Fyctia
Une bonne action P2
— Qu’est-ce qui se passe ? interroge Jenna en réprimant un soupir. Selon Pascal, vous avez passé une super soirée mercredi.
— Oh bah sans doute que lui oui, mais ce n’est pas mon cas, grince Diana. Il m’a pris la tête à cause du fait que je prépare le CAPES. Si j’en crois « monsieur je sais tout », la meilleure chose à faire serait de me trouver un poste de vacataire dans un collège et de passer le concours interne dans quelques années.
— Mais toi, ce n’est pas ce que tu veux, résume Jenna.
— Non. Comme je le lui ai expliqué, je veux avoir le concours pour pouvoir choisir l’établissement où j’enseignerai et ne pas passer d’un collège pourri à un autre. Par ailleurs, une fois que j’aurais le CAPES, j’aimerais tenter l’agrégation. Il va sans dire qu’il trouve ça débile… Donc, il me gonfle avec ses préjugés sur tout. Sérieux, ça ne fait même pas quinze jours qu’on s’est remis ensemble et il recommence déjà à me dire ce que je dois faire ! s’énerve Diana. Je ne suis même pas sûre d’avoir envie de le voir demain. Franchement si c’est pour l’entendre pavoiser toute la soirée sur son taff et l’écouter débiner ses collègues expérimentés qui selon lui « font tous de la merde » alors qu’il débute, genre à l’entendre il est l’assistant social de l’année… je crois que je préfère encore me pendre !
— Euh… tente Jenna.
Lancée dans ses revendications, Diana ne lui laisse pas le temps d’argumenter. Sa respiration reprise, elle poursuit :
— Si au moins, il valait le coup au pieu mais laisse-moi te dire qu’il ne s’est pas amélioré depuis la dernière fois ! Toujours les mêmes préliminaires interminables à tel point que, quand il se décide enfin, je suis gavée et que je n’ai plus du tout envie. Je sais bien que « plus c’est long, plus c’est bon » mais quand c’est trop long, c’est trop long ! Je te jure, je suis à deux doigts de tout arrêter avec lui.
— Ouch… et tu lui as dit tout cela ?
— Non, reconnaît Diana. Je t’avoue qu’il m’a tellement gonflée mercredi que je n’avais qu’une hâte : qu’il se casse ! Je me disais qu’on pourrait en discuter demain mais vu qu’apparemment on passe la soirée avec Phil et toi…
— Désolée, s’excuse Jenna, mal à l’aise.
— Non mais c’est tout… je verrai bien.
Elles parlent encore un long moment de Pascal tout en s’offrant un verre en attendant Marjo. Vers vingt et une heure trente, Jenna s’agace et tente de lui téléphoner :
— Raaa mais qu’est-ce qu’elle touille ?! En plus, je tombe direct sur sa messagerie.
— Son train a peut-être eu une panne et elle est coincée sur les voies dans une zone où ça ne capte pas, hypothétise Diana.
— Oui, sûrement.
Marjo donne de ses nouvelles vers dix heures du soir.
— J’ai un mauvais pressentiment… lâche Jenna avant de répondre.
— Je suis vraiment désoléeeeeeeeeeeeeeee, déclare Marjo. J’ai voulu faire une petite sieste avant de venir pour être en forme pour la soirée mais en fait je viens juste de me réveiller et j’ai loupé le train.
Et c’est reparti ! Sérieux, là j’en ai ras la couenne !
— Bah voyons, s’énerve Jenna. Tu n’avais pas mis de réveil ? Sérieux, tu nous prends vraiment pour des connes. Dis plutôt que tu n’avais plus envie de venir, ce sera plus franc !
— Ce n’est pas la peine de le prendre comme ça ! Je n’y peux rien si je ne me suis pas réveillée !
— Mais oui… c’est comme la fois où tu avais un Power Point à faire ou quand tu as oublié ton portable ou je ne sais quelle excuse pourrie dont tu nous abreuves depuis des années ! Je suis presque surprise que tu ne nous aies jamais fait le coup du train qui n’est pas passé, ricane Jenna. Arrête un peu de te foutre de nos gueules, j’arrive à saturation !
— La vache… ça, c’est dit, souffle Diana, surprise par la réaction de Jenna.
Marjo s’énerve également.
— C’est bon ça va ! Ne pas se réveiller, ça peut arriver à tout le monde.
— Certes, riposte Jenna. Mais vu que tous les imprévus sont toujours de ton fait, ça commence à sérieusement me gonfler. Donc bah écoute, va te recoucher vu que tu manques de sommeil et appelle-moi à l’occasion. Salut !
Sur ces mots, Jenna raccroche au nez de Marjo. Médusée, Diana la fixe :
— Putain, je ne t’ai jamais vue comme ça.
— Non mais là c’est le pompon qui fait déborder le vase du poisson, comme dirait Marjo ! grince Jenna. J’en ai marre de ses excuses à la con. J’ai essayé plusieurs fois de lui faire comprendre gentiment mais visiblement elle n’imprime pas. Donc, je te tente la manière forte.
— En tout cas, c’était violent… commente Diana.
— Oui bah elle m’a vraiment mise en colère, reconnaît Jenna.
Les deux amies bavardent encore une petite heure puis Jenna rentre chez elle se coucher attendu qu’elle travaille tôt le lendemain.
***
Ayant passé une mauvaise nuit en raison de son altercation avec Marjo, Jenna est d’une humeur de chien le lendemain matin et sa patience s’en retrouve réduite d’autant. Lorsque le gamin dont elle a la charge enlève à nouveau son casque au prétexte d’aller chercher un jeu de société, elle le reprend avec sécheresse :
— Kevin ! Pour la dixième fois, garde ton casque sur ta tête !
— Mais… je voulais juste…
Jenna prend une inspiration afin de se calmer :
— Comme je te l’ai dit hier et avant-hier et le jour d’avant, le fil est assez long pour que tu ailles jusqu’au fond de la pièce.
— Je sais… pardon, s’excuse le fautif en remettant son casque à la hâte.
Adoucie Jenna lève les yeux au ciel.
— Le fil à droite, Kevin.
Perplexe le gamin retire le casque et le triture avant de le remettre. Cette fois, Jenna pouffe :
— Non, l’autre droite… Le fil doit être côté fenêtre.
Un peu rouge, Kevin obtempère.
— Tu veux bien qu’on fasse un jeu quand même ? tente-t-il.
— Bien sûr, tu veux jouer à quoi ?
— Aux dadas ?
Bonne idée, ça va me détendre !
— Très bon choix ! sourit Jenna.
Au terme d’une partie haletante, Kevin retrouve ses parents. Il s’élance joyeusement vers eux.
— C’était trop bien ! Avec Jenna on a joué aux dadas ! Elle est trop gentille ! affirme-t-il.
Ahem si on excepte le fait que j’étais à deux doigts de lui arracher la tête parce qu’il a enlevé son casque…
La mère du gamin adresse un grand sourire à Jenna tandis que Kevin affirme qu’il a hâte de revenir le lendemain.
— Ce sera toi ? demande-t-il avec espoir à Jenna.
— Oui. C’est moi jusqu’à la fin de ta semaine avec nous.
— Trop bien ! s’exclame Kevin avant d’enlacer la taille de Jenna.
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Wizzette
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Jess Swann
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