Fyctia

Le soir, ils boivent à nouveau le champagne et s’offrent un petit repas constitué de foie gras et d’un gâteau confectionné le matin par Jenna. Après que Phil ait soufflé ses bougies, Jen lui offre son cadeau.

— Du parfum ? s’étonne Phil tout en le reniflant. Mmm, il sent bon.

— Tant mieux s’il te plaît, moi je l’adore ! sourit Jenna.

— Merci ma chérie.

Sur ces mots, Phil la gratifie d’un baiser. Ils terminent champagne et morceau de gâteau puis vont se coucher. Là encore, Phil ne fait pas mystère de ses intentions et Jenna prend sur elle. C’est son anniversaire, se rappelle-t-elle. À sa grande joie, la fatigue et le champagne ont rapidement raison de Phil et elle roule de son côté du lit quelques minutes plus tard.

***

Phil au travail pour la journée, Diana vient aux nouvelles. Jenna lui raconte avec moults détails le geste abusif de Mike :

— Putain, quel connard celui-là ! Sérieux, je ne comprends pas pourquoi il fait partie de la bande, Pascal n’a jamais pu le blairer ! s’enflamme Diana.

Ah bah parlons-en de Pascal ! Jenna ouvre la bouche dans cette intention avant de se raviser. Je doute que Di apprécie la justification qu’il a trouvée à ce salopard et je n’ai pas envie de me créer des problèmes inutiles. À la place, elle lui parle de Gwen et de l’aveu qu’elle lui a fait.

— Mmm tu n’aurais peut-être pas dû, confirme Diana.

Jenna grimace :

— Je sais. C’est cette saloperie de rhum qui m’a retourné la tête. Enfin, le sort en est jeté… Et toi, quoi de neuf ?

— Figure-toi que Marjo m’a appelée pendant plus d’une heure dimanche pour faire son mea-culpa. Elle s’est excusée pour son comportement des derniers mois et m’a promis qu’elle ne recommencerait plus.

Tiens, tiens… La nouvelle est d’importance et elles en bavardent un long moment.

***

Marjo appelle Jenna en fin de journée.

— Je ne te dérange pas ? s’inquiète-t-elle.

— Non, t’inquiète j’ai du temps, Phil est au badminton avec Yannick donc il ne sera pas là avant un moment.

— Je voulais te dire… je suis désolée de la manière dont je me suis comportée avec Diana et toi, s’excuse Marjo. Et je n’ai pas été sympa avec toi concernant Kristian et le reste. Je sais qu’il est hyper important pour toi et j’aurais dû me montrer plus à l’écoute.

— Je suis contente que tu t’en sois rendue compte et que tu fasses l’effort de t’excuser, sourit Jenna, agréablement surprise.

— Bah en fait, pour être franche avec toi… c’est grâce à Chouchou que je me suis rendue compte que j’ai exagéré… Comme tu m’en avais prévenue, il ne m’a toujours pas donné de nouvelles depuis la dernière fois qu’on s’est vus et… bah je crois que si ça continue comme ça, je vais le perdre complètement.

— Donc tu vas l’appeler ?

— Si je veux le garder comme ami, je crois que je n’ai pas le choix…

Les excuses présentées, elles évoquent la venue prochaine de Jenna à Paris qui est prévue pour le surlendemain.

— Oh… tu seras avec Phil… Vous allez voir les KK ? Si c’est le cas, Kris et toi, vous avez intérêt à vous tenir à carreaux…

— Non, ce n’est pas prévu… Kris a botté en touche en prétextant qu’il bosse. Mais si tu veux, on peut manger tous les trois demain soir.

— Euh… ne m’en veux pas ma chérie, mais je n’ai pas super envie de passer la soirée toute seule avec Phil et toi.

— Oui… je peux te comprendre, moi non plus je n’en ai pas toujours envie, rit Jenna. Par contre, normalement je redescends la semaine prochaine mais toute seule. Je dois aller voir les résultats et Kris.

— Tu viens quand ?

— À partir de mercredi si tu peux m’héberger, sinon je ferai l’aller-retour jeudi ou vendredi.

— Pour moi, c’est bon. J’ai fait faire un double des clefs de l’appart, comme ça on n’aura pas besoin de s’attendre le soir vu que j’ai des horaires de dingue.

L’affaire rapidement réglée, elles débattent de Kristian. Jenna lui raconte leur conversation de la semaine précédente.

— Mmm, c’est un début, approuve Marjo. C’est une bonne chose que vous ayez enfin un peu parlé. Par contre, vu ce qu’il t’a dit sur Kimberly et sur le fait qu’il ne sache pas rompre, je crains fort que la situation reste bouchée encore un bon moment… Malheureusement, je commence à croire que tu n’as pas grand-chose à attendre de lui. Il n’a jamais brillé par son courage.

— Je sais bien, se lamente Jenna. Mais que veux-tu que je te dise ? Je l’aime comme une folle alors je me contente de ce que j’ai.

— Peut-être que si tu t’installes à Paris, ça décantera un peu les choses, suggère Marjo.

— Encore faut-il que je sois prise dans une fac…

Elles parlent longuement des inquiétudes de Jenna et Marjo lâche :

— Qu’est-ce que tu vas faire si tu n’es pas retenue ?

— Je ne sais pas… Peut-être m’inscrire en maîtrise sur une autre dominante de la psycho.

— Mmmm dans ce cas, tu devrais te dépêcher parce que la rentrée est dans quinze jours…

Jenna se mord les lèvres. Elle n’avait pas pensé à ce détail en attendant les résultats des sélections des DESS.

— Tu n’as pas tort… souffle-t-elle. Je vais m’occuper de ça.

— Si tu as besoin d’un pied-à-terre en attendant de te trouver un appart, n’hésite pas !

— Merci Marjo.

Elles bavardent encore un bon moment puis se quittent en se promettant de se voir la semaine suivante.

***

La veille de leur départ pour Paris, Phil se souvient brusquement de la soirée qu’il avait envisagé.

— Au fait, tu as eu Kristian ? C’est bon pour le resto à quatre demain ?

— Oui, je lui en ai parlé mais il ne peut pas : il fait la nocturne au boulot et n’a trouvé personne pour le remplacer.

La bouche de Phil se crispe en une grimace contrariée.

— C’est dingue ça ! Il ne pouvait déjà pas la dernière fois que je suis descendu. Il ne veut pas me voir ou quoi ?!

— Je ne vois pourquoi il ne voudrait pas te voir, rétorque Jenna avec aplomb. C’est juste qu’il ne choisit pas ses jours de boulot.

Et qu’il ne veut effectivement pas te voir alors que moi, je dois me coltiner sa Kimberly…

— Mouais… répond Phil d’un ton peu convaincu.

— Bon, je vais faire à bouffer.

***

Le jour de leur voyage à Paris, Phil et Jenna font le trajet de train ensemble puis se séparent à la gare. Pendant que Phil va à sa formation, Jenna file à Nanterre. Les résultats ne sont toujours pas affichés. Elle bavarde avec l’assistante administrative du département de psycho.

— On va afficher les sélections demain matin, lui révèle-t-elle. Mais, nous ne prenons que très peu d’étudiants extérieurs.

OK… autant dire que je n’ai quasi aucune chance, songe Jenna avec dépit. Après l’avoir remerciée, elle file à l’institut de criminologie. Là, c’est une déception : elle n’est pas retenue. Bon, pas de panique… Même si Nanterre me recale, il reste encore Paris V et Paris XIII, tente de positiver Jenna.

Elle se rend dans les deux universités : les sélections seront respectivement affichées les jeudis et vendredis de la semaine suivante.

Bon bah au moins, ça me fait une bonne excuse pour descendre, songe Jenna qui n’a pas encore annoncé la nouvelle à Phil.