Fyctia
Chapitre 9 - Charles
Ils s'approchent lentement de nous, leur visage marqué par l'anxiété. L'air frais du matin de Noël les enveloppe, mais leur esprit est bien loin des festivités.
Julie se lève précipitamment, l'air inquiète.
- Comment va Albane ?
J'observe Elisabeth elle a les yeux rougis.
- C'est… c'est compliqué. Le médecin nous a dit que son état est stable pour l'instant, mais ils ne peuvent pas vraiment prédire quand elle se réveillera. Ils l’ont mise sous surveillance et ont augmenté son traitement pour stabiliser son taux de sucre dans le sang. Le coma est profond... On ne sait pas ce qui se passera. C'est un miracle qu'elle soit encore avec nous.
Nicolas, qui jusque-là était resté silencieux, prend la parole, sa voix cassée par l'émotion.
- Elle était si fragile quand on est arrivés…
L’infirmière nous a dit qu'il fallait attendre. Les premiers jours sont cruciaux, mais… Je ne sais pas si je crois en un miracle de Noël ce matin.
Je vois Edouard scruter un instant la salle d'attente, ses yeux balayant les sièges vides. Quelque chose le perturbe. Il fronce les sourcils, jetant un regard plus insistant aux alentours.
- Où est Aaron ? Il n'était pas avec vous ?
J'hausse les épaules.
- Il est sorti fumer il y a un moment, mais il n'est jamais revenu.
Julie n’a pas l’air de comprendre non plus.
- Il n'était pas bien, il semblait nerveux… Il est allé prendre l'air.
- Peut-être qu’il a besoin de respirer un peu, tout ça doit être insupportable pour lui aussi.
Elisabeth essaie de rassurer Edouard, mais il semble toujours aussi troublé. Il se dirige vers la porte et regarde dans le couloir déserté.
- Il n’a pas l’air d’être dehors. On devrait aller vérifier, non ?
L'idée qu'il pourrait fuir face à cette situation me terrifie. Edouard sort devant l'hôpital et se met à crier.
- Aaron ? T'es là ?
Il n'y a pas de réponse. Il n'est pas là.
- Vous croyez qu'il... qu'il a abandonné ?
Elisabeth murmure ces mots, le souffle à moitié coupé. "abandonné"... le mot reste suspendu dans l'air, glacé et douloureux. Edouard serre les poings, abasourdi. Julie, elle, a l’air perdue.
- Il ne peut pas… enfin, pas comme ça. Aaron a toujours été là pour elle. Pourquoi partir maintenant, surtout dans un moment pareil ?
- C’est de la fuite, Julie. Il ne veut pas affronter la réalité, peut-être qu’il n’arrive pas à accepter que Albane soit dans cet état. Mais partir comme ça, laisser tout tomber…
- Peut-être qu’il ne sait pas comment gérer la situation, Charles… peut-être qu’il se sent totalement perdu, comme nous tous. Mais fuir ne va rien changer oui…
Edouard secoue la tête, déçu et frustré. Elisabeth commence à s’agacer.
- Mais c’est ça, justement ! Il choisit de fuir au lieu de se battre, de rester près d'elle, même si c’est difficile. C’est… c’est pas ce que Albane mérite.
Julie sort son téléphone.
- Je l'appelle.
Elle a beau s’obstiner, je sais au fond de moi qu’il ne reviendra pas.
- On ne peut pas le forcer à revenir. On ne sait même pas ce qu’il ressent. Mais toi et moi, et tous ceux qui restent ici, on a choisi de ne pas fuir. Et c'est ce dont Albane a besoin, de gens qui restent, qui l’aiment, quoi qu’il arrive.
- Mais c'est peut-être un malentendu, peut-être qu'il est juste parti chercher quelque chose, qu'il va revenir, qu'on s'est fait des films…
- Julie, ça fait trop longtemps qu'il est parti pour penser ça. Puis si c'était quelque chose d'anodin, il nous aurait prévenu avant de partir, tu ne penses pas ?
Chacun comprend que cette situation va au-delà des simples choix individuels. C'est la douleur, l'incertitude, et la peur qui conduisent chacun à agir différemment. Mais tout le monde sait qu’en cet instant, ils ne peuvent pas se permettre d’abandonner. Si Albane, elle, n'abandonne pas, eux n'ont aucune raison de le faire.
- Tu as raison. Mais je vais quand même chercher Aaron. Il faut qu’il comprenne que partir n'est pas la solution.
Julie part, ses pas résonnant sur le sol froid. Je lui ai prêté ma voiture pour qu'elle se rende chez Aaron et Albane.
De retour dans la salle d'attente, nous nous asseyons. C’est Nicolas qui relance le sujet.
- Ça ne me surprend pas. Il est du genre à fuir quand ça devient trop dur.
- Mais c’est inadmissible ! Albane est dans le coma, et lui, il… il l’abandonne ? Quel genre d’homme fait ça ?
- Peut-être qu’il n’a pas supporté la situation, marraine. Tout le monde ne sait pas gérer ce genre d’épreuve.
Edouard crie à moitié.
- Ah oui, bien sûr, « le pauvre », il souffre trop alors il s’en va ! Pendant ce temps, c’est nous qui restons à attendre, à espérer…
- Ouais, papa a raison, on devrait lui dire ses quatre vérités, s’il daigne réapparaître.
- Et s’il ne revient jamais, les garçons ? Albane va se réveiller un jour… elle va se retrouver seule… ma petite fille.
Je tente de rassurer Elisabeth.
- Si c’est le cas, alors on sera là pour elle. Contrairement à lui.
Un médecin en blouse blanche entre. Ce n'est pas le Dr Lemoine. Il a un léger sourire en se dirigeant vers nous, ce qui nous surprend immédiatement. Peut-être nous confond il avec une autre famille ? Nous ne sommes plus les seuls dans la salle d'attente.
- Bonjour. Je viens vous donner des nouvelles d’Albane.
Nous le fixons tous, en attendant la suite.
- Elle s’est réveillée.
Un silence abasourdi s’installe. Puis, une explosion. C'est tellement inattendu. Nous sommes tous très heureux de la nouvelle.
- Attendez… Elle s’est réveillée ?! Mais… un coma diabétique de cette ampleur dure des semaines, normalement ! C'est ce qu'on nous avait dit !
- Oui, madame, c’est ce qu’on pensait aussi. Mais contre toute attente, Albane a repris conscience beaucoup plus tôt que prévu. Nous ne pouvons pas l’expliquer médicalement… C’est presque un miracle.
- Un miracle de Noël… Elle est consciente ? Elle parle ?
- Elle est très faible, et nous devons la laisser se reposer. Son corps a subi un choc violent. Mais oui, elle a ouvert les yeux, elle a réussi à articuler quelques mots.
Edouard se dirige déjà vers la chambre d’Albane.
- On peut la voir, alors ?
- Pas encore, monsieur, s’il-vous-plaît. Il faut lui laisser le temps de récupérer. Mais ce que vous pouvez faire, c’est être là pour elle quand elle sera prête.
On échange des regards, partagés entre le soulagement, l’émotion et la stupeur. Dans le couloir, au loin, une infirmière passe avec une guirlande de Noël accrochée à son chariot. Un miracle, vraiment ? Ou juste un heureux hasard ? Peu importe. Albane est revenue.
Puis le docteur tourne son regard vers moi.
- C'est vous Aaron ? Elle a demandé à vous voir dès son réveil.
- Euh... Non, je... je ne suis pas Aaron.
- Ah. Pourtant, en se réveillant, Albane a murmuré ce prénom. Elle voulait savoir s’il était là. J'en ai déduit que c'était vous, l'autre garçon ayant un air de famille avec elle.
Je regarde autour de moi, pris au dépourvu par la situation. Élisabeth détourne les yeux, visiblement touchée. Nicolas serre la mâchoire et Édouard croise les bras, l’air agacé.
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Nina Fenice
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Il y a 10 jours
kira kyn
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Il y a 12 jours
mima77
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Il y a 13 jours
Juxbook
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M.B.Auzil
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Ady Regan
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petites.plumes
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Il y a 18 jours
petites.plumes
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Il y a 18 jours
Charlyemorand
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Il y a 19 jours
Chloé Hazel
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Il y a 19 jours