Fyctia
Skeeter
Je suis tellement dégoutée d’être partie. Depuis le temps que j’attendais cette visite…
Le taxi me dépose devant l’entrée du New York Times. Je paie le chauffeur et me dirige rapidement vers mon bureau, en évitant tout contact avec mes collègues, lorsque Harry m’interpelle :
- Skeeter, viens ici tout de suite !
- J’espère que je n’ai pas loupé la visite de la Statue que je veux faire depuis des mois pour rien !
- Tu as des réponses à ton appel à témoin.
- Et ça ne pouvait pas attendre cet après-midi ?
- Tu en as déjà reçu 134.
- 134 ? Et vous les avez lus ?
- Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas ton subalterne.
- Ok, ok, je vais les lire.
Maintenant que je suis là de toute façon…
Après être passée au distributeur pour acheter un Coca frais, j’allume mon ordinateur. La messagerie s’ouvre et m’indique 153 nouveaux messages.
J’ouvre le premier :
En pièce-jointe, j’ai même droit à une photo.
Ça commence bien… Je clique sur la corbeille.
Next :
Corbeille.
Okkk, ensuite :
Super, merci ! Supprimer.
Suivant :
What the f... Mais c’est quoi ça encore. Si je suis venue pour lire je genre de trucs je préfère rentrer !
J’ouvre un autre mail pendant que la boite m’informe de l’arrivée de plusieurs autres courriers :
Pff…
Après plusieurs messages, tous plus farfelus les uns que les autres, entre kidnapping extraterrestres, expériences néo-nazies et demande en mariage pour AJ, j’en ouvre enfin un premier intéressant :
Mon téléphone m’annonça un texto de Harold :
C'en est trop. Je vais prendre une pause et aller me chercher un hot dog, j’en ai besoin. Sur le chemin, j’en profite pour appeler Aibi et lui faire part du sms d’Harold. Malheureusement, je tombe sur sa messagerie.
Après quelques heures à lire des centaines de mails, un coursier m’apporta une lettre (mais qui envoie encore des lettres à notre époque ?) :
« CE N’EST PAS ELLE, AIDEZ-LA ».
̶ Ok, super ! C’est ce que j’essaie de faire figure-toi ! Tu ne pouvais pas m’apporter des éléments plutôt qu’écrire ça ! Sérieusement !
Au bureau, tout le monde s’arrête et me regarde, ébahis.
̶ C’est bon, le spectacle est fini.
A la fin de la journée, j’avais donc lu 278 mails et 7 lettres.
Les absurdités misent à part, il ne me restait que 24 messages avec des informations potentiellement intéressantes : la plupart renvoyait l’image d’un homme qui ne prenait pas soin de son enfant, l’oubliant à chaque sortie à la chasse. Il était également décrit comme quelqu’un d’extrêmement jaloux, possessif et violent. Le pervers narcissique par excellence. Il y avait également beaucoup de messages de femmes qui décrivaient Anton Jones comme un homme de la pire espèce, qui faisait des avances, avait essayé de les mettre dans son lit, était souvent alcoolisé. Les hommes faisaient l’éloge de son travail, évoquant l’avocat puissant qu’il était.
Quant à son fils, les avis étaient unanimes : la perceptrice était la seule à s’en occuper. Son père l’oubliait sans cesse. Et personne n’avait mentionné Mary jusque là...
Après tout ça, je rentrais enfin chez moi, épuisée par toute cette lecture absurde. Mary m’attendait à la porte de sa chambre :
- Alors ma petite, que s’est-il passé ?
- Si tu savais… Tu te rappelles que j’ai écrit un appel à témoin pour avoir des informations sur la nuit de la mort de ton mari ?
- Oui, bien sûr que je me souviens.
- Eh bien, figure toi que j’ai dû lire des centaines de courriers aujourd’hui.
- Y a-t-il eu des informations intéressantes ?
- Apparemment ton mari a été enlevé par les extra-terrestres, a appartenu au Ku Klux Klan, est parti rejoindre Hitler en Argentine, j’en passe et des meilleures. Et aux dernières nouvelles, la terre est plate.
- Mon dieu, quelle perte de temps.
- J’ai quand même eu des personnes qui m’ont raconté des choses plus intéressantes, mais je t’en parlerai demain, je suis beaucoup trop fatiguée pour le faire maintenant.
- Pas de soucis, mais quelque chose sur Junior ?
- Non rien, désolée. Bonne nuit Mary.
- Bonne nuit.
Le lendemain, au petit déjeuner, je faisais part des différents courrier à Mary, sans préciser pour le moment que personne ne l’avait mentionné.
̶ Mary, es-tu sûre que ce soit AJ qui l’a tué ?
̶ Ma foi, non. J’y ai beaucoup réfléchi depuis que je t’en ai parlé, et je pense de plus en plus qu’elle s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Mais je pensais plus à retrouver mon fils qu’à m’occuper de lui, puisque lui était déjà mort… Et que ce n’était pas une grande perte.
̶ T’entendais-tu bien avec la perceptrice de ton fils ?
̶ Nicole ? je lui disais bonjour quand je la voyais.
̶ Tu sais ce qu’elle est devenue ? Tu peux me donner son nom de famille ?
̶ Elle s’appelle Nicole Wilkinson. Et je n’en ai aucune idée. Elle a démissionné plusieurs mois avant toute cette affaire.
̶̶ Ok, merci.
En retournant au bureau, je ne savais toujours pas comment m’y prendre. J’avais besoin d’un vrai témoignage. Il me faudrait retrouver la perceptrice.
Mon téléphone sonna : un appel anonyme provenant de Jackson.
̶ Skeeter Phelan
̶ Est-ce vrai, ce qu’il y a écrit dans votre livre ? Demanda une voix masculine que je ne reconnaissais pas.
̶ Qui êtes-vous ?
̶ Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que vous avez aidé ce noir ?
̶ Oui, c’est vrai.
Et le type raccrocha. Etrange.
1 commentaire
Eva Boh
-
Il y a 2 ans