Fyctia

Pendant le cours de Madame Fellman, qui semble complètement dépassé par le boulot qu’elle doit nous donner, en l’occurrence les techniques d’approche afin de visualiser l’ensemble du lieu d’action, je végète sur ma table.

Elle annonce que tout est dans l’attitude, il ne faut pas se laisser submerger par les épreuves qui nous attendent. Il faut tout analyser. Chaque geste, chaque regard, tout peut être essentiel à l’anticipation.

J’écoute encore le même baratin que Monsieur Mayson, an-ti-ci-per.

Si avec ça on ne comprend pas ! Les doutes en moi qui m’assaillent me permettent de rester vigilant à chaque minute. Pearson qui est devenu un confident va me permettre de me lâcher. Je ne crois pas qu’il soit capable de quoique ce soit et à l’évidence, je ne vois pas non plus son frère. Ils n’ont pas le profil.

Cela fait quelques jours que le piratage a eu lieu et rien n’a avancé. Les agents n'ont aucune piste.

Pour eux, tout reste nébuleux dans cette histoire.

Je suis dans mes pensées lorsque le Directeur rentre dans la salle de classe. Tiens, je ne l’ai même pas entendu frapper.

Il n’a pas la même prestance que lorsqu’il parle en public devant des centaines d’élèves, en cet instant il est plus relax. Madame Fellman le laisse parler.

—Il a été convenu que vous pourriez visiter notre spatio-port et naviguer avec l’armée de Monsieur Phenix dans le ciel d’Alpha Centauri. C’est pour cela que je suis ici afin de vous proposer cet avantage au plus méritant. Malheureusement, tout le monde n’y aura pas droit, annonce-t-il avec le tact qui le qualifie.

—Ce n’est proposé qu’aux premières années ? entend-je de la bouche de l’un des élèves.

—Oui, quelques-uns de vos anciens camarades ont déjà eu l’honneur de concourir pour avoir eu le plaisir de suivre pendant une journée sa troupe surentraînée.

La salle s’échauffe et tout le monde est excité à l’idée d’obtenir l’opportunité de sortir d’ici le temps d’une journée.

—Je vous explique en bref, vous devez vous inscrire et des épreuves vous serons fournis pour désigner la ou le vainqueur !

Moi, cela ne me fait ni chaud ni froid, qu’importe cette prime, je m’en fous. D’autant plus que ces épreuves doivent être physique et que je suis nul en matière de combat.

—T’as vu je veux et vais gagner ! s’empourpre Lény et Arielle n’est pas mieux, elle est survoltée:

—C’est pour moi, ça !

—Quand bien même c’est intéressant, ce n’est pas ma priorité, leur signale-je.

Cependant, un autre élève vient s’immiscer dans notre conversation.

—Ah oui, et si je te mets au défi, Kanes ?

L’arrogance de Virgil m’épate. S’il croit que j’adhère à son stratagème, celui de me voir perdre et d’en prendre plaisir afin de me rabaisser encore plus, il se fourre le doigt dans l’œil.

—Je te laisse la place, je m’en fous !

Il a beau me narguer avec ses airs de m’as-tu vu, je garde l’espoir que Lény parviendra à le détrôner.

—Ce ne sont pas que des exercices physiques qui nous attendent, sachez-le ! nous informe Pearson.

C’est vrai son frère est déjà passé par là, alors il doit savoir en quoi cela retourne.

—Mais ils ont peut-être changé leur fusil d’épaule, t’as entendu ce qui a été dit à la soirée, le Général Phenix cherche des recrues, surenchérit Virgil.

—Si tu crois gagner, on a déjà vu l’état dans lequel je t’ai mis, en rajoute Arielle.

Elle aime le taquiner à ce que je vois, et elle a bien raison il a besoin qu’on le remette à sa place.

Il est toutefois indifférent à sa remarque, ce qui est un miracle.

Dans la foulée Lény surjoue en gonflant le torse pour mimer une action de force.

—Je vais vous épater, vous verrez, ce n’est pas la peine de faire le fier !

Virgil est catégorique, il se voit dans ce vaisseau dans la traque des criminels.

Pour s’inscrire, il suffit de mentionner son nom sur la tablette numérique qui se jouxte l’accueil, à côté du bureau du Directeur.

Les épreuves auront lieu dans une semaine. Je ne réfléchis pas à deux fois et même en passant devant ce tableau d’affichage virtuel proposant cette journée exceptionnelle, je ne craque pas. En aucun cas, je ne me laisserai berner par l’euphorie qui inonde mes amis. Ils sont obnubilés par cela.

Je passe mon temps libre dans le laboratoire du Professeur Norton. Mes autres compagnons du groupe Temporis sont formels, rien n’est plus distrayant et gratifiant que de se surpasser tout le long de l’année. Un exercice sur le tas, ne sera jamais aussi méritant qu’un entraînement sur le long cours.

C’est vrai, je reste persuadé que je dois me focaliser sur ce que je suis déjà en train de mettre en place. Mon intégration dans cette zone va me permettre d’atteindre un objectif impossible dans l’immédiat mais pas inaccessible.

Se plonger dans le futur peut-il nous ramener dans le passé ? J’ai bien l’intention d’expérimenter la chose. Cette montre que je garde précieusement avec moi recèle un mystère lié à mon avenir en tout cas.

Je décide de passer par le laboratoire afin de mieux étudier cet objet. S’il vient d’un futur, peut-être pourrais-je en établir l’année de conception ? Si un autre message se cachait dans les entrailles de cette technologie avancée ?