Jess Swann Amitiés Amicales, tome 3 Tout ça pour ça P1

Tout ça pour ça P1

Jenna quitte la campagne le jeudi matin. Elle est toujours déprimée mais la solitude et le temps ont fait leur œuvre. Même si elle a la sensation d’avoir un vide à la place du cœur et que son ventre est le théâtre d’un « papillonicide » massif, elle se sent un peu mieux. De toute manière, je n’ai pas le choix de me résigner, se répète-t-elle. Et puis, on est toujours amis… Il faut juste j’accepte qu’on ne sera plus jamais autre chose que des amis tout court et que j’apprenne à l’aimer de loin. Un long soupir languide échappe à Jenna à cette pensée. Malgré ce que sa raison lui souffle, son corps est affamé des caresses et des baisers de Kristian. Je crève d’envie de lui… s’avoue-t-elle avec une grimace.


L’arrivée de son train en gare la détourne de ses idées sombres et Jenna reprend le bus pour faire un passage éclair à son appartement. Une bonne surprise l’attend dans sa boîte aux lettres : son bulletin de paie assorti de son salaire et d’un petit mot de Dahu.




Tenez-moi au courant du résultat de vos candidatures. Si vous n’êtes pas retenue, ce que je ne vous souhaite bien entendu pas, mon offre d’emploi tient toujours, n’hésitez pas à me rappeler.




La rentrée d’argent ainsi l’insistance de Dahu à maintenir sa proposition de contrat remontent le moral de Jenna et elle affiche son premier vrai sourire depuis sa visite catastrophique à Kristian, une semaine plus tôt.


Emportée par une vague d’optimisme, elle envoie un petit message à Hélène qui souffle ses vingt-quatre bougies avant de s’empresser d’inscrire son numéro de compte au dos de son tout premier chèque de paye qu’elle signe ensuite avec emphase. Elle est occupée à le ranger soigneusement dans une enveloppe lorsque la sonnerie de son portable la fait sursauter. Reconnaissant la mélodie qu’elle a personnalisée, Jenna sent son cœur louper un battement tandis qu’elle décroche.


— Coucou la miss ! Alors comment tu vas ? Tu as toujours mal ? Tu as eu des nouvelles des facs ? Tu es où là ?


Interloquée, Jenna sourit malgré elle devant le feu nourri habituel des questions de Kristian.


— À mon appart, avant d’aller chez Phil. J’ai envoyé mon dossier pour Paris XIII il y a deux jours, cachet de la poste faisant foi, résume-t-elle. Sinon, ça me tire toujours un peu mais ça va.


— Arrête, ne m’en parle pas… j’ai vu mon dentiste avant-hier et il m’a dit que mes dents de sagesse étaient en train de percer. Si ça se trouve, tu es contagieuse !


— Ouch, désolée pour toi, j’espère que tu n’auras pas besoin qu’on te les arrache.


— Moi aussi… Sinon, on fait toujours la fête la semaine prochaine ?


L’attitude de Kristian est aussi naturelle que désinvolte et, en dépit de la pierre qui écrase sans pitié les papillons dans son ventre, Jenna fait semblant de se réjouir :


— J’en déduis que Tom sera des nôtres, c’est cool.


— Hein ?! s’étonne Kristian. Je n’en sais rien, je ne l’ai pas appelé. Bref, normalement, c’est bon pour moi sauf si elle pète un câble ou si je dois bosser.


Une voix s’élève derrière Kristian et il peste :


— Raaaa ! Je suis au taf là et Momo a besoin de moi… Je suis désolé la miss, je dois te laisser, mais je te rappelle dès que je suis plus au calme. Je te confirme ma venue demain ou au pire lundi. Je t’embrasse.


Jenna répète machinalement qu’elle l’embrasse aussi et fixe son téléphone silencieux. Voilà… c’est fait, songe-t-elle, le cœur serré. La rupture est consommée et il a clairement posé les nouvelles bases de notre relation. Je ne suis plus rien pour lui, du reste je n’ai jamais rien représenté à ses yeux. Enfin, au moins maintenant, ça a le mérite d’être clair.


Une boule dans la gorge Jenna prend une profonde inspiration. Allez haut les cœurs, en route pour Phil…




***




Jenna retrouve les chaussons de sa relation avec Phil. À commencer par l’apéro durant lequel il l’informe de la soirée prévue chez Thierry.


— Par contre, on part avec les Bretons, donc on rentrera chez moi.


Pfff pour changer… alors que j’habite à dix minutes de chez Thierry…


— De toute manière, il faut qu’on se fasse à l’idée de faire la route. D’ailleurs, tu rends quand ton appart ? continue Philippe. Si tu as besoin d’aide pour tes cartons…


— Au premier novembre sauf changement.


— Si tard ?!


— Bah oui. Vu que les examens sur dossier des facs ne tomberont pas avant la mi-octobre, j'ai négocié pour garder mon studio afin d’avoir le temps de me retourner.


— Raaa, tu n’étais pas obligée de prolonger ton bail, tu aurais pu venir chez moi en attendant…


Dans tes rêves !


— C’est gentil, mais je préfère me débrouiller toute seule, affirme Jenna en passant à table.


Et garder ma liberté… quitte à me foutre dans la merde financièrement.


— Les loyers sont chers à Paris… en vrai, ça ne te coûterait pas plus de faire l’aller-retour en train lorsque tu as cours, surtout si tu fais ton stage ici, objecte Phil.


— Vu ce que ça a donné la dernière fois, je préfèrerai éviter les structures locales, grince Jenna.


— Ah oui… Peter…


— C’est ça.


— Sinon demain, j’ai une autre visite d’appart pendant midi. On se retrouve devant mon boulot ?


— OK.


— Ah et samedi prochain, on est tous invité chez Mike.


— Pfff…


Philippe lui adresse un regard agacé :


— Il fête son départ pour Nantes donc rassure-toi, c’est la dernière soirée avec lui avant un moment.


— Ah bah, c’est clair qu’il ne me manquera pas, admet Jenna.


Après le repas et le film, ils vont se coucher. Jenna prend une inspiration, le cœur serré à la perspective de devoir « passer à la casserole » selon l’expression consacrée…


Le ragoût ne manque pas à l’appel et une fois le désir de Phil assouvi, Jenna se recroqueville dans son côté du lit. Rien, je ne ressens rien… songe-t-elle avec désarroi. Limite, je dois me faire violence tant je ne supporte pas qu’il me touche. Mais ce n’est pas si grave…Le sexe, c’est accessoire, une relation ne se limite pas à ça. Je tiens à Phil et il m’aime assez pour se projeter Au contraire de Kris. Comme dit Maman, je dois arrêter de rêver et me concentrer sur mon avenir.




***




Le lendemain, Jenna profite que Phil soit au travail pour rameuter les troupes en prévision du mercredi suivant. Seules Adé et Mag lui confirment leur présence éventuelle. Paul travaille et ne sera pas là avant minuit, quant à Tom, il a rendu son appartement et est coincé chez ses parents — ou chez Dorothée… — et Chouchou est sur base à l’autre bout de la France. Ouch en clair, au mieux on n’est que quatre… réalise Jenna.


Diana lui envoie un message peu avant midi :




  • J’ai trouvé un stage ! Le hic c’est que la semaine prochaine alors si je commence tôt jeudi, je ne la ferai pas longue mercredi soir.




— OK… plus que trois, soupire Jenna avant de lui envoyer un texto pour la féliciter et lui confirmer par la même occasion sa présence à la soirée de Thierry.




  • Cool ! J’y vais aussi ! On se retrouve là-bas. A demain.



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72 commentaires

La Plume d'Ellen

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Il y a 8 mois

Comment Jen parvient elle à se mettre martel en tête sur les sentiments de kris sans qu'aucun n'ai parlé ? C'est extraordinaire !

Jess Swann

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Il y a 8 mois

L'imagination de Jen est sans limite... sa bêtise aussi
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