Fyctia
Chapitre 17 - 2/3 - Mira
Les voix commencent à s’élever et le tumulte des conversations crée une cacophonie inaudible. Je lève les mains en l’air en signe d’apaisement.
– Très bien, je chanterai…
Un râle de soulagement s’échappe de la bouche des résidents. Ma gorge se noue déjà rien qu’à l’idée d’y penser. C’est une chose de chanter devant eux et une autre de le faire devant un plus large public.
– C’est prévu pour quand ? demande Rosemonde.
– J’aimerais que ce soit le 31 décembre…
Le 31 décembre, cela fera deux ans que Maël…
☆☆☆
Il est tard lorsque je rentre chez moi. L’appartement est plongé dans une douce lumière tamisée et je lâche un juron lorsque je manque de trébucher sur un tube de peinture qui est au sol. Merde, Jordyn et son génie créatif. Je prends une douche, enfile une culotte et un t-shirt large. Mes doigts attrapent un gilet puis se figent. Le gilet de Loup. Je le balance dans mon armoire puis referme brutalement celle-ci.
Je me laisse lourdement tomber sur mon lit en soupirant. Les volets de ma chambre sont toujours entrouverts. J’ai besoin de voir le ciel, d’observer les étoiles, de me concentrer sur leurs lueurs rassurantes. Les doux rayons de la lune traversent la vitre et se reflètent sur mes jambes. Je me tourne puis attrape mon téléphone posé sur la table de chevet. Il est déjà minuit quatre. Je n’ai aucune notification. Aucun message. Ce constat me serre la poitrine et des larmes menacent de couler mais je les retiens. Tu es forte, Mira.
Je repose mon téléphone sur la table de chevet puis me glisse sous ma couette. Je la remonte jusqu’à mes yeux comme si c’était une protection infaillible contre les démons de la nuit. Malheureusement, ils sont plus souvent dans ma tête que dans cette pièce.
Je me tourne dans tous les sens et comme presque chaque nuit, je peine à trouver le sommeil. Mes pulsations cardiaques s’accélèrent, j’ai l’impression de suffoquer. Comme si la chambre se rétrécissait autour de moi et que je n’avais plus d’air. Je ferme mes paupières et des larmes coulent le long de mes joues. Je sanglote silencieusement et je ne sais même pas pourquoi.
C’est presque comme ça toutes les nuits. Je pleure. Mon masque se fissure jusqu’à ce que je le remette demain matin, comme la bonne actrice que je suis. Je renifle puis balaye rapidement mes larmes lorsque j’entends des bruits devant ma porte. Quelqu’un toque. Je me redresse rapidement et esquisse un léger oui étouffé.
La porte s’entrouvre, la tête de Jordyn apparait dans l’entrebâillement.
– Je viens de rentrer et devine quoi ? J’ai de la glace à la vanille et aux noix de pécans. Ta préférée.
J’acquiesce d’un signe de tête en m’adossant à la tête de lit. Je tente de camoufler discrètement mes yeux rougis en ramenant quelques boucles sur mon visage. Jordyn me rejoint, se glisse sous la couette puis me tend une cuillère. Nous mangeons silencieusement. Jordyn brise le silence en s’éclaircissant la voix.
– Bambi… parfois, la nuit, j’entends ton mal-être… et je ne peux pas ne rien faire. Je ne sais pas ce qu’il t’arrive mais en tant qu’amie, je ne peux que te conseiller de te faire aider. Si c’est trop difficile d’en parler avec moi, je peux te donner le contact d’une psy. Fais-le pour Maël, je pense qu’il détesterait de te voir comme ça.
Mon cœur a failli s’arrêter lorsque qu’elle a prononcé le prénom de mon frère. Ma gorge se serre et je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit. Jordyn a raison. Mais j’ai peur de parler, d’être jugée, j’ai honte et je n’y arrive pas. C’est comme si j’étais bloquée, que tous mes maux étaient bloqués en moi.
– Merci Jo, merci d’être là pour moi répondé-je en posant ma tête contre son épaule.
Elle pose sa tête contre la mienne et nous restons plusieurs minutes ainsi dans cette étreinte réconfortante qui réchauffe mon cœur.
– Tu n’as pas invité de modèle vivant ce soir ? demandé-je pour changer de sujet.
– Non, d’ailleurs, j’en cherche des nouveaux, surtout pour l’exposition qui arrive. Ça fait trois mois que je peins Luca, je me suis lassée.
Un rire amusé s’échappe de mes lèvres.
– Tu ne veux toujours pas que je peigne ton portrait ? demande-t-elle.
– Non, je… je ne vois pas l’intérêt de me peindre, d’ailleurs, tu dois bien être la seule à avoir cette idée saugrenue.
Jordyn soupire lourdement en me donnant un léger coup d’épaule.
– Tu sais, je repensais à Loup…
79 commentaires
MONTENOT Florence
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
Luana Mmdc
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
M.B.Auzil
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
M.B.Auzil
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
Ava D.SKY
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois