Fyctia
Souhaitez-lui la bienvenue
Au bout du couloir inconnu, je tournais sur la droite et atterris face à la porte des toilettes pour femmes. Mon cœur était fin prêt à bondir de ma poitrine. Face à la glace, je me regardais brièvement, mains tremblantes. Je me retournais ensuite et m'accroupis pour voir si il n'y avait personne. J'étais seule. Je m'enfermais dans la seconde dans l'une des cabines de toilette puis m'assis sur le battant de WC. Une image me revint alors comme un flash à nouveau.
Notre première rencontre avec Matt se fit en décembre dans une galerie marchande. Don't Shoot Me Santa par le groupe "The Killers", était diffusé et j'avais souri en l'écoutant. Une chanson qui se démarquait des chants traditionnels repris. Nous étions à deux semaines du 25 décembre et il me restait à acheter un cadeau respectif pour mes parents. J'avais acheté une montre parlante pour Gaëtan qu'il avait repéré quand nous étions entrés dans un magasin de gadgets en tout genre il y a un mois de cela. En démonstration, l'instrument fantaisie avait attiré immédiatement son attention. Cela m'avait rendu service, me disant que ça serait un cadeau original à lui faire.
Matt se tenait derrière moi, sur l'escalator, reprenant à voix basse le refrain de la chanson.
— Don't shoot me Santa Clause, I've been a clean livin boy, I promise you, Did every little thing you asked me to, I can't believe the things I'm going through ...
Son grain de voix était plutôt joli. Je m'étais retourné afin de voir à qui appartenait ce timbre au rythme juste avant de regarder droit devant. Mes joues avaient rougi comme une collégienne. Ça avait été très étrange car à cet instant nous ne nous connaissions pas encore, étant un parfait étranger. J'aurais dû me méfier de l'effet qu'il avait produit sur moi. Involontairement, il m'avait ensuite frôlé, respirant ainsi de près son parfum. Boisé avec du musc. Il m'avait semblé également avoir capté à l'odorat une note légère de cèdre. De très bonne humeur ce jour-là, Matt s'était retourné en ma direction et avait continué à chanter.
— I couldn't let them off that easy, Go Santa, It's been a real hard year.
Ce parfait inconnu n'avait pas dû, quant à lui, passer une très dure année mais plutôt très bonne. Son expression guillerette me l'avait prouvé. Vingt minutes plus tard, nous étions tombés nez à nez à l'extérieur, chacun partant de son côté. Il m'avait juste adressé un charmant sourire, lui rendant. Je l'avais trouvé bel homme. Avec ses 1 m 85, son costume bleu gris qui le taillait à la perfection. Qui n'aurait pas été séduite?
Le morceau me revint à l'esprit en me remémorant ce premier contact. Je restais sept bonnes minutes enfermée avant de partir. Je repris le même chemin tout en priant de ne pas le croiser ou bien de le retrouver ou je l'avais laissé comme une dégonflée. Lorsque j'arrivais à mon point de départ, heureusement, il n'était plus là. Ayant moins d'une heure devant moi pour déjeuner, j'en profitais pour m'en aller illico. Je ne voulais pas prendre le risque de le revoir. Du moins aujourd'hui, croisant les doigts. J'étais consciente que lorsque Matt prendrait ses fonctions au sein de la société, ça serait difficile d'y échapper.
°°°°°°
Toujours contrariée, je pris une salade composée avec de l'eau gazeuse. Tous les midis, j'avais l'habitude de manger dans ce petit restaurant pas cher qui se trouvait à quinze minutes environ de mon lieu de travail. Alors que je commençais à enfourner une bouchée, j'entendis, Don't Shoot Me Santa qui passait à la radio. Je faillis avaler de travers. Je reposais ma fourchette sur la table, placée près de la vitre, me disant qu'il était évident que ce n'était pas juste une coïncidence de l'entendre. C'était un signe. J'eus du mal à terminer ma salade, en laissant la moitié. Dix minutes plus tard, sur le point de quitter le restaurant après avoir payé, mon portable sonna.
— Allô?
— Où êtes-vous? me demanda monsieur Perpeskin, d'un ton pressant.
— Au restaurant en train de déjeuner.
— Avez-vous fini?
— Oui.
— Rentrez maintenant. Je dois faire une annonce qui ne peut attendre, exigea-t-il.
Il raccrocha après s'être montré expéditif et je partis en vitesse juste après. Arrivée quelques minutes plus tard, sa secrétaire se dirigea en ma direction après que je sois sortie de l'ascenseur. Il n'y avait jamais de temps mort avec le grand patron. Il fallait à tout prix faire preuve de réactivité sans mollir. J'avoue que c'était parfois épuisant de tenir le rythme.
Madame Sarches me mena directement jusqu'à une plus grande salle dans laquelle tous les membres du service étaient présents. Debout, derrière, je me dis que cette journée n'en finissait pas avec cette deuxième annonce. Une troisième peut-être et en fin d'après-midi?!
— Votre attention, je vous prie. Comme vous le savez notre actuel vice président nous quittera bientôt. C'est pour cette raison que je tenais déjà à vous présenter son futur successeur.
— Oh, non. Pas ça. me murmurais-je.
— Voici monsieur Matt Gosselin. annonça-t-il avec fierté.
Tout le monde applaudit sauf moi. C'était officiel.
Je restais quelques secondes dans la pièce afin de ne pas m'enfuir à nouveau comme une voleuse puis je m'esquissais ensuite sans que personne ne le remarque. Je ne pouvais pas encore aller me réfugier dans les toilettes. Je pris alors sur moi après un petit instant de réflexion et regagnais la grande salle avant de m'avancer vers mon ancien amant. Bon nombre de gens allaient le féliciter en lui serrant la main. J'en fis de même. Quand nous nous retrouvâmes face à face, il fut embarrassé tout autant que moi. Toutefois, ça ne dura que très peu de temps sans que quiconque ne s'en aperçoit.
— Félicitation, monsieur Gosselin.
J'employais un ton sobre, secouant sa main très brièvement. Je sortis ensuite d'ici, soulagée d'avoir fait preuve de maturité. Je me demandais tout de même si je pourrais en être capable à chaque fois. La coupure avec les fêtes de fin d'année allait m'être d'un grand secours cependant.
3 commentaires
Oona Rose
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Il y a 4 ans
DizzySparkle
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Il y a 4 ans
Oona Rose
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Il y a 4 ans