Fyctia

Philippe rejoint Jenna le vendredi en milieu d’après-midi. Comme elle est indisposée, il devra se contenter d’une petite gâterie. Toutefois, les choses tournent court. Frustré, Philippe s’agace :

— Non mais laisse tomber, je n’y arriverai pas, je ne suis pas du tout excité. Je suis stressé à cause du boulot et tu t’y prends mal.

Bien sûr, c’est de ma faute… Pourtant personne ne s’est jamais plaint, demande à Kristian !

Après ce petit loupé, ils filent récupérer Chouchou à la gare. Celui-ci est tout sourire et aussi volubile que d’ordinaire :

— Moi, je veux dire, j’ai passé une super journée avec un bon pote, voilà quoi ! annonce-t-il en s’asseyant sur une des chauffeuses de Jenna.

— Ah oui ? lance-t-elle tout en tapant contre le mur pour prévenir Diana que la soirée commence.

Pour l’occasion, elles se sont partagé les tâches : Diana s’est chargée de préparer une grosse salade de riz pour le repas et Jenna gère l’apéro.

— Moi, je veux dire, j’étais avec Kristian, précise Chouchou.

Stupéfaite, Jenna se tourne vers lui alors que Diana les rejoint.

— Ah bon ?

— Oui. Au passage, il m’a dit de te dire qu’il venait bien mercredi mais que son cousin n’est pas sûr d’être là. Par contre je ne sais pas à quelle heure on arrivera, il va passer me prendre chez mes parents et je l’ai invité à bouffer le midi.

Jenna se crispe et elle adresse un regard noir à Chouchou. Tu aurais pu t’abstenir de le dire devant Phil !

Celui-ci rebondit.

— Ah c’est con ! J’ai une grosse réunion jeudi matin et je ne peux pas la louper, sinon je serais bien venu. Je crois que ça fait au moins deux ans que je n’ai pas vu Kristian.

— Tu le verras à ma fête le huit, rappelle Jenna. Il viendra avec Kimberly.

— Tu l’as rencontrée ? demande Diana à Chouchou.

— Oui.

La question brûle les lèvres de Jenna mais elle s’abstient de la poser afin de ne pas éveiller les soupçons de Phil. Obligeante, Diana le fait à sa place :

— Alors tu l’as trouvée comment ?

— Moi, je veux dire… fadasse quoi ! Elle n’a pratiquement rien dit et physiquement je la trouve quelconque. Moi, je veux dire, je n’essayerais pas de sortir avec elle si je la croisais dans une soirée. Je ne voyais pas du tout Kristian avec une fille comme elle.

Moi non plus… songe Jenna tout en prenant la défense de sa rivale.

— Tu es vache Chouchou. Moi je la trouve super jolie, affirme-t-elle sincèrement, le cœur serré.

Quoi qu’en dise Chouchou, elle se sent terriblement banale et laide face à sa rivale.

— Elle a un beau corps, accorde Chouchou. Mais c’est une vraie plante verte, voilà quoi ! Elle est plate, inintéressante et limite bête. Elle a zéro répartie. Moi, je veux dire, elle est gnangnan, trop fade quoi ! Bref, une vraie Gwendoline. Kristian me déçoit sur ce coup-là.

— Je pense surtout qu’elle est timide, le contredit à nouveau Jenna. Et puis, avoue que c’est compliqué de s’intégrer dans la conversation quand on est partis sur nos vieilles histoires de soirée.

— Ah ça ! approuve Philippe.

Le sujet Kimberly clôturé, ils passent une agréable soirée tous les quatre. Après s’être régalés de la salade de riz, ils font une petite partie de belote puis Phil dépose Chouchou chez Paul.

Au moment du coucher, Phil a repris un peu de sa vigueur et se rapproche de Jenna afin de reprendre là où il lui avait demandé d’arrêter un peu plus tôt. Cette fois, il parvient à jouir, son stress de toute évidence passé.

***

— Raaa mais pourquoi il faut encore qu’on retrouve les Bretons ? explose Jenna le lendemain en début d’après-midi. J’ai dit à Marjo qu’on passerait chez elle.

— Pff, c’est bon ! On va déjà se taper tes copines toute la soirée, sans oublier hier, rétorque Phil.

— Tout comme on voit sans arrêt Yannick et Gwen ! Sérieux, tu peux bien vivre un week-end sans eux, non ?

— C’est elle qui dit ça… alors qu’elle passe son temps à glander avec ses copines ! Tu n’es vraiment qu’une égoïste. Tu ne fais aucun effort alors que moi je me force à supporter tes potes au lieu de bosser pour mon concours.

— Non mais personne ne t’oblige à venir, s’énerve Jenna.

— Bah voyons, ça t’arrangerait bien ! Allez maintenant tu te dépêches, on va être en retard.

Furieuse, Jenna attrape sa veste d’un geste rageur, cédant une fois de plus afin de préserver la soirée à venir.

***

Comme toujours, les Bretons ont envie d’aller à la FNAC et ils passent plus d’une heure dans le rayon musique.

—Ce groupe, c’est de la balle ! affirme Yannick en brandissant un CD.

— Ah oui ? rebondit Phil. Alors, je te fais confiance, je vais le prendre.

Sérieux, achète-toi une personnalité plutôt, songe méchamment Jenna. Ça, ça serait vraiment de la balle !

— Tu es rudement silencieuse, Jen, lui fait remarquer Gwen.

— Pfff, elle fait la gueule parce qu’elle voulait qu’on aille encore voir ses copines, répond Philippe à sa place. Déjà qu’on va devoir se les farcir toute la soirée…

— Ah oui, c’est vrai que vous devez aller chez je ne sais plus qui, relève Yannick. C’est con, on aurait pu se faire un petit resto tous les quatre.

— Ah bah… commence Philippe.

Jenna le coupe sèchement.

— Écoute, si tu as envie d’aller au resto, je ne te retiens pas. Mais moi, je vais à l’anniversaire de Marjo.

Philippe hésite clairement puis se tourne à regret vers Yannick.

— Ce serait pour la prochaine fois, si je n’y vais pas avec elle, j’aurai droit à la gueule pendant une semaine.

Yannick se fend d’un sourire compatissant et Jenna prend une fois de plus sur elle. Si tu savais… en vrai je m’amuserais dix fois plus sans toi.

Les deux couples se séparent après avoir pris un verre dans un bar.

— À demain ! lance Yannick à Phil.

— On sera rentrés vers quinze heures, je pense, assure-t-il.

Dès qu’ils sont hors de portée, Jenna se tourne vers lui.

— C’est une blague, j’espère ?! On ne va pas encore se les taper demain ?

— Bah on a prévu d’aller voter tous les trois… se justifie Philippe.

Jenna, qui a dû faire une procuration à son père pour le premier tour des présidentielles, vu qu’elle passe le week-end avec Phil, grince des dents.

— OK… mais je te préviens, je ne passe pas la soirée avec eux. Si tu veux y aller, libre à toi, mais pour ma part, je dirai que je suis trop fatiguée. J’en ai ras-le-bol de Yannick, il me saoule grave.

— Pfff, de toute façon, il n’y a que tes potes qui comptent !

— Je te renvoie le compliment, rétorque Jenna.