Fyctia

Magali et Adélaïde les ayant rejoints, ils boivent un petit whisky digestif. Kristian reprend :

— Ce que je ne supporte pas, c’est Kimberly qui raconte toute notre vie à sa mère qui, bien sûr, s’en mêle et lui monte la tête.

Jenna retient un sourire. Magali évoquant son envie d’aller aux toilettes pour soulager sa vessie, Kristian rebondit :

— Ce que je ne supporte pas, c’est Kimberly qui me dit qu’elle a envie de faire pipi même pas dix minutes après qu’on soit partis, comme si elle ne pouvait pas y aller avant !

— Euh… là, je ne dirai rien, je suis pareille, reconnaît Jenna.

La conversation se poursuit et ils évoquent leurs plats favoris. Kristian soupire :

— Ce que je ne supporte pas, c’est Kimberly qui attend systématiquement que son truc soit froid pour le bouffer !

Diana se penche vers Jenna tandis que Magali explique qu’elle adore la tartiflette.

— Euh… sans vouloir être méchante, à ce stade, autant qu’il s’arrête à « ce que je ne supporte pas, c’est Kimberly », ça ira plus vite.

— Ouais, toutefois, il reste quand même avec elle, grince Jenna.

— Ce que je ne supporte pas, c’est Kimberly qui me met la pression pour qu’on fasse un gamin ! déclare Kristian au même instant.

Magali croise le regard de Jenna et lâche :

— En clair, c’est l’éclate totale dans ton couple.

Kristian reste un instant interdit, puis :

— Non… ce n’est pas ça. Si elle me quittait, ça me ferait de la peine, mais bon… j’accepterais son choix. Bref, parlons peu, parlons bien, parlons cul ! lance-t-il joyeusement.

Sur son impulsion, la conversation redevient légère. Kristian les régale d’anecdotes :

— Nan mais les deux sœurs qui voulaient qu’on fasse un plan à trois, j’étais chaud mais en vrai, je n’y suis pas allé parce que je trouve ça glauque de voir deux sœurs se toucher, même par inadvertance.

— J’ai toujours trouvé ça dégueu de voir la queue flasque des mecs après l’avoir fait, déclare Adelaïde. Sérieux, rien que l’idée me file la gerbe.

— Tu l’as déjà fait avec un mec ? interroge Diana, délaissant temporairement le radiateur.

— Ouais et j’ai détesté…. Ce bout de chair qui pendouille, beurk.

— Tu n’es peut-être pas tombée sur le bon, tente Kristian.

— Rien que l’idée qu’il mette son truc en moi me dégoûte, précise Adélaïde. En vrai, je l’ai fait parce que je voulais être « normale » mais en fait non. Les mecs me laissent de marbre. J’aime les filles et c’est elles qui me font mouiller, précise-t-elle en fixant Magali.

— OK, chacun son truc, rit Kristian. Perso, j’ai du mal avec les trucs un peu sados-masos. Genre, j’ai connu une fille qui voulait que je la frappe. Je… non quoi !

— Après, ça peut être excitant d’être attachée ou les yeux bandés, rebondit Jenna. Soumise mais pas trop. En tout cas, rien de douloureux.

— Ah oui ? rebondit Kristian.

Leurs yeux se nouent et il affirme :

— L’important, c’est que les deux prennent du plaisir. J’ai connu une fille qui n’aimait pas le sexe mais qui se forçait et…. Même si je suis doué, ce n’est pas excitant. Par exemple, j’ai déjà couché avec une gonzesse qui disait oui à tout mais qui restait comme une planche à pain quoique je fasse.

— Heureusement que tu dis que tu n’as pas couché avec tant de filles que ça, relève Jenna avec acidité.

Magali intervient, bien pompette :

— Moi la dernière fois, j’ai roté dans la bouche de Paul. J’étais trop saoule et j’ai failli dégueuler quand il m’emballait.

Son intervention déclenche l’hilarité générale puis Kristian reprend ses anecdotes. Toutefois, aucune ne concerne Jenna qui apprécie sa discrétion. De plus en plus frigorifiée, Diana étreint le radiateur, suscitant des plaisanteries graveleuses sur l’usage qu’elle pourrait en faire.

— En vrai, c’est parfois celles qui ont l’air le plus coincées qui sont les meilleures, conclut Kristian. Celles qui en parlent le plus sont celles qui en font le moins.

— Ou pas, grince Jenna.

Leurs yeux s’épousent et il ajoute :

— Il y en a une qui m’a surpris. Une inespérée, une timide mais qui comprend sans que je lui dise.

— Hein ?! s’interroge Adelaïde.

— Tu as une tendresse particulière pour elle, ironise Jenna, reprenant à son tour les paroles de la chanson Filles faciles.

Kristian la fixe.

— Elle me rend fou même si elle ne me croit pas quand j’essaie de le lui dire.

— Parole, parole, parole… chantonne Jenna. Toujours et encore des paroles.

Un léger soupir échappe à Kristian et il se tourne vers Diana.

— Encore accrochée au radiateur ? la taquine-t-il. J’ose à peine imaginer ce que tu comptes faire une fois toute seule.

— Raaa ! s’agace Diana. Je te l’ai dit, je suis gelée.

— Paul ne va pas tarder à quitter du boulot, intervient Magali après avoir consulter son téléphone. On bouge vers le Curt ?

— Sans moi, bâille Diana. Je suis trop crevée pour sortir.

— Dis plutôt que tu as envie d’un petit tête à tête avec le radiateur, plaisante Kristian, les faisant tous éclater de rire.

— Je vais passer un autre haut, annonce Jenna en se levant pour fouiller dans sa penderie.

Après avoir passé un top prune au décolleté carré qui lui vaut un regard appréciateur de Kristian, Jenna attrape son manteau. Sortir n’est pas raisonnable au vu de son état de fatigue mais elle tient à passer le plus de temps possible en compagnie de Kristian.

***

Le Curt est littéralement bondé. Toutes les tables sont prises et ils s’installent au bar afin de terminer la bouteille de whisky achetée la veille. Après avoir passé quelques chansons sur la piste de danse en compagnie de Magali et Adélaïde, Jenna rejoint Paul et Kristian. Galant, Kristian se lève du tabouret qu’il occupe.

— Assieds-toi la miss.

— Merci, souffle Jenna soulagée.

Kristian part danser en compagnie de Paul et Adélaïde rejoint Jenna au bar. Elle en profite pour lui faire part de ses impressions.

— Tu parais cent fois plus heureuse que d’habitude…

Le cœur de Jenna se serre. Bien sûr qu’elle est heureuse quand Kristian est là… mais comme elle l’a souligné un peu plus tôt, beau temps ne dure pas longtemps. Le lendemain à la même heure, il sera avec cette maudite Kimberly. Adélaïde enfonce le clou :

— Tu es rayonnante quand Kristian est là. Je ne comprends pas ce que tu fais encore avec Philippe, ça crève les yeux que tu ne l’aimes plus.

— Ce n’est pas si facile, soupire Jenna. Je suis avec Phil depuis presque cinq ans, je ne peux pas tout balayer d’un geste comme ça.

— Pourquoi pas ? rebondit Adélaïde.

— Je ne veux pas lui faire de la peine…