Allie Baudart Ainsi tombent les masques Lucie

Lucie

Sans conteste, Miguel sait mettre du mystère dans ses propos. De plus, différente est bien un terme qui signifie tout et rien à la fois. J'observe mon nouvel environnement, l'étage dispose d'un bureau d’accueil central. Passage obligatoire apparemment pour avoir accès au reste de l'étage. Le style est identique au reste de l'immeuble, luxueux tout en ayant une touche épurée.

Je me dirige vers la réceptionniste pour me présenter sans attendre. Il s'agit d'une blonde qui ne semble pas avoir souri depuis des décennies.

– Bonjour ! Je suis Lucie Wilson, la nouvelle assistante de Monsieur Evans.

Pas de réponse de sa part, j'ai juste le droit à une inspection complète de ma personne. D'accord, il se sont tous donné le mot ou quoi! Je sens que je vais légèrement perdre patiente.

– Excusez-moi, j'aimerai savoir où se trouve son bureau ?

Son regard se fixe enfin sur mon visage avant de daigner me répondre.

– Monsieur Evans n'a pas d'assistante.

D'accord la blondeur ne semble pas qu'être une distinction externe...

– Et bien maintenant si, puisque je suis là !

La blonde s'éloigne quelque peu pour atteindre le téléphone fixe de son bureau. Je n'entends pas ce qu'elle dit mais son froncement de sourcils m'indique qu'elle n'apprécie pas cet échange.

Une fois raccroché, elle m'invite à la suivre. Elle me conduit au travers d'un dédale de bureaux de style open space. Plusieurs employés se retournent sur notre passage.

Qu'est-ce qu'ils ont tous à me dévisager comme ça ? Il m'est poussé un troisième œil sur le front ? Je suis à la limite de le tâter pour être certaine du contraire.

L'associable de service m'amène devant une porte vitrée où est notifié le nom de son propriétaire : Raphaël Evans. Chose plutôt étonnante, il n'est séparé des autres bureaux que par des vitres. Aucun moyen de passer inaperçu avec ça. On a une vue imprenable sur l'ensemble de son bureau. Ce détail va me donner du fil à retordre.

Raphaël se tient près de l'une des baies vitrées donnant sur l'extérieur, téléphone à la main.

Ma nouvelle meilleure amie frappe une fois sur le montant de la porte avant de m'abandonner sans aucun remord. Raphaël pose son regard sur moi avant de me désigner l'un des fauteuils faisant face à son bureau.

Je m'installe le plus confortablement possible et essaye de paraître détendue. Je ne m'attendais pas à me trouver face à lui. Cela contrecarre mes plans initiaux. Je profite qu'il soit occupé pour laisser glisser mon regard sur lui. Raphaël aurait besoin d'une bonne coupe de cheveux, son effet coiffé-décoiffé commence à perdre de sa splendeur. Sa barbe de trois jours souligne les traits de sa mâchoire. J'aurai pensé qu'au vu de l'image que renvoie l'ensemble de ses employés, il aurait été lui même irréprochable. Son costume Calvin Klein quant à lui, est cintré à la perfection.

Raphaël met fin à sa conversation tout en se dirigeant vers son bureau. Il y dépose son portable avant de se positionner face à moi. Il pose ses fesses sur le bois, mains dans les poches et chevilles croisées. Une posture détendue contrastant avec son visage fermé.

Il me donne l'impression qu'il n'a pas digéré mes propos lors de notre premier échange. J'essaie de me rassurer sur le fait que dans tous les articles que j'ai lu sur lui, les journalistes le décrivent comme une personnalité plutôt sociable. Mais capable toutefois de diriger son entreprise comme l'un de ses pairs.

Son regard glacial se pose enfin sur le mien.

– Combien ?

Combien quoi ? Depuis quand on commence une conversation comme ça.

– Je ne vous suis pas.

– Vous avez affirmé avoir été recommandée pour ce poste. Sauf qu'ici il est rare qu'une personne soit embauchée parce-que quelqu'un nous l'a conseillé. Tout le monde passe de multiples entretiens avant de se voir accorder un poste. Cela évite l'espionnage industriel. Donc combien mon père vous a-t-il payé pour devenir subitement mon assistante ?

D'accord rien ne se passe comme prévu. Je suis tombée en pleine guerre familiale. Détail à conserver dans un coin de mon cerveau. Je souris intérieurement.

– Monsieur Evans, je ne vois pas du tout de quoi vous me parlez. J'entends bien que l'embauche sur les conseils d'un tiers soit peu répandue chez vous, mais c'est ce qui se passe pour moi. On m'a contactée et proposé ce poste. Je n'ai rien demandé à personne. J'étais disponible donc me voici !

Selon moi, il n'y a que deux manières de me sortir de ce problème, soit je joue la fille authentique sans histoire, soit je me permets quelques petites dérives.

Je reprends la parole avant qu'il ne poursuive son interrogatoire.

– Est-ce que je vais devoir me teindre les cheveux? Parce que je peux vous dire qu'il en est hors de question !

Je prends un ton faussement affolé par la situation. Mon manège fonctionne, ma demande semble le surprendre.

– Pardon ?

Je pose mon sac au sol avant de me lever et lui désigner le reste de l'étage au travers de la vitre.

– Toutes les femmes que j'ai croisé pour le moment sont blondes.

Ses yeux suivent mon manège avant de se reporter à nouveau sur moi.

– On est bien d'accord qu'il semble y avoir un critère d'embauche en ce sens ?

Raphaël prend quelques secondes avant de me répondre d'un ton moqueur.

– On peut dire que mon père aime les blondes ?

– Est-ce que vous savez qu'on pourrait porter plainte contre votre père pour discrimination à l'embauche ?

– Qui voudrait s'attaquer à lui franchement ?

Sa sincérité m'étonne.

– Est-ce que vous répondez toujours à une question par une autre ?

– Venez vous rasseoir Lucie.

La récré est finie. J'accède à sa demande et profite de ce moment d'échange plus détendu pour tenter ma chance.

– Écoutez, visiblement vous n'avez pas demandé à être coincé avec une assistante. De mon côté, on m'a attribué ce poste au vu de mes compétences. Quitte à être dans le même bateau, autant faire en sorte que cela se passe bien. Au moins le temps de votre séjour ici, après vous pourrez me larguer dans un autre service.

Je ne peux absolument pas me permettre de perdre cette place. Ce poste n'est peut-être pas ce qui était prévu initialement, mais il est celui qui s'en approche le plus. Note pour plus tard, botter le cul du mec qui m'a pistonnée.

– On essaye ?

Je tente toutes les astuces que j'ai à disposition pour le faire plier. Yeux de biche, moue attendrissante, je sors le grand jeu. Certainement pas digne de recevoir un oscar mais on remarquera l'effort fourni.

Je me relève et lui tends la main pour l'inciter à conclure au plus vite notre marché. Les siennes sont toujours bien enfoncées dans les poches de son pantalon. J'ai l'impression d'avoir cramé toutes mes cartes. J'aurai peut-être dû la jouer plus docile.

Je visualise déjà ma défaite avant de remarquer son visage se pencher légèrement sur le côté, seul indice m'indiquant qu'il réfléchit certainement à ma proposition.

Raphaël s'approche de moi, assez prêt pour me permettre de sentir son odeur. Un mélange d'odeurs boisées.

Il glisse finalement sa main dans la mienne scellant notre accord.

– On essaye.

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9 commentaires

Sand Canavaggia

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Il y a 6 ans

Ah ! L'entretien !! Elle a vidé son sac de façon offensive et cela en valait la peine, Raphaël doit être intéressé par une jeune-femme qui défi avec une forme d'humour l'autorité de son père (les blondes) et serre la main comme un deal. Une alliance.

Camille Jobert

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Il y a 6 ans

Guerre familiale et armée de blondes ça risque de devenir compliqué !!

Lana.M

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Il y a 6 ans

Il fait pas bon être blonde dans tes histoires. Elles prennent cher ! Haha! Quelques petites répétitions qui, une fois supprimé, rendront ton texte plus fluide à la lecture, je pense. Sur ce chapitre, on suit la discussion avec encore beaucoup de questionnements. On est visiblement dans la tête de Lucie, mais on ne sait rien de ce qui la pousse à travailler là. J'espère obtenir les réponses dans la suite !

Allie Baudart

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Il y a 6 ans

Merci, je vais corriger ça ;). Tu crois qu'inconsciemment j'ai une dent contre les blondes ?!? :D.
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