Fyctia

Vers six heures du matin, Jenna se réveille frigorifiée. Kristian et elle ont oublié de fermer la fenêtre avant de se coucher et l’air frais de la mi-mars pénètre dans la pièce.

Raaa en plus, Kris est déjà malade, se reproche-t-elle tout en refermant le battant.

Lorsqu’elle se recouche, elle est transie et se colle contre Kristian pour profiter de sa chaleur. Elle est tellement épuisée qu’elle se rendort en un clin d’œil.

***

À huit heures et demie du matin, Jenna se réveille de nouveau. Cette fois, c’est à cause de sa vessie. Prenant garde à ne pas réveiller Kristian, elle se lève silencieusement. Son besoin urgent satisfait, Jenna se glisse sous la couette. Kristian émet un petit soupir et la prend dans ses bras. Ses lèvres frôlent l’épaule nue de Jenna et elle sourit en sentant son sexe durcir contre ses fesses.

Tout en s’étirant, elle se retourne pour faire face à Kristian et ils échangent un sourire.

— Tu es tout chaud… murmure Jenna en déposant un petit baiser sur son torse. On en mangerait.

Kristian se mord la lèvre tandis qu’elle parsème son torse de baisers, sa bouche descendant lentement vers son boxer de plus en plus tendu.

— Tu manges ce que tu veux, souffle-t-il.

Jenna ramène ses longs cheveux en arrière puis joue avec l’élastique du boxer de Kristian tout en le regardant dans les yeux. Un grognement impatient lui échappe et il soulève légèrement son bassin afin qu’elle le libère de son sous-vêtement. De la pointe de la langue, Jenna agace le sexe de Kristian, le goûtant lentement. Il pousse un gémissement sonore lorsqu’elle referme ses lèvres autour de sa verge gonflée et Jenna entreprend un langoureux va et vient. Tout en lui dispensant sa caresse, elle ne quitte pas le visage de Kristian des yeux. Elle adore la manière dont il s’abandonne à elle et le trouve plus beau que jamais dans ces moments-là.

— Tu aimes vraiment ça, souffle Kristian devant son application.

Cette réalisation le fait durcir de plus belle et Jenna le relâche un instant pour répondre.

— Non… je déteste, plaisante-t-elle avant de lécher lentement son sexe.

Les doigts crispés sur le drap, Kristian crie son plaisir de plus en plus fort alors qu’elle poursuit sa gâterie le portant au bord de l’orgasme avant de calmer le jeu pour mieux le reprendre en bouche. Au bout de longues minutes de ce traitement, Kristian bafouille, le corps tendu à l’extrême.

— Fais-moi jouir… t’en supplie…

Jenna le taquine du bout de la langue avant de le prendre profondément en bouche. Le cri de plaisir de Kristian explose dans l’appartement alors qu’il en fait de même dans sa gorge. Satisfaite, Jenna le relâche lentement et, après un petit baiser sur son gland rougi de plaisir, elle se niche dans les bras ouverts de Kristian. Haletant, il la serre contre lui à l’étouffer et un sourire se forme sur les lèvres de Jenna en sentant son cœur battre à tout rompre sous ses doigts. Son souffle repris, Kristian se penche vers elle et unit leurs bouches pour un long baiser. Celui-ci terminé, il la garde contre lui et soupire :

— Si seulement c’était comme ça tous les matins.

— Je ne peux pas venir tous les jours à Paris pour te gâter, rétorque Jenna.

Sa remarque les ramène brutalement à la réalité et ils restent un long moment silencieux, serrés l’un contre l’autre. Le radio réveil de Jenna se déclenche mais ils ne font pas un mouvement pour se lever. Les doigts de Kristian caressent lentement la hanche de Jenna.

Après plusieurs minutes, il murmure contre ses lèvres sans toutefois bouger :

— Il faut que je me lève et que j’y aille… Je ne veux pas y retourner. Je n’ai pas envie de m’en aller. Je veux ce matin pour tout le temps.

Les yeux de Kristian cherchent ceux de Jenna tandis qu'il parle mais elle les évite.

Et moi je n’ai pas envie que tu partes. Je voudrais que tu restes ici pour toujours. Je t'aime comme une folle, songe-t-elle avec désarroi. Pourtant, au lieu de le lui dire, elle répond avec un entrain factice :

— Ah bah quand il faut y aller, il faut y aller. C'est la vie, et elle est moche !

Il faut admettre que notre héroïne mérite des gifles pour être aussi bête ! Au lieu de saisir l’occasion qu’il lui sert sur un plateau de lui avouer ce qu’elle ressent vraiment et de lui dire qu’elle a de plus en plus de mal à le voir partir, qu’il lui manque chaque jour et qu’elle a envie d’être avec lui, elle le chasse. Tout cela par peur de se ridiculiser en lui déclarant des sentiments qu’elle est certaine d’être non réciproques.

Spoiler alert : avec le temps, Jenna regrettera amèrement sa retenue de ce matin là. Sans doute que si elle avait parlé, cela n’aurait rien changé à la suite de l’histoire, mais elle ne pourra jamais en avoir la certitude…

Kristian se crispe à sa réponse et se lève.

— OK, lâche-t-il. Je vais prendre ma douche.

Le cœur serré, Jenna le regarde farfouiller dans son sac de voyage.

— Tu voudras un petit café ? propose-t-elle d’une petite voix.

— Oui mais je me le ferai moi-même, reste tranquillement au lit, lui répond-il avant de pénétrer dans la salle de bain.

Il va de soi que Jenna ne l’écoute pas. À peine Kristian sous la douche, elle se lève et va mettre la cafetière en route tout en faisant chauffer de l’eau pour son thé. Ensuite, elle sort le jus d’orange du frigo ainsi que la confiture et la brioche. La table prête pour le petit-déjeuner, elle retourne se mettre au lit. En passant devant la salle de bain, elle entend Kristian se parler à lui-même.

— Mais qu’est-ce que je suis beau !

Jenna pouffe et lance :

— Et tellement modeste !

Les cheveux mouillés et torse nu, Kristian sort.

— Il faut bien que je me le dise parce que si j’attends que quelqu’un le fasse…

Son regard tombe sur la table mise et il soupire :

— Je t’avais dit de ne pas te donner de mal pour moi et de te reposer !

— Et je n’ai jamais prétendu être obéissante, s’amuse Jenna. En plus, j’avais envie d’un thé.

— J’aurais pu te le préparer et te le servir au lit, assure Kristian en s’asseyant à côté d’elle.

En dépit de la brioche et de la confiture disposées sur la table, aucun des deux ne mange. Ils se contentent de boire leur boisson chaude en fumant une cigarette. Finalement, Kristian lâche un gros soupir en consultant l’heure sur son téléphone.

— Je vais devoir m’en aller…

— Je sais, coasse Jenna, une boule dans la gorge.

Elle s’oblige à garder le sourire tandis qu’il rassemble ses affaires. Son sac fermé, Kristian se tourne vers elle. L’heure de se quitter a sonné.