Floland American Thrill Chapitre 6 (3/4)

Chapitre 6 (3/4)

Harrison Garber



Le commissaire avait exigé que le rapport d’autopsie de Kristin Davis lui soit transféré sur sa messagerie électronique dès sa remise. Confortablement installé dans son salon avec sa fille, il n’y avait rien de tel que les résultats de l’institut médico-légal pour lui gâcher son dimanche : le légiste concluait au suicide. Sans lettre d’adieu ni aucun médicament psychostrope ou autre comprimé suspect retrouvé chez la défunte, Garber savait les difficultés qu’il aurait à déterminer les causes d’un tel acte.

L’adolescente de dix-sept ans qui faisait studieusement de l’ordinateur portable en face de lui, lut sur son visage l’embarras qui le travaillait. Au quotidien, son papa Harry, comme le célèbre inspecteur, lui racontait, davantage qu’à sa mère, la vie de son travail. La jeune fille avait déjà entendu parlé du probable meurtre déguisé en suicide de l’hôtesse de l’air.

« Le médecin-légiste te casse les pieds ? » demanda-t-elle non sans ironie.

Il haussa les sourcils avec un sourire de complète approbation.

« Il estime que c’est la chute qui l’a tuée ?

– Pile comme je m’y attendais… soupira-t-il. Comme ses patients n’ont aucun moyen de se défendre eux-mêmes, ce jeune médecin se croit autorisé à faire des erreurs plus grosses que lui.

– L’affaire est classée ?

– Ça, il en est hors de question ! Je pourrais le faire avec son rapport mais…

– Personne ne se prépare un thé ou un cappucino avant de se jeter par la fenêtre ! s’exclama la fille.

– Exactement ! D’ailleurs, le contenu gastrique ne montre pas qu’elle ait bu une quelconque boisson chaude. La bouilloire aurait bien dû être froide.

– Que vas tu faire du coup, inspecteur Harry ? interrogea-t-elle très curieuse.

– Je suis obligé de suivre cette piste du suicide, de chercher du côté de son entreprise et de sa famille de quoi l’étayer.

– Si elle ne s’est pas tuée toute seule, tu ne découvriras rien…

– Tu as entièrement raison ma puce, t’es bien ma fille toute crachée ! Il se peut aussi que je découvre quelque chose : soit que je me suis trompé, soit que j’ai eu raison de ne pas classer l’affaire tout de suite. »



Alicia Jennings



De retour de la maison de retraite où elle était allée chercher son beau-père, Alicia gara son quatre-quatre devant la porte du garage. « Ian, vous pouvez faire le tour par l’extérieur. Josh doit encore être sur la terrasse de l’autre côté.

– Josh ?

– Joshua, votre fils. »

Le vieillard clopina alors avec sa canne en direction du jardin. Alicia saisit sa bouteille d’eau dans son sac à main et avala un comprimé de tranquillisant. Profitant de son moment de solitude pour fumer une cigarette au soleil, elle reconnut le toussotement d’une guimbarde. La Ford blanche décapotable de ses parents apparut aussitôt entre les platanes de la rue.

Martha Jennings remit son chapeau pour sortir de sa vieille voiture. « Aly ! Comment vas-tu ma chérie ? s’exclama-t-elle. C’est formidable ! Je sais combien la vie en ville est harassante mais j’adore votre quartier. »

Alicia embrassa sa mère, sans répondre à son enthousiasme exagéré, avant d’aller serrer son père dans ses bras. Alan avait une soixantaine d’années bien passée. Ses cheveux grisonnants, sa peau tannée et sa chemise en jean lui donnaient un petit air de farmer du sud. Un bout de cigarette coincé au bord des lèvres, il considéra avec respect la maison de sa fille.

« Suivez-moi, je vais vous montrer tout ce qui a changé depuis la dernière fois que vous êtes venus, proposa jovialement Alicia. C’est très différent depuis que nous avons des nouveaux meubles.

– Il est tout petit ce chien. Comme il est trognon ! cria la mère avec légèreté.

– C’est Josh qui me l’a offert pour mon anniversaire. Il s’appelle Bily. »

Après avoir fait le tour des pièces, Alan s’assit dehors près de Ian et de Joshua. Ce dernier ne quittait ses dossiers des yeux que pour surveiller son père.

Les femmes mettaient la table et bavardaient : « Comment vous sentez-vous ici ? demanda Martha.

– Nous avons tout ce qu’il nous faut pour vivre au mieux, maman.

– Mais New York, ma chérie, c’est si grand…

– Justement, Josh n’aurait jamais pu trouver une place comme celle du cabinet Cobbens à la campagne. »

– Heureusement, votre rue semble calme. »

Martha regarda Ian un instant qui parlait dehors avec Joshua. « Il y a longtemps qu’il perd la tête ? s’enquit-elle discrètement auprès d’Alicia.

– Je crois qu’il a commencé à perdre la mémoire il y a 12 ou 13 ans mais Josh n’en parle presque pas.

– Mon Dieu, il était encore assez jeune quand sa maladie s’est déclarée !

– Oui c’était un cas d’Alzheimer précoce.

– Précoce ? Quel âge a-t-il, 80 ans au moins, non ?

– 70 ans. Cette maladie provoque un vieillissement physique aussi.

– Le pauvre Joshua doit être bien tracassé avec son papa, commenta Martha. En plus, il est complètement seul pour s’en occuper. »

Alicia était gênée de parler aussi près de Joshua. Elles étaient dans la cuisine, à seulement quelques mètres de lui. « Ça va mieux maintenant que Josh a les moyens de s’occuper de lui. » répondit Alicia.

Lorsque Ian avait commencé à perdre la tête, Joshua n’avait même pas commencé ses études. Il avait raconté à Alicia qu’il avait failli ne pas aller à l’université pour s’occuper de son père et réussir à payer les frais médicaux. « Quand je pense que sa mère les a abandonné… surrenchérit Martha. C’est terrible.

– Oui. Bon maman, coupa Alicia à voix basse, c’est un sujet très sensible. Donc… parlons d’autre chose, tu veux bien.

« De quoi me parlais-tu avant ?

– Je ne sais plus, Aly… »

Martha se tourna à nouveau vers le jardin comme un petit Eden dans la jungle new-yorkaise. « Je disais que votre quartier a quand même l’air calme dans cette ville. »

Alicia était soulagée de ne plus parler de Ian. « Pourtant, tu as l’air vraiment fatiguée. » reprit sa mère entre inquiétude et déception.

La bonne humeur de Martha Jennings avait complètement cédé sa place à la maladresse. Alicia supportait cette remarque d’autant moins qu’elle avait tout à fait conscience de sa faiblesse. « Tu es si gentille de me dire que j’ai une tête de cadavre à chaque fois que nous nous voyons. Je ne suis pas à la retraite. Je ne partage pas ma vie entre les promenades en forêt et les vacances au soleil.

– Tu es irritable Alicia.

– Tu me casses les pieds, c’est clair ! Pour tout te dire, j’ai eu tellement peur de ne pas te supporter que j’ai pris un calmant avant que vous n’arriviez. Tu peux aller vérifier dans mon sac à main si tu veux !

– Mais enfin, ne t’énerve pas Alicia… » réconcilia Alan.

Il y avait plusieurs années qu’il n’avait pas joué le rôle de médiateur. Comme lorsque Alicia était plus jeune, sa tension s’apaisa presque aussitôt l’intervention de son père.

« Excuse-moi, maman. En effet, je suis fatiguée ces derniers temps.

– Je ne t’en veux pas, nous sommes venus passer un agréable dimanche avec toi et Joshua.

– Viens avec moi monter le barnum, Aly, pendant que ta mère surveille la cuisson. Il me semble que le soleil éblouit Josh sérieusement. »

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5 commentaires

Anastasie

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Il y a 8 ans

Oui ça fait du bien un "relâchement" de la tension, même si on se doute que ça va repartir de plus belle après

Floland

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Il y a 8 ans

Un simple dimanche en famille pour se ressourcer et faire connaissance avec la famille de nos deux héros

Chouette Canadienne

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Il y a 8 ans

Hum, on sent bien que ça va dérailler........ Hâte !

Denyze

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Il y a 8 ans

difficile la vie !...

Ladette

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Il y a 8 ans

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