Fyctia

L’arrivée du gâteau coupe court à la discussion. Se sentant de nouveau déplacée, Jenna se retrouve à chanter « joyeux anniversaire » avec Kristian et sa famille.

Mais qu’est-ce que je fous là ? Sérieux… pourquoi pour l’anniversaire de sa sœur ?

Spoiler alert : de nombreuses années plus tard, Jenna fera une « battle » de la situation la plus surréaliste qu’ils ont vécue avec des amis… Elle l’emportera haut la main en racontant cet après-midi. Il faut admettre que peu d’hommes vont jusqu’à présenter leur maîtresse à leurs parents…

Une fois tout le monde servi en gâteau et champagne, Cécile reçoit ses cadeaux.

— Oh trop joli ! s’exclame-t-elle en découvrant celui de Kristian.

— Tu n’as pas intérêt à le perdre, la prévient-il.

Cécile le remercie chaleureusement et sa mère lui lance :

— N’oublie pas d’appeler Kimb…ta belle-sœur, pour la remercier.

Sérieux, c’est à se demander lequel de Kristian ou de sa mère est le plus amoureux de Kimberly, grince cyniquement Jenna.

La réunion se poursuit et Jenna se détend. La famille de Kristian est sympa et elle songe que le plus dur est passé. Tandis que Kristian parle avec son père et son frère, elle bavarde avec sa mère, restant prudemment sur des sujets anodins comme la fac ou le travail. Cécile en profite pour téléphoner à Kimberly et après quelques minutes, lance :

— Je te le passe. Kristian, elle veut te parler.

Une boule remonte dans la gorge de Jenna et elle s’efforce de ne pas ciller, ni de se retourner, se concentrant sur sa conversation avec la mère de Kristian. Tandis qu’il bavarde avec Kimberly celui-ci s’avise de leur conversation prolongée et s’interrompt :

— La mère, ne parle pas trop de ta vie ! Tu as une future psy en face de toi, elle va t’analyser.

Jenna se statufie et se tourne vers Kristian. Non mais j’hallucine… il est bête ou il est suicidaire et il le fait exprès ?

Celui-ci bredouille :

— Euh…oui avec Jen.

Putain la boulette, déglutit Jenna.

— Non, juste Jen, répond Kristian.

Suivant d’une oreille la conversation téléphonique, Jenna poursuit sa discussion avec la mère de Kristian.

— Oui, oui, je te rappelle, assure Kristian à la hâte avant de raccrocher.

Son regard croise celui de Jenna tandis qu’il se réinstalle sur le canapé.

— J’espère que tu ne lui as pas raconté trop de trucs, plaisante-t-il à l’intention de sa mère. Elle décortique tout ce qu’on dit.

— N’importe quoi… soupire Jenna. Tu te rends compte que si je faisais ça, mon cerveau finirait par exploser ? Ce n’est pas parce que je fais psycho que je passe mon temps à analyser tout ce qu’on me dit !

— Vraiment ? rit Kristian. Pourtant, à chaque fois que je dis un truc, tu te tritures le cerveau…

Ah oui ? Tu veux qu’on parle de ton superbe acte manqué d’il y a cinq minutes ? C’est à se demander si tu n’as pas envie de te faire choper !

— Sans doute parce que tu dis beaucoup de conneries, rétorque Jenna du tac au tac.

— Ce n’est pas gentil ça ! Tu as entendu comment elle me traite ? demande-t-il à sa mère.

— Elle n’a pas tout à fait tort, réplique celle-ci.

Jenna glousse devant la mine déconfite de Kristian.

— Et toc !

La discussion continue et la mère de Kristian se tourne vers lui.

— Vous dormez ici ? Comme ça, vous pourrez manger avec nous.

Hein ?! Mais ce n’était pas du tout comme ça que c’était prévu !

Kristian jette un regard à Jenna et ses yeux brillent de rire contenu devant son air paniqué.

— Non, c’est gentil mais on va rentrer. On a un truc de prévu ce soir et je dois ramener Jen chez elle avant de repartir à Paris demain.

Moins de dix minutes après, Kristian donne le signal du départ.

— On y va la miss ?

— C’est toi le chef, sourit Jenna, intérieurement soulagée.

Au moment des au revoir et à la stupeur de Jenna, la mère de Kristian lui fait la bise. Quant à son père, il affirme :

— On est contents de t’avoir rencontrée, n’hésite pas à revenir.

— Merci, bredouille Jenna tandis que Kristian sourit largement.

***

Une fois dans la voiture, Kristian lance, de toute évidence ravi :

— Tu vois qu’il n’y avait pas de quoi stresser !

Oh non, mis à part le fait que je me suis crue dans la quatrième dimension toute l’après-midi, que ta mère est archi fan de Kimberly, que tu as fait boulette sur boulette et que je suis certaine que maintenant toute ta famille sait qu’on couche ensemble, tout s’est super bien passé ! Aucune raison d’angoisser comme tu dis.

— C’est vrai que tes parents sont sympas, assure Jenna. Même si ta mère est hyper intimidante.

— Penses-tu, s’esclaffe Kristian. Elle a besoin d’un peu de temps pour se décoincer, comme toi ! Et puis, j’ai vu que vous aviez bien discuté.

Oui, une fois qu’elle a fait en sorte de s’assurer que les intérêts de sa précieuse Kimberly n’étaient pas menacés…

— Comme quoi, ce n’était pas si terrible ! Par contre, je sens que je vais me prendre une soufflante de la part de Kimberly…

— Tu m’étonnes ! En même temps, ça ne me plairait pas non plus que Phil ramène une de ses copines chez ses parents pour l’anniversaire de Clémentine. Franchement, tu aurais pu t’abstenir de le dire !

— J’avoue je n’ai pas réfléchi, rit Kristian. Mais si ça ne lui plaît pas, bah tant pis pour elle. Si elle n’est pas contente, elle peut partir.

— Mais oui… soupire Jenna tout en s’allumant une cigarette.

Kristian pose sa main sur sa cuisse nue et la caresse lentement.

— En tout cas, tu es trop bandante avec cette petite robe sage. J’ai dû me retenir pour ne pas te sauter dessus.

— Encore heureux que tu l’as fait, ironise Jenna. J’ai le sentiment que ça aurait fait désordre pour la fête d’anniversaire de ta petite sœur.

Kristian explose de rire et Jenna le suit, incapable de résister en le voyant si joyeux.