwen, se réjouit Phil.

— Oui, mais du coup… je dois travailler celui d’après, annonce Jenna d’une petite voix. Donc je ne serai pas là pour ta crémaillère.

Phil garde le silence quelques secondes puis :

— Le souci c’est que c’est le seul week-end où Ben peut venir donc je ne me vois pas décaler…

OK, on voit ses priorités… pfff. Bah, ce n’est pas grave, au final, je m’en tape ! En plus, l’avantage c’est que comme ça je n’aurai pas le ménage post chouille à me taper, ni les préparatifs.

— Non mais pas de problème, je comprends tout à fait, d’autant que c’est prévu de longue date. C’est juste que ça me fait chier de ne pas être là pour ta crémaillère.

Phil hésite :

— C’est le seul week-end où tout le monde est libre … alors je n’ai pas envie de changer la date.

Tout le monde qui compte til veut dire, encore une fois je constate à quel point ma présence est importante pour lui.

—Je ne te le demande pas, après tout c’est ton appartement, souligne Jenna.

— OK donc je ne change rien.

— Comme tu le sens. Sinon, tu viens toujours vendredi soir ? Ou tu préfères que je te rejoigne chez toi comme je ne bosse plus ?

— Non, je vais venir j’ai des courses à faire pour l’appart.

Fais donc, songe Jenna tandis que Phil lui expose ses projets d’aménagement.

Sa conversation avec Phil terminée, Jenna déjeune sur le pouce. Vers treize heures, Dahu l’appelle :

— Bonjour Jenna, je voulais juste vous prévenir que je viens de décaler le rendez-vous de demain matin de Lucas. Il viendra à seize heures.

Jenna se décompose. En effet, afin d’être totalement libre pour la visite de Kristian et attendu que Lucas a été exclu temporairement de son collège à cause de son comportement — raison pour laquelle il vient au centre, entre autres— elle a demandé aux parents si exceptionnellement, ils pouvaient venir à huit heures. Vu la souplesse dont elle a fait preuve le week-end précédent, ils ont convenu que sa grand-mère assurerait le déplacement pour que Jenna ait le reste de sa journée de libre.

— Euh… le truc c’est que j’ai quelque chose de prévu l’après-midi, tente-t-elle.

— Oui, mais j’ai un client pour les langues qui vient à cette heure-là et je dois partir à dix-sept heures donc j’ai besoin que vous soyez là pour lui mettre ses cassettes d’anglais, raison pour laquelle j’ai regroupé les rendez-vous.

Putain, quel connard ! Il aurait pu me demander avant ! peste Jenna.

— Si vous ne pouvez vraiment pas vous libérer, je vois avec Christine, elle est encore là, ajoute Dahu.

Consciente qu’elle vient juste d’arriver et qu’il serait mal vu de refuser, Jenna se résigne.

— Non, je vais m’arranger.

— Très bien, à demain. Bonne journée.

— Oui merci, vous aussi…

Après avoir reposé son téléphone sur la table d’un geste rageur, Jenna entreprend de recopier proprement les premiers cours de son DU. Elle en est à la moitié lorsqu’elle décide de faire une pause : elle n’arrête pas de penser à Kristian et n’est pas du tout concentrée. Je vais l’appeler, décide-t-elle. Alors qu’elle compose son numéro, elle reçoit un texto.

• Salut la miss ! Comment elle va ? Tu as un peu de temps pour discuter ou tu es au boulot ?

Souriante, Jenna appuie sur la touche d’appel. Kristian décroche immédiatement.

— Salut la miss ! Tu as été rapide, observe-t-il.

— Normal, j’étais en train de te téléphoner. Les grands esprits se rencontrent, plaisante Jenna. Alors quoi de neuf ?

— Oh bah, ceci, cela… la vie. Et toi ?

— Tout pareil. Tu viens toujours demain ?

— Oui, confirme Kristian. J’ai trop hâte d’y être, surtout que j’ai bien ramé pour pouvoir venir. Aucun de mes potes ne pouvait prendre mon astreinte alors j’ai dû appeler le siège et prétexter un problème personnel pour qu’ils me libèrent. Là, j’ai bossé ce matin et je vais faire une sieste après pour être en forme pour demain.

Dans le ventre de Jenna, les papillons bondissent de joie devant le mal qu’il s’est donné pour venir.

— Et toi, la miss tu es prête ? Tu as fait ta petite valise ?

Le sourire béat de Jenna s’efface.

— Oui, mais il y a un imprévu…

— Hein ? Ne me dis pas que c’est annulé ? redoute Kristian.

— Non, assure Jenna. Le souci c’est que Diana a invité son copain à la soirée.

— Ah, elle a un mec ? Bah tant mieux pour elle. C’est quoi le problème ?

—Le problème c’est que Pascal est un super pote de Phil donc il va falloir faire attention à ce qu’on dit… Et pour couronner le tout, vu qu’il dort chez elle, elle ne peut plus loger Chouchou. Je suis désolée, elle me l’a annoncé hier, se justifie Jenna.

— Putain, j’aime bien Diana mais là elle fait chier, grince Kristian. Bon c’est tout, j’irai dormir ailleurs s’il faut. Je n’ai pas envie que tu aies des problèmes avec Phil à cause de moi.

— Ce n’est pas la peine, vu que je vais devoir héberger Chouchou, ça ne risque rien comme on sera trois. Le revers de la médaille, c’est qu’on va être obligés de se le taper pour la nuit…

— Pfff, soupire Kristian. C’est nul.

— Je le sais bien, déplore Jenna. J’ai essayé de faire comprendre à Diana qu’elle nous gâchait la soirée mais elle n’en démord pas. Je te jure, je suis dégoûtée, d’autant que tu connais Chouchou… je doute qu’il nous foute la paix.

Kristian soupire de nouveau et reprend :

— Dans ce cas, je vais prendre une chambre d’hôtel et je t’embarque avec moi. Comme ça, on sera sûrs d’être tranquilles tous les deux. On filera en douce quand Diana et son mec seront rentrés chez elle.