Jess Swann Amitiés Amicales, tome 3 Miracle... P4

Miracle... P4

L’arrivée de Magali clôt opportunément le sujet Kimberly et ils entament — de manière surprenante — une discussion sur l’histoire et les deux guerres mondiales. Leur débat est interrompu par un appel de Marjo.


— Salut… lance-t-elle à Jenna d’un ton manquant d’enthousiasme.


— Salut ! répond Jenna en riant des clowneries de Kristian assis face à elle. Ça va ?


— Bof. Toi par contre, tu as l’air en pleine forme.


— Oui, je suis avec Kris, Di et Mag, on boit l’apéro en attendant ton frère.


— La chance… soupire Marjo. Je voudrais trop être avec vous.


L’écoutant d’une oreille distraite, Jenna sourit à Kristian qui caresse sans gêne ses cuisses des yeux. Leurs regards se trouvent et Jenna frissonne de plaisir en lisant le désir dans celui de Kristian. La voix de Marjo s’altère brusquement, poussant Jenna à se concentrer de nouveau sur leur conversation.


— Je te jure, je me sens trop trop seule, gémit Marjo, des trémolos dans la voix. J’en ai marre d’être ici. J’ai des copines au boulot mais ce n’est pas pareil. Elles sont toutes rangées et préfèrent passer leurs soirées dans des bars à la mode à manger des tapas pour être sûres de ne pas prendre le risque de s’éclater. À vingt-trois heures, tout le monde au dodo ! Je passe mon temps à tourner en rond dans mon appart, je me fais trop chier ! Je voulais remonter ce week-end mais je ne peux pas parce que je dois bosser sur un truc pour le taf. Du coup, je vais encore passer mes journées et mes soirées toute seule comme une conne.


Plus Marjo vide son sac, plus Jenna se décompose. Kristian se penche vers elle.


— Ça va la miss ? s’inquiète-t-il.


Jenna grimace et secoue négativement la tête avant de reporter son attention sur Marjo qui continue son inhabituel auto-apitoiement. Des sanglots vibrent dans sa voix et le cœur de Jenna se serre. À l’autre bout du fil, Marjo craque complètement :


— J’en ai marre de ne plus voir personne ! En plus, je vois bien que vous ne me calculez plus.


— C’est faux Marjo, soupire Jenna. Mais comme je te l’ai dit la dernière fois, annuler systématiquement à la dernière minute n’encourage pas à te proposer de faire des trucs.


— Je sais, je suis désolée, renifle Marjo. C’est que… ma vie est tellement pourrie que je n’ai plus rien à raconter quand on se voit alors je préfère éviter pour ne pas que vous vous rendiez compte de ma misère. À part bosser et étudier, je ne fais plus rien.


Jenna passe dix minutes supplémentaires à essayer de lui remonter le moral avant de passer la main à Diana.


— Qu’est-ce qui lui arrive ? interroge Kristian, devançant de peu Magali.


— Marjo n’est pas bien du tout, soupire Jenna. Je crois que la vie parisienne a perdu le charme de la nouveauté. Elle dit qu’elle s’ennuie et qu’on lui manque.


— Non, je suis désolée mais je ne peux pas, déclare Diana au même moment. Je vois bien que tu n’es pas bien du tout mais j’ai déjà des projets pour samedi et je ne peux pas annuler.


Jenna grimace en entendant la réponse de Diana. Marjo lui a fait la même requête mais elle a décliné, attendu qu’elle est attendue chez Phil.


— Je vais voir si Kimberly peut aller lui faire un petit coucou ce week-end pendant que je suis au taf, décide Kristian.


Oui tiens, autant qu’elle serve à quelque chose pour une fois ! Et puis, Marjo adoooore Kimberly, songe Jenna avec un zeste de rancœur


C’est ensuite le tour de Magali de lui parler puis Kristian termine le tour :


— Raaa ! Pourquoi tu ne m’appelles pas quand tu veux faire un truc ? engueule-t-il Marjo.


Kristian lève les yeux au ciel en écoutant la réponse.


— Si on n’est pas dispos, je te le dirai.


Tandis que Kristian continue à bavarder avec Marjo, les trois filles débriefent :


— Franchement, je ne me doutais pas du tout que ça allait aussi mal pour elle, soupire Magali. Et je suis sûre que Paul n’en sait rien non plus.


— C’est Marjo… renchérit Jenna. Elle a sa fierté. Si elle a craqué ce soir, c’est qu’elle est vraiment mal.


Sa conversation terminée, Kristian intervient :


— Raaa, s’il y a un truc qui m’énerve chez les gonzesses, c’est bien ça ! Au lieu de parler directement des choses, vous tournez autour du pot et il faut deviner ce qui se passe dans votre tête. Pourquoi vous ne dites pas tout simplement ce que vous ressentez ?


— On appelle ça de la pudeur, rétorque Jenna. Et c’est toujours mieux que de mentir sans arrêt.


Ignorant la seconde partie de sa phrase, Kristian lâche :


— Oui mais quand on est avec quelqu’un, c’est bien de parler de ce qu’on éprouve ou de ce qu’on veut. Ce que j’apprécie chez Kimberly, c’est qu’elle me dit ce qu’elle attend de moi. Bon, elle me pète les couilles à force de me tanner pour que je lui fasse un bébé mais au moins, je sais ce qu’elle espère, termine-t-il en riant.


Le cœur de Jenna se serre en l’entendant tandis que Magali questionne Kristian.


— Tu ne veux pas d’enfants ?


Il répond tout en coulant un regard vers Jenna.


— Je me laisserais bien convaincre… mais j’ai encore l’école à faire et puis, quand je serai papa, je devrai arrêter mes conneries.


Jenna se raidit tandis que les papillons se recroquevillent dans son ventre.


— Charmant qualificatif, ironise-t-elle, blessée. La connerie apprécie.


Verrouillant ses prunelles à celles de Jenna, Kristian précise :


— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Pour moi, ce qui se passe entre nous n’est pas une connerie.


Tu parles, rattrape-toi aux branches… grince Jenna. En tout cas, je ne suis pas pressée que tu la mettes enceinte. Il est clair que si elle insiste autant c’est parce qu’elle sait que si tu l’engrosses, ça lui fera un moyen de pression supplémentaire et que tu te retrouveras définitivement enchaîné à elle.


Masquant sa déception derrière un sourire de façade, Jenna hausse les épaules avec une feinte indifférence. Kristian la fixe et ouvre la bouche avant de se raviser. D’un geste nerveux, il attrape son paquet de cigarettes et s’en allume une tandis que Jenna s’offre une bonne gorgée de whisky.


— Pfff, une chose est sûre, je ne suis pas pressée de reprendre les cours, soupire Magali dans une diversion bienvenue. Il y a genre quarante heures de cours par semaine en licence de droit, sans parler de tout ce qu’il y a à faire à côté ! Avec ça, j’aurai à peine le temps de voir Paul.


— Ah oui, c’est chaud la licence, se rappelle Jenna. Je crois que c’est l’année où j’ai le plus trimé. Je n’ai pas vu le jour de tout le premier semestre.


— Génial… se lamente Magali.


— Et Paul, il va faire quoi ? interroge Diana.


— Pour l’instant, il continue son travail à l’Apo. Il se réinscrit en arts plastiques pour garder son statut d’étudiant mais il envisage plus d’essayer de trouver une alternance dans le commerce, comme Marjo.


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