Fyctia

Le lendemain matin, Jenna jette un coup d’œil sur le parking lorsqu’elle ouvre son store. Un gloussement lui échappe en voyant que la voiture de Pascal est toujours là. Ouhhh je sens qu’il y a eu du vent dans les volets cette nuit !

***

— Alors ?! Raconte ! exige Jenna lorsqu’elle passe voir Diana après le travail. J’ai vu qu’il avait dormi ici… J’imagine que ça a soufflé sec…

— Punaise, rien ne t’échappe, s’amuse Diana.

Souriante, Jenna se laisse tomber sur le canapé et s’allume une cigarette.

— En tout cas, il a dû se montrer éloquent pour que tu cèdes !

— Euh… pas exactement, avoue Diana en se cachant derrière ses cheveux.

— Roooo allez raconte-moi ! la presse Jenna.

— OK, mais tu n’en parles pas à Phil.

— Promis, juré, craché !

Diana secoue la tête devant le raclement de gorge peu élégant dont Jenna ponctue sa phrase.

— Tu es dégueulasse…

— Mais non, je n’ai pas vraiment craché ! Revenons à Pascalounet ! Alors, comment vous avez retouillé ?

— Bah en fait, après que tu sois partie, il m’a demandé si je voulais me remettre avec lui.

— Ah ouais, c’est direct… et sans fioritures, champion du monde du romantisme là !

Diana glousse et ajoute.

— Non mais le pire, c’est qu’il m’a demandé ça alors que j’étais en train de ramener les tasses pour le café. J’ai tellement été surprise que je ne sais pas ce que j’ai foutu mais je me suis empiergée dans les pieds de la table et j’ai failli me viander.

Imaginant la scène, Jenna éclate de rire :

— Oh non Di, il n’y a qu’à toi que ça arrive !

— Attends, je n’ai pas fini ! Du coup, Pascal m’a rattrapée. On s’est embrassés et puis euh… bah… une chose en entraînant une autre… bah je lui ai défrisé le maïs et il m’a ramoné la cheminée !

Jenna rit tellement qu’elle en pleure. Une fois calmée, elle commente :

— Ah ouais, direct ! Punaise, vous ne faites pas semblant tous les deux ! Droit au but. Deux minutes de conversation et hop l’affaire est dans le sac… Sérieusement Diana, je ne veux plus jamais t’entendre me dire que Kris et moi, on ferait mieux de parler au lieu de passer notre temps au lit.

— Bah écoute, vu qu’on était d’accord tous les deux…

— Oh mais je ne juge pas, vous faites ce que vous voulez !

Elles bavardent encore un bon moment puis Jenna se lève.

— Allez… je m’arrache, Phil ne va pas tarder… En tout cas, c’est cool pour Pascal et toi !

— Et mon frère va arriver aussi, soupire Diana. Tu rentres lundi ?

Jenna confirme avant de lui souhaiter un bon week-end.

***

Après un après-midi shopping pour le nouvel appartement, Phil et Jenna vont manger au resto en compagnie des Bretons et de Pascal.

— Alors, la nuit dernière a été bonne ? lance malicieusement Jenna à Pascal lorsqu’il arrive.

Un petit sourire aux lèvres, Pascal déclare :

— Pas trop mal en effet… mais je n’ai pas beaucoup dormi.

— Stop ! Pas de détails sinon je vais avoir l’image, glousse Jenna.

— Euh… on a loupé un épisode ? demande Yannick.

— À toi l’honneur, lance Jenna à Pascal.

Celui-ci explique qu’il s’est remis avec Diana et Yannick commente :

— C’est trop de la balle ! Je la trouve super sympa !

Devant cette franche appréciation, Jenna adresse un regard éloquent à Phil.

— Mouais…mitige Gwen. À la soirée chez Thierry, j’ai trouvé qu’elle tournait un peu trop autour des mecs…

Hein ?! Elle me fait quoi là, la Gwen ? D’où elle dézingue ma copine ? s’agace Jenna en voyant le sourire de Pascal se faner.

— C’est plutôt les mecs qui en avaient après elle, rectifie-t-elle. Et vu qu’elle est jolie, c’est un peu normal. Sinon, vous vous revoyez quand ? demande-t-elle à Pascal.

— Je vais aller la voir lundi après-midi. C’est un peu hard parce que la semaine prochaine je bosse de nuit mais on fera avec. D’ailleurs, si tu veux que je te ramène chez toi par la même occasion, pas de souci.

— J’ai posé mon après-midi, rappelle Phil à Jenna.

— Ah oui, donc bah la prochaine fois, décline Jenna. Je remonterai chez moi le soir.

***

Jenna et Phil passent leur dimanche à finir de déballer les cartons et sacrifient au rituel du câlin dominical le soir.

Le lendemain, Phil, décidé à rentabiliser son après-midi, tente une approche. Le téléphone de Jenna reçoit un texto à ce moment précis et elle retient un soupir dépité en le lisant :

• Coucou la miss, désolé, j’ai eu un taf de malade la semaine dernière et je n’ai pas pu t’appeler avant. Tu es dispo ? Je peux te téléphoner ?

Flûte, ça tombe mal !

• Désolée, pas possible, je suis avec Phil. Mais je serai tranquille demain et après-demain, j’ai juste mes parents qui viennent vers quinze heures.

• OK la miss. Je te textote demain, je serai au taf. Je t’embrasse…

• Moi aussi.

— C’est qui ? l’interroge Phil.

— Oh, c’est Kris qui venait aux nouvelles.

Philippe se crispe légèrement à cette mention.

— Bah tu ne l’as pas déjà eu au téléphone la semaine dernière ?

— Euh oui…

Merde !

— Donc en fait, vous vous téléphonez toutes les semaines ? déduit Phil.

Oups… et entre les deux on s’envoie des textos aussi…

— Plus ou moins…

— Mais qu’est-ce que vous avez donc de si important à vous raconter pour vous appeler aussi souvent ?

Des tas de trucs : prévoir quand on va se voir, imaginer tout ce qu’on va faire à cette occasion, se raconter nos vies avec nos boulets… D’ailleurs en parlant de boulet, le mien attend ma réponse.

— Bah on ragote, rit Jenna. Et puis on se raconte nos vies, enfin tu vois, comme avec Marjo, Diana, Elsa ou Chouchou !

— Oui enfin Chouchou ne t’appelle pas toutes les semaines, remarque Phil.

— C’est vrai, mais je suis plus proche de Kris que de Chouchou. Ce n’est pas un secret d’état, ,ni une découverte, répond Jenna d’un ton léger.

Phil serre brièvement les dents mais n’insiste pas, revenant à son projet initial de câlin. Soulagée de s’en tirer à si bon compte, Jenna fait preuve d’un peu plus d’enthousiasme que de coutume…