Fyctia

La porte des toilettes à peine refermée sur Jean-Luc, Kristian se penche vers Jenna et lui vole un baiser.

— J’en ai envie depuis des heures, se justifie-t-il devant son air surpris.

— Je ne te comprendrai jamais, soupire Jenna. Tu dis quelque chose et tu fais son contraire deux secondes plus tard.

Kristian rit et dépose un autre baiser dans son cou tout en l’enlaçant. Glissant ses doigts sous le top de Jenna, il caresse lentement sa peau.

— Je sais que tu ne me crois pas mais je tiens vraiment à toi. Ce n’est pas que pour le sexe, murmure-t-il.

— Mais oui… soupire Jenna.

Le retour de Jean-Luc met fin à leur interlude et ils reprennent leur conversation. Un second whisky suit le premier et ils s’amusent bien jusqu’à ce que Kristian s’avise de l’heure. Il est plus de six heures et demie et il est évident que Kimberly est déjà rentrée du travail.

— Elle va râler, glousse-t-il.

— On ferait peut-être mieux de se dépêcher, observe Jenna.

— Pfff, c’est bon on n’est pas à cinq minutes.

Ils prennent dix minutes de plus pour finir leurs verres avant de se lever.

— Je n’ai vraiment pas envie d’y retourner, déclare Kristian avec une moue.

***

À peine installé en voiture, Kristian pose sa main sur la cuisse de Jenna.

— Il est gentil Jean-Luc mais à cause de lui, on n’a pas eu un seul moment tous les deux, lâche-t-il d’un ton rempli de regrets.

Jenna se tourne vers lui.

— Ah bah c’est toi qui l’as choisi.

Kristian referme sa main libre sur celle de Jenna.

— J’ai envie que tu me touches… j’en crève depuis que tu es arrivée ce matin.

— C’est un peu dangereux, rit Jenna.

— Mais non, je vais faire attention… s’il te plaît, plaide Kristian.

— Tsss, tu me fais vraiment faire n’importe quoi, soupire Jenna tout en cédant.

Un petit soupir échappe à Kristian tandis qu’elle caresse son entrejambe, faisant grossir la bosse de son jean.

— Continue… siffle Kristian en ralentissant.

Docile et amusée, Jenna glisse sa main dans le pantalon de Kristian, lui arrachant un soupir.

— Je n’ai qu’une envie : m’arrêter dans un chemin de terre et te faire l’amour, souffle Kristian au bout de quelques minutes de ce traitement.

Leurs téléphones respectifs signalent l’arrivée d’un texto à cet instant et ils échangent un regard malheureux. De sa main libre, Jenna attrape son portable.

— C’est Marjo… elle demande où on est. Je crois qu’on ferait mieux de se dépêcher de rentrer.

— Oui, confirme Kristian sans enthousiasme. Par contre, ce n’est que partie remise la miss, la prochaine fois qu’on se verra on finira cette conversation.

— Tu appelles ça comme ça maintenant ? rit Jenna.

Ils échangent un nouveau sourire puis Kristian reprend :

— Tu sais ce que j’aimerais ?

— Non, mais je sens que tu vas me le dire.

— Que tu mettes un porte-jarretelle pour la prochaine fois.

— Mmmm on verra. Si tu es sage, ça arrivera peut-être.

Un second texto arrive sur le portable de Jenna.

— Ouch, Marjo a l’air furax ! lit-elle.

— Je sens que je vais avoir la gueule ce soir, rit Kristian. Bah, ça ne me changera pas !

Ils poursuivent leur bavardage pendant le trajet. Alors qu’ils sont presque arrivés, le portable de Jenna sonne de nouveau.

— Ah c’est Phil, lit-elle. Son concours s’est bien passé.

Kristian se crispe légèrement et Jenna ironise :

— C’est quand même marrant qu’on soit tous les deux amoureux de quelqu’un d’autre.

De toute évidence, Kristian ne trouve pas cela si drôle que ça. Les mâchoires serrées, il ne répond rien.

Lorsqu’ils arrivent enfin, ça fait une bonne heure que Kimberly et Marjo les attendent et elles arborent des mines fermées. Kristian et Jenna échangent un rapide regard et elle se mord la joue pour ne pas pouffer tant Kimberly et Marjo ressemblent à deux mères de famille furieuses après leur progéniture.

— Je te rappelle qu’on doit aller faire les courses ! lance Kimberly à Kristian.

— Ouiiiii désolé, c’est juste que Jean-Luc a insisté pour nous payer l’apéro, se justifie-t-il.

Pendant ce temps, Marjo se tourne vers Jenna.

— Tu as toutes tes affaires ?

— Oui, oui, assure Jenna à la hâte.

L’ambiance entre Kristian et Kimberly est électrique et Jenna suit Marjo sans demander son reste après les avoir salués et remerciés pour l’accueil.

***

Une fois toutes les deux assises dans le métro, Marjo passe une soufflante à Jenna :

— Mais qu’est-ce que vous avez foutu ?! Kimberly était furieuse et moi, je ne savais plus quoi lui dire. Franchement vous avez exagéré là, en plus vous êtes complètement bourrés ! Vous voulez vous faire choper ou quoi ?

— Raaa mais non, on n’a juste pas vu le temps passer.

— Vous jouez avec le feu… Je t’assure que Kimberly ne rigolait pas en vous attendant. En plus j’ai ramé pour trouver un sujet de conversation avec elle ! Elle est trop inintéressante, râle Marjo.

Cette fois, Jenna éclate de rire.

— Et c’est moi la méchante !

— Ouais bah désolée de le dire mais elle est vraiment gnangnan, tu m’en dois une pour celle-ci, précise Marjo. Sinon, à part picoler, qu’est-ce que vous avez fait de beau ?

Jenna entreprend un récit décousu de sa journée et s’attarde longuement sur la semi discussion qu’elle a eu avec Kristian.

— Voilà… c’est foutu, il est amoureux d’elle, se lamente-t-elle en guise de conclusion en se laissant tomber sur le canapé-lit de Marjo chez qui elles viennent d’arriver.

— Perso, je ne pense pas comme toi, rétorque Marjo. Tu ne devrais pas désespérer avec Kristian. Mon avis, c’est qu’en fait il ne sait pas ce qu’il veut. La preuve, il veut t’emmener chez ses parents.

— Tu parles, il a dit ça sur un coup de tête parce qu’il était bourré… Je ne me fais aucune illusion à ce sujet. Tu verras que s’il vient, il n’en reparlera pas du tout.

— Je n’en serais pas si sûre à ta place, lance Marjo tout en s’affairant à préparer un thé. Gingembre ? Cela te fera du bien et t’aidera à désaouler un peu.

— Ce n’est pas de refus… en plus Phil doit m’appeler et s’il se rend compte que j’ai passé ma journée à picoler avec Kris, je n’ai pas fini d’en entendre parler.

— Pfff Phil… S’il y a bien truc au sujet duquel Kristian n’a pas tort, c’est lui ! Vous n’êtes absolument pas faits l’un pour l’autre, affirme Marjo avec vigueur.