Fyctia

Une fois assouvi, Kristian se laisse tomber sur le canapé, le visage empourpré.

— Putain, souffle-t-il. Je crois que j’ai frôlé la crise cardiaque là.

— N’exagère quand même pas, s’amuse Jenna.

Kristian attrape sa main et la pose contre son torse. Sous ses doigts, Jenna sent son cœur battre avec force et il la fixe.

— Un de ces jours, tu auras ma peau, la miss. Si je meurs en faisant l’amour, ce sera avec toi.

Le cœur de Jenna accélère à son tour. Pourquoi faut-il qu’il dise des choses aussi mignonnes ? craque-t-elle. Touchée, elle dissimule son émotion derrière une plaisanterie :

— Si tu pouvais éviter de me claquer dans les mains, ça serait sympa parce que je vois difficilement comment j’expliquerai ça à Phil et à Kimberly.

Un léger soupir échappe à Kristian et il cherche son boxer des yeux.

— En tout cas, ça m’a soulagé tout ça, conclut-il. Je me sens détendu, là.

Jenna lève les yeux au ciel et secoue la tête avec indulgence.

— Je suis ravie de te l’entendre dire.

Rhabillé, Kristian lui vole un smack.

— Ah bah, il faut savoir reconnaître et apprécier les bonnes choses de la vie, affirme-t-il.

Ils s’offrent un café et une cigarette puis décident d’aller faire les courses pour la soirée.

***

Une fois dans leur hypermarché habituel, ils prennent leur temps et se chamaillent sur ce qu’il faut acheter.

— Tu es sûre que tu n’as besoin de rien ? demande Kristian à Jenna pour la dixième fois depuis qu’ils sont arrivés. De l’eau ? Des jus de fruits ? Ou des pâtes

— Non, je te l’ai dit : j’ai fait mes courses hier et tout est déjà prêt pour ce soir, il ne manque que l’alcool.

Une fois à la caisse, Kristian sort sa carte bancaire. Jenna ouvre la bouche mais il la devance.

— C’est ma soirée donc tu n’as rien à dire.

Il se tourne ensuite vers l’hôtesse de caisse.

— Je vous assure, elle est insupportable.

— Tu as vraiment l’art du compliment, remarque Jenna.

— Vous voyez, prend-il la caissière à témoin. Elle a toujours quelque chose à redire, quoi que je fasse !

— Mon pauvre Kristian, soupire Jenna. Pour un peu, j’aurai la larme à l’œil.

— Je vous jure elle est méchante ! Tout à l’heure, elle a failli me tuer, rit-il tout en réglant leurs achats.

— Ne l’écoutez pas, il raconte n’importe quoi, se défend Jenna en attrapant le caddie. Allez arrête d’embêter la dame, on y va.

— Vous voyez comment elle est ! Au revoir madame ! lance joyeusement Kristian en lui emboîtant le pas.

— Tu es intenable, soupire Jenna en se mordant les lèvres pour ne pas rire.

***

Ils ont à peine fini de ranger les courses que le téléphone de Kristian sonne. Une moue lui échappe.

— C’est Kimberly… annonce-t-il.

Jenna crispe la mâchoire et détourne le visage tandis qu’il prend l’appel. Elle ne peut donc pas lui foutre la paix une journée ? Sérieux, heureusement que Phil n’est pas aussi collant sinon je crois que je péterais un câble. Pendant que Kristian bavarde avec sa chère et tendre, Jenna descend la poubelle afin de lui laisser un peu d’intimité. Lorsqu’elle revient, Kristian repose son téléphone sur la table avec un petit soupir.

— Je refais un café ? propose Jenna.

— Oui, je veux bien.

Le café servi, ils reprennent leur conversation anodine, évoquant leurs dernières lectures.

— Il faudrait que tu me présentes tes parents, déclare Kristian tout à trac.

Interloquée, Jenna reste silencieuse une fraction de seconde. Qu’est-ce qui lui prend ?

— Pourquoi ? lâche-t-elle finalement.

— Bah comme ça si je veux m’offrir un petit voyage à la campagne, je saurai où aller passer le week-end.

— Oui, enfin je ne vois pas trop pourquoi tu irais chez mes parents, réplique étourdiment Jenna. Ce serait bizarre.

Kristian se crispe légèrement.

— Vu comme ça…

Jenna tente de se rattraper.

— C’est juste qu’il n’y a pas grand-chose à faire par chez moi et ma mère est un peu spéciale. Je ne suis pas sûre que tu mérites de te voir infliger ça, plaisante-t-elle.

— Je suis certain que je lui plairais ! Les femmes m’adorent, professe Kristian.

Sachant ce qu’elle pense de toi, j’en doute…

— Ce que tu peux être prétentieux… Enfin, si l’occasion se présente et qu’ils passent me voir un jour où tu es là, tu les rencontreras, promet Jenna. De toute manière, ils ont déjà vu la plupart de mes amis.

Sans répondre, Kristian se lève pour aller chercher la cafetière et son regard tombe sur le journal intime que Jenna a laissé traîner sur son bureau. Amusé, il le prend et l’agite.

— C’est marrant que tu écrives ça. Je n’ose même pas imaginer ce que tu dis sur moi.

— Qu’est-ce qui te fait croire que je parle de toi dans mon journal ? rétorque Jenna, un peu sur la défensive.

— Nan, nan, nan, la miss ! Arrête de nier. Je suis certain que tu écris des tas de trucs sur moi, là-dedans.

Jenna rougit légèrement. Il n’a pas tort. Elle noircit des pages et des pages à son sujet, y répandant jusqu’à l’overdose tous les sentiments qu’elle n’ose pas lui avouer. Voyant ses joues s’empourprer, Kristian éclate de rire.

— J’en étais sûr ! Qu’est-ce que tu écris sur moi ? Que je suis le meilleur amant que tu n’aies jamais eu et que je te fais l’amour comme un dieu ?

— Plutôt que tu es prodigieusement énervant, riposte Jenna, piquée. Et de toute façon, ça ne te regarde pas. Un journal intime c’est privé, donc sujet clos.

L’appel de Thomas apporte une diversion bienvenue et Jenna se rue pour répondre avant que Kristian ait le temps d’argumenter.

— Salut Tom !

— Coucou Jen. J’appelle pour te dire que je ne vais pas tarder à arriver chez toi. Je serai là dans un quart d’heure si c’est bon pour vous deux.

— Euh…oui, s’étonne Jenna. Pas de souci, on t’attend.

— Je voulais être sûr que vous ayez le temps de terminer et de vous rhabiller au cas où ! glousse Thomas. À tout de suite.

Levant les yeux au ciel, Jenna raccroche.

— Tom arrive, informe-t-elle Kristian.

— Ah bah on se verse un petit apéro alors, décide-t-il.

— Je préviens Diana, déclare Jenna en cognant vigoureusement contre le mur séparant leurs studios.

Lorsque Thomas arrive, Kristian et Jenna le fixent avec stupeur. Exit le jean et le pull informe, Thomas porte une chemise vert bouteille et un pantalon de ville.

— Tu es drôlement beau, qu’est-ce qui t’arrive ? le salue Jenna.

— Dis tout de suite que d’habitude tu me trouves moche, rétorque Thomas pince sans rire.

Kristian explose de rire et Jenna soupire.

— Raaa tu vois ce que je voulais dire ! Je crois que c’est la première fois depuis que je te connais que je te vois porter une chemise, alors excuse-moi d’être surprise.

Thomas se laisse tomber sur une chauffeuse.

— J’avais un entretien pour un stage et je suis venu direct après vu que c’était près de chez toi. C’est pour ça que je suis habillé en pingouin.

— Ça s’est bien passé ? lui demandent Kristian et Jenna avec un parfait ensemble, le faisant sourire.

— On verra, je suis plutôt confiant… bon j’ai le droit d’avoir un verre ou vous avez décidé de me laisser me dessécher ?

Thomas servi, Jenna les abandonne temporairement afin d’aller chercher Diana qui se fait désirer.