Jess Swann Amitiés Amicales, tome 3 Carnet blanc P1

Carnet blanc P1

Moins de cinq minutes après le départ de Phil, Jenna se précipite chez Diana.


— Ça y est, c’est bon, il est parti ! annonce-t-elle d’un ton enjoué.


Diana pouffe devant un tel débordement d’enthousiasme avant de lui proposer un thé. Après avoir accepté machinalement, Jenna l’informe de la défection de Kristian et s’inquiète de la venue de Marjo.


— Attends, je lui fais un texto, propose Diana. Je lui dis qu’on ne sera que toutes les trois et qu’on se retrouve chez moi.


Le temps de fumer une cigarette et la réponse de Marjo arrive :


— Elle dit qu’elle sera là vers dix-neuf heures.


— OK donc elle arrivera à huit heures, déduit Jenna. J’espère qu’on va bien se marrer ce soir.


— On va se faire une petite soirée papote entre filles, sourit Diana en se frottant les mains.




***




Lorsque Marjo arrive, avec plus d’une heure vingt de retard sur l’horaire prévu, elle brandit une cassette VHS.


— Je suis passée à la location automatique et je nous ai pris Moulin Rouge, annonce-t-elle tout sourire.


Consternées, Diana et Jenna échangent un regard furtif.


— Euh… OK, bredouille Diana.


— Tu aurais pu nous demander notre avis, remarque Jenna dont les nerfs ont déjà été suffisamment mis à l’épreuve durant la journée.


— Bah, on avait dit qu’on voulait le voir, non ? rétorque Marjo.


Jenna se mord la langue pour ne pas répliquer. Je ne me souviens absolument pas qu’on ait parlé de ça !


— On aura qu’à le mettre quand on commencera à manger, propose Diana, sentant que le temps est en train de tourner à l’orage.




***




Installées sur canapé et devant une assiette de pâtes à la carbonara, elles tamisent l’éclairage et mettent le film. Jenna soupire à l’énoncé du prénom du héros. Christian, bien sûr ! Comme si je ne pensais pas déjà assez lui comme ça !


Les deux heures suivantes filent à toute vitesse. Lorsque le film se termine, Jenna a les yeux un peu humides et la gorge serrée.


— On a connu plus joyeux comme film… remarque-t-elle.


— Tu m’étonnes, plussoie Diana, émue elle aussi.


Marjo appuie sur le bouton pour rembobiner la cassette.


— Ouais, j’ai adoré les costumes. Je vais aller le rendre maintenant, comme ça, ça sera fait, déclare-t-elle en attrapant son manteau.


L’automate de location étant pratiquement au pied de la résidence, le choix est logique, cependant…


— J’espère qu’elle ne va pas nous faire le coup de reprendre le dernier bus pour rentrer chez elle, peste Diana dès que Marjo franchit la porte. Pour une fois qu’on peut être un peu toutes les trois ! Le film était sympa mais j’aurais préféré qu’on discute.


— Oui, moi aussi, approuve Jenna.


Leur vœu est exaucé au retour de Marjo. Munies d’un verre de Soho orange, les trois filles échangent des confidences. Bien entendu, Kristian est au menu de Jenna et elle raconte leur léger accrochage téléphonique survenu plus tôt, concluant :


— En vrai, il n’a pas tort. Je n’ai aucune envie qu’il vienne chez moi avec elle. Je n’aime pas cette fille, je la trouve fausse. Je suis certaine qu’elle joue les nunuches mais qu’elle est beaucoup moins gentille qu’elle veut le faire croire. Par exemple, il suffit de l’entendre avec ses « mon amour » et la façon dont elle est possessive avec Kristian. Je suis sûre qu’elle se doute de quelque chose, mais elle se garde bien d’attaquer frontalement, elle préfère l’approche vicieuse en me faisant bien comprendre qu’il est « à elle ». Je pense même que si elle découvrait le pot aux roses, ce n’est pas à Kris qu’elle s’en prendrait.


C’est la première fois que Jenna s’ouvre aussi franchement à une tierce personne au sujet de ce qu’elle pense de Kimberly et ses deux amies la fixent avec stupeur.


— Euh… tu vas loin là, commence Diana. Tu psychotes un peu, non ?


Agacée, Jenna rétorque :


— Je sais ce que je dis. Il y a des regards qui ne trompent pas et je ne sais pas… je le sens.


Marjo souffle bruyamment.


— N’importe quoi ! Kimberly est juste une gentille fille un peu trop naïve.


Son ton est dur et sans appel. Jenna ouvre la bouche pour faire valoir son point de vue mais Marjo poursuit sur sa lancée :


— De toute façon, tu te montes la tête depuis que tu l’as rencontrée ! Ce n’est pas normal que tu en viennes à la haïr comme ça. Quoi que tu espères, tu ne pourras pas la faire disparaitre d’un coup de baguette magique !


— Je ne la hais pas ! Je suis jalouse, c’est vrai et c’est tout à fait logique ! se défend Jenna. Si tu étais dans ma situation, on verrait si tu l’apprécierais. Et je ne me monte pas la tête, je dis juste que les apparences sont parfois trompeuses et qu’en l’occurrence, je pense que c’est le cas pour elle. Comme on dit : gentil n’a qu’un œil et elle, elle en a deux. Raison pour laquelle je reste sur mes gardes et que je n’ai aucune envie de la voir ici.


— Si ça te gêne tant que ça qu’il vienne avec elle, tu n’as qu’à le dire à Kris, rétorque Marjo.


— Non justement je ne peux pas. Je dois rester à ma place, je ne suis que la maîtresse, je n’ai pas le droit d’exiger quoi que ce soit de lui, répond Jenna avec amertume.


— Dans ce cas, ne te plains pas de devoir « supporter » Kimberly et arrête ta parano, la tance Marjo.


Rouge de colère, Jenna serre les poings et s’apprête à répondre vertement lorsque Diana, prévoyant que la conversation est sur le point de dégénérer, lui coupe l’herbe sous le pied.


— Euh… les filles rassurez-moi, vous n’allez quand même pas vous disputer à cause de Kimberly ?


Prenant sur elle pour se calmer, Jenna fixe Marjo avec rancœur avant de conclure :


— Non puisque c’est moi la parano… en tous cas, la prochaine fois je garderai mes états d’âme pour moi. Quant à Kimberly, en vrai j’espère que c’est toi qui as raison et que je me fais des films. Enfin, l’avenir nous le dira. Ou pas. Sujet clos.


Se tournant vers Diana, Jenna poursuit :


— Et toi alors ? Est-ce que tu as pensé au petit Pascal depuis que tu l’as revu ?


— Non pas du tout, assure Diana tout en dissimulant son visage derrière ses cheveux.


— Les ex, c’est toujours un mauvais plan, assène Marjo. C’est bien pour ça que je suis super contente d’avoir bougé sur Paris et de rencontrer de nouvelles personnes. L’un des commerciaux de mon service est vraiment trop mignon…


— Ah ?! relève mollement Jenna.


— Oui. Il grand, brun, il a les yeux bleus et une petite fossette trop craquante. Bon, il est un petit peu plus âgé que moi vu qu’il va avoir trente-quatre ans mais il est célibataire et surtout, il est vachement cultivé. Il connaît plein d’endroits branchés et m’a déjà proposé de m’emmener dans un lounge un soir.


— C’est super, s’empressent de lui assurer Diana et Jenna avec un parfait ensemble.


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82 commentaires

La Plume d'Ellen

-

Il y a un an

Il est seulement cultivé ou riche ? Connaissant Marjo j'ai un doute ! 😉

Jess Swann

-

Il y a un an

😂😂 Roooo pauvre Marjo
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