Fyctia

Note : Le titre complet est "Petites confidences entre amis"

Jen repart chez Philippe le samedi en début d’après-midi. Elle profite du long trajet en train pour téléphoner à ses copines. Elle commence par prendre des nouvelles de Diana. Celle-ci se porte comme un charme, elle s’est beaucoup amusée pour le réveillon de la Saint-Sylvestre qu’elle a fêté en compagnie des amis français qu’elle a rencontré en Italie.

— Je suis sortie avec Ludo, explique-t-elle.

— Tiens donc… je croyais que ce n’était qu’un ami ? la taquine Jenna.

— Non mais c’était juste dans l’euphorie du moment. Je te l’ai dit, il ne m’intéresse pas.

Jenna poursuit ses taquineries pendant quelques minutes puis après avoir assuré Diana qu’elle serait de retour dans son appartement dès le lundi matin, elle téléphone à Marjo. La conversation est laborieuse.

— Qu’est-ce que tu as fait pour le Nouvel-An ? demande Jenna devant son manque de répondant. Tu es sortie ?

— Non. J’ai organisé un petit repas chez moi avec Paul, Armand, Juju et Vivi.

Sympa de nous avoir invitées Diana et moi, songe Jenna. Agacée, elle ne fait plus la moindre tentative pour relancer la discussion et elle raccroche deux minutes plus tard.

***

Lorsque Philippe récupère Jenna à la gare, il lui annonce le programme des festivités.

— On est tous invités chez les Bretons pour arroser la nouvelle année.

Chouette… Enfin au moins, je n’aurais pas à me taper le ménage demain, positive Jenna.

Après avoir fait un détour par la chambre de Philippe, ils sont rejoints par Pascal et Thierry qui sont munis de leurs sacs de voyage. L’alcool allant couler à flots durant la soirée, Phil leur a proposé de les héberger.

***

La soirée est animée. Yannick et Gwen n’ont pas fait dans la demi-mesure et les convives se régalent d’un punch maison fortement dosé. Au bout d’un moment, Pascal rejoint Jenna sur le canapé pour bavarder. Il n’est pas très long à en venir au fait :

— Diana, elle a quelqu’un en ce moment ?

— Pour l’instant non, mais mon petit doigt me dit que ça ne va pas durer…

Une moue dépitée échappe à Pascal et il confesse :

— En fait, le jour où je l’ai quittée, ce n’était pas ce que je voulais faire. J’avais prévu de lui proposer de faire une pause pour qu’on voit où on en était, mais elle s’est mise sur la défensive et s’est montrée assez distante avec moi alors j’ai préféré en finir tout de suite.

Jenna ne cache pas sa stupeur et Pascal soupire.

— Je sais que tu ne me croiras sans doute pas mais j’étais amoureux de Diana. Et j’admets que, parfois, je regrette de l’avoir quittée.

Tiens donc…

— Enfin, c’est tout… elle est passée à autre chose. Tant pis pour moi, déplore Pascal.

Jenna retient un sourire et note mentalement de répéter scrupuleusement cette conversation à Diana. Nul doute que les regrets de Pascal lui feront plaisir !

De fil en aiguille, ils en viennent à parler de Phil. Pascal se montre sans pitié envers son ami :

— Je ne comprends pas pourquoi tu restes avec lui. Tu aurais dû le quitter il y des mois, le soir où il t’a fait cette réflexion dégueulasse sur tes yeux.

Jenna se crispe à ce rappel. Elle n’a toujours pas digéré cet épisode qui a fait remonter ses complexes et n’a pas non plus pardonné à Phil.

— Ce n’était pas loin, avoue Jenna. Mais je n’allais pas mettre quatre ans à la poubelle pour une remarque.

— Ce n’est pas la seule. Phil n’est pas très sympa avec toi. Il est trop con, il ne mesure pas la chance qu’il a.

Un peu mal à l’aise, Jenna s’écarte légèrement au prétexte de prendre son verre.

— C’est gentil de dire ça mais… bah, tu connais Phil.

L’intéressé les rejoint justement, s’inquiétant de leur isolement prolongé.

— Vous faites bande à part ?

— Non. On discute, répond Pascal d’un ton sec.

Ne se laissant pas décourager par le manque d’amabilité de son ami, Philippe se laisse tomber entre eux sur le canapé et gratifie Pascal d’un regard sans équivoque : il est prié d’aller voir ailleurs.

Une fois le message passé, Phil profite de ce semblant d’intimité pour se pencher à l’oreille de Jenna.

— Ça me fait plaisir de voir que tu as retrouvé le sourire, assure-t-il.

Sans attendre sa réponse, Phil ajoute :

— Je t’aime.

Le cœur brusquement serré, Jenna répond par automatisme :

— Moi aussi.

Ravi, Phil la gratifie d’un sourire heureux et d’un smack avant de rejoindre Yannick qui l’appelle à l’autre bout de la pièce. Restée momentanément seule, Jenna grimace, se sentant coupable. Elle n’est pas certaine de penser ce qu’elle vient d’affirmer à Phil, quant à son sourire… c’est grâce à Kristian qu’elle l’a retrouvé.

Gwen, complètement pétée, s’écroule à ses côtés et attrape un jeu de cartes.

— Je te fais un tirage ? Il faut que je m’entraîne.

Jenna, qui lui a appris la signification des cartes lors d’une précédente soirée arrosée, accepte de bonne grâce. Une moue résignée lui échappe en découvrant son tirage.

— Euh sept de cœur et sept de trèfle, ça veut dire quoi déjà ? lui demande Gwen.

— L’authentique passion, grince Jenna.

— Oh ! Mais… le roi de pique, ce n’est pas un brun ?

— Oui mais ça peut aussi signifier quelqu’un de rigide, il y a plusieurs interprétations possibles.

Assis non loin d’elles, Pascal ricane et se sert un autre punch. Jenna coule un regard inquiet dans sa direction. Il va falloir que je sois vigilante avec celui-là, il fouine un peu trop à mon goût.

La soirée se termine aux aurores. Les convives ont tous un bon coup dans le nez en particulier Pascal que Phil et Jenna portent à demi pour qu’il effectue le court trajet jusqu’au studio de Phil tandis que Thierry titube à leur suite en gloussant.

***

Vers neuf heures du matin, les fêtards sont réveillés en sursaut par un grand bruit. Affolés, Jenna et Phil se précipitent dans la partie salon — après avoir passé un kimono à la hâte pour Jenna. Thierry, vautré dans le clic-clac cligne des yeux et un soupir unanime leur échappe devant le spectacle qu’ils découvrent. La table de salle à manger — prêtée à Phil par les parents de Jenna — gît sur le flanc. Quant à Pascal, il ronfle comme un sonneur, enroulé dans la nappe.

— Je crois qu’il est allé vomir et s’est viandé en revenant se coucher, explique Thierry.

— Pfff… bon bah tant pis pour lui, s’agace Phil. Moi, je ne m’amuse pas à le relever.

Sur ces paroles définitives, tout le monde retourne se coucher.