Fyctia

Après le dîner, Candice propose d’aller se promener dans un des villages voisins. Une fois n’est pas coutume, Phil et Georges se déclarent partants. Ben et Isabel déclinent :

— On va profiter de la villa…

Renonçant à tenter de les convaincre, le quatuor file en balade.

***

Ils passent la journée du lendemain en sortie tous les six, Jenna en profite pour renouveler son stock de cartes postales. Afin de changer du melon, ils achètent une pastèque pour le soir ainsi que les inévitables grillades.

La journée se passe calmement, juste entrecoupée des disputes de Ben et Isabel entre lesquels le ton monte de plus en plus à mesure que la semaine s’écoule. Ils rentrent en fin d’après-midi et Jenna termine ses cartes postales pendant que les autres s’ébrouent dans la piscine. Elle ne s’est pas baignée une seule fois durant leur séjour, goûtant peu les plaisirs aquatiques.

Tandis qu’elle finalise son ultime carte, elle reçoit un message d’Hélène. Celle-ci lui demande de ses nouvelles, ajoutant qu’elle serait contente de l’avoir au téléphone. Un sourire échappe à Jenna et elle lui envoie un SMS pour lui dire qu’elle est en vacances et lui téléphonera la semaine suivante.

***

Après une ultime journée passée autour de la piscine, c’est la fin des vacances et l’heure de boucler les valises. Même si la semaine s’est mieux déroulée que Jenna l’avait escompté — principalement grâce à Candice — elle est soulagée qu’elle se termine enfin.

Plus que deux jours à tenir et c’est bon, s’encourage Jenna. Le mariage demain puis dimanche on repart de toute façon.

***

La nuit précédant leur départ, Jenna peine à s’endormir. L’une de ses dents gauches la fait souffrir et elle se retourne pendant plusieurs heures avant de réussir à s’endormir.

Autant dire qu’elle n’est pas en grande forme le lendemain…

***

Après plusieurs heures de route et un arrêt à l’hôtel pour se changer, ils parviennent au lieu de la cérémonie où ils retrouvent Pascal. Jenna endure patiemment la longue homélie d’échange des vœux tout en détaillant la robe de la mariée.

Beurk… on dirait une meringue…Trop de dentelle, de perles et de falbalas, pas du tout mon genre. Enfin… si ça lui plaît !

—C’est chargé, souffle Candice, assise à côté d’elle.

— C’est ce que je me disais aussi, glousse Jenna.

La bénédiction religieuse enfin terminée, ils prennent la route pour le lieu où vont se dérouler le vin d’honneur et la soirée. Luc a vu les choses en grand pour son mariage… Jenna glapit en sortant de voiture et en découvrant le château loué pour l’occasion.

— C’est une blague ?

— Ça a dû couter une blinde, remarque Ben qui s’est garé sur la place voisine.

— En tous cas, moi j’adore ! s’émerveille Isabel. Ça c’est un vrai mariage ! Rien à voir avec celui de l’année dernière.

Pourquoi ça ne m’étonne pas ? Miss Prout-prout kiffe forcément : c’est un mariage fait pour en mettre plein la vue, comme dirait Kris…

— Trop m’as-tu vu… commente cyniquement Pascal. Bon, allons boire une coupe.

***

Plusieurs coupes plus tard, ils se laissent tomber avec soulagement autour de la table qui leur a été attribuée. Ils sont épuisés par le trajet et peinent à garder les yeux ouverts. Toutefois, le repas est succulent et raffiné, même si Jenna dont la douleur dentaire augmente d’heure en heure ne l’apprécie pas autant qu’elle ne l’aurait fait en temps normal.

— C’est vraiment un superbe mariage, répète Isabel pour la sixième fois depuis leur arrivée. Tout est bien présenté et le décor est magnifique.

On le saura ! s’agace Jenna qui a l’impression que sa gencive pulse.

— Arrête de faire la gueule, lui glisse Phil.

— Raaa désolée, mais j’ai super mal à la dent.

— Mais non… c’est parce que tu te concentres dessus, essaie de participer à la conversation, ça te fera penser à autre chose, conseille Phil.

Facile à dire quand on n’a mal nulle part !

Avant de servir la pièce montée, les heureux mariés invitent leurs invités à sortir dans le jardin du château.

— J’hallucine… souffle Jenna alors qu’un feu d’artifice explose dans le ciel sans nuage.

— Ah ouais quand même… plussoie Phil. Ils ont mis la barre très haut là…

— Quels frimeurs, ricane Pascal. Ils veulent en foutre plein la vue à tout le monde, c’est tout.

— En attendant, c’est réussi, admet Jenna.

— C’est un vrai mariage de conte de fées ! intervient Isabel. C’est comme on en rêve quand on est petite fille, le château, la robe de princesse et maintenant le feu d’artifice… je suis trop jalouse là.

Pascal et Jenna échangent un discret sourire tandis que Benoît blêmit. Nul doute qu’il est en train de chiffrer mentalement le coût de la fête !

— En fait, personnellement, je n’ai jamais été trop branché par le mariage, lâche-t-il lorsqu’ils se réinstallent à table.

Le reste de la bande — à l’exception d’Isabel — échange des coups d’œil avant d’éclater de rire. La pingrerie de Ben est légendaire et il est évident que les rêves d’Isabel ne cadrent pas du tout avec les oursins qu’il a dans le portefeuille.

Vers quatre heures du matin et après une soirée que Jenna a passée assise en raison de la souffrance de sa mâchoire qui va crescendo, ils rejoignent enfin l’hôtel.

***

Le lendemain après quelques heures d’un mauvais sommeil, Jenna a encore plus mal. La douleur l’enserre dans un étau depuis son oreille gauche jusqu’à sa gorge. Les yeux cernés, elle se laisse tomber sur le siège avant de la voiture.

— Pfff, je suis crevé ! s’agace Phil. Tu n’as pas arrêté de te retourner de toute la nuit. Qu’est-ce qui t’arrive encore ?

— Je te l’ai dit ! J’ai mal ! s’énerve Jenna.

— Tu n’as qu’à prendre un Efferalgan.

— J’en ai déjà pris trois et ça ne passe pas !

Pour une fois, Phil garde raisonnablement le silence.

***

De retour chez Phil, Jenna se laisse tomber sur le canapé et reprend du paracétamol.

— Ça ne va pas mieux ? s’étonne Phil.

— Non. J’ai tellement mal que je me taperai la tête contre les murs, gémit Jenna, au bord des larmes.

— Oh… eh bien tu devrais peut-être aller te coucher maintenant. Après une bonne nuit de repos, ça ira peut-être mieux…

— Encore faudrait-il que j’arrive à dormir, renifle Jenna. Je te jure, là je n’en peux plus.

Philippe semble sincèrement embêté.

— Le problème c’est qu’on est dimanche soir…

— Je sais.

Jenna inspire profondément pour reprendre son calme.

— Je vais aller me coucher, je rangerai ma valise demain.