Fyctia
Gloria
La voiture s’arrête devant le portail. Michael sort de la maison pour les accueillir. J’ai peur de m’emballer et de retrouver de l’espoir alors que ma fille sera mise à mort dans quelques jours…
- Bonjour Madame, lancent-elles
- Bonjour mesdemoiselles, installez-vous je vous en prie.
- Merci
- Souhaitez vous boire ou manger quelque chose ?
- Oui, merci, répondit Aibi. Pourquoi avez-vous changé d’avis ?
Skeeter me regarde avec de grands yeux, je pense qu’elle essaie de comprendre ce qu’elle fait là, alors que j’avais tout fait pour la faire partir de chez moi quelques jours plus tôt.
Michaël s’assoit à côté de moi, me prends la main et me regarde droit dans les yeux, avant d’ajouter doucement :
- Grand-mère, je pense qu’il est temps de leur raconter l’histoire.
L’histoire. Notre histoire. Il y a tellement longtemps… Cette journée où tout a basculé…
Je regarde Michaël droit dans les yeux en lui serrant la main.
- C’est Michaël qui m’a demandé de vous raconter l’histoire, parce qu’il a lu votre livre. Il vous fait confiance apparemment, et moi je fais confiance à mon petit-fils… Il pense que vous pouvez nous aider, alors je vais vous raconter ce qu’il s’est passé. J’espère que vous pourrez faire quelque chose pour aider ma fille, sa mère, à se sortir de là. Elle n’a rien fait. Elle était si jeune. Il ne lui serait rien arrivé si je n’avais pas été malade ce jour-là… Elle a proposé de me remplacer parce que j’étais clouée au lit et on avait besoin de cet argent…
Skeeter sort un appareil de sa poche et me demande si elle peut enregistrer. Je confirme d’un signe de tête, puis continue :
- AJ est partie très tôt le matin pour aller faire le ménage chez Monsieur et Madame Jones. Elle devait partir à l’école après. Je ne voulais pas qu’elle rate l’école. Il ne fallait pas qu’elle passe sa vie à faire du ménage comme moi. A la fin de la journée, elle n’était toujours pas rentrée à la maison, j’étais inquiète, et d’un coup, la police est venue fouiller sa chambre, ils ont tout retourné.
Les policiers m’ont appris qu’AJ était en prison, et ils ont dit qu’elle avait tué Monsieur Jones. J’ai tenté de la voir, mais ils me l’ont interdit. J’ai tout essayé, ils ne m’ont jamais laissé la voir. Quelques jours après, le procès avait lieu. Elle avait un avocat commis d’office. L’avocat n’a jamais posé de question… Je suis allée au tribunal, j’ai assisté à ce procès. Ils ont dit qu’AJ avait poignardé Monsieur Jones. Comment aurait-elle pu faire une chose pareille ? Elle était si jeune, si petite, c’était mon bébé. Elle n’a jamais pu se défendre. Ils ont dit qu’elle était en état de choc. L’avocat n’a rien fait pour l’aider, les « preuves » étaient accablantes.
La délibération a duré deux heures et le verdict est tombé. AJ a été déclarée coupable du meurtre de Monsieur Jones. La sentence était lourde : la peine de mort. J’ai assisté à ce moment tragique, impuissante, espérant un miracle, une révision de son procès, ou un nouvel élément qui pourrait prouver son innocence, en vain…
Quand elle a été emprisonnée, j’ai enfin pu aller la voir. Elle ne parlait toujours pas. Elle avait l’air effrayée. Mon pauvre bébé… Au début, quand j’allais la voir, elle n’arrêtait pas de faire « non » avec sa tête…
Je me lève et marche un peu, puis expire un grand coup et reprends, en regardant par la fenêtre :
- Après quelques semaines, AJ ne parlait toujours pas. J’allais la voir une fois par semaine, le dimanche, après la messe. Un jour, elle m’a serré la main très fort et m’a fait voir son ventre… Après quelques secondes, j’ai enfin compris…
Je me suis écroulée par terre et j’ai hurlé. Elle était enceinte. Je lui ai demandé si c’était « lui » le père… et elle a acquiescé en pleurant.
Ce salopard. Ça ne lui avait pas suffi… Heureusement qu’il était mort, cet enfant de salaud. Sinon, je vous jure que c’est moi qui aurais été le poignarder… Il a recommencé… avec ma fille !
Michaël se leva et me pris dans ses bras. Skeeter et Aibi restent sans voix.
La petite machine d’enregistrement de Skeeter clignotait discrètement, capturant chaque syllabe, chaque émotion. Je me demande ce qu’elle ressent en ce moment, assise là, témoin de cette histoire familiale complexe.
Michaël, à mes côtés, me serre la main. Son regard est empreint d’une détermination farouche. Il sait que nous sommes à un tournant décisif. L’histoire de sa mère, est en train de se dévoiler, et nous devons trouver la vérité qui la sauvera.
2 commentaires
georgette
-
Il y a un an
Fso
-
Il y a un an