Fyctia
Chapitre 13 - 1/2 - Mira
Inspire. Expire. Je suis totalement en apnée. Bien sûr, il fallait que Jordyn disparaisse je ne sais où pour que je sois contrainte de me rendre à la table de Loup. Je n’avais pas vraiment le choix, j’ai tenté d’ignorer les appels de sa copine mais étant seule sur cette terrasse, je n’ai pas pu faire semblant bien longtemps. Faire comme si nous ne nous connaissons pas. Magnifique idée, Mira. Je n’ai pas l’impression que Loup avait la même. Forcément, il me tutoie et moi je l’appelle Monsieur. Ridicule. Tu es ridicule, Mira.
– Alors c’était si horrible que ça ? me demande Jordyn, un grand sourire aux lèvres alors que j’énumère à Noah, la commande à préparer.
Je souffle en levant les yeux au ciel.
– Je te laisse prendre le relais, Jo, j’ai terminé de dresser les tables, je vais prendre une pause.
Je m’éloigne mais une main encercle doucement mon poignet et me tire vers les vestiaires en claquant la porte.
– Je crois que tu as des choses à me raconter, Bambi. C’est quoi le problème avec Loup ? Il t’a fait quelque chose de mal ? Tu sais que tu peux tout me dire.
Je croise mes bras contre ma poitrine en soupirant.
– Pas du tout. Au contraire.
– Au contraire ? s’exclame Jordyn d’un ton empli de sous-entendus.
– Ce n’est pas ce que tu crois, Jo.
– Alors c’est quoi ? Explique-moi, parce que je ne comprends pas. Loup est plutôt sympa et… il est canon, je dois avouer.
Un rire nerveux s’échappe de mes lèvres.
– De toute façon, il a une copine donc affaire classée.
– Qui te dit que c’est sa copine ? Un homme et une femme ne peuvent-ils pas dîner ensemble sans ambiguïté ?
– Elle le regarde avec des cœurs dans les yeux, Jo.
– Tu es jalouse ?
Mes bras se crispent contre ma poitrine et mon pouls s’accélère.
– Pas du tout.
Jordyn se rapproche de moi et pose ses mains sur mes épaules qu’elle presse légèrement, tout en fixant mon regard.
– Mira, tu es belle, tu es intelligente, tu es forte, tu es courageuse. Tu mérites le meilleur, tache de t’en souvenir. Sinon je serai là pour te le rappeler dans tous les cas.
Les paroles de Jordyn me procurent une douce chaleur au creux de ma poitrine s’immisçant jusque dans mon cœur, puis cette lueur s’estompe en quelques secondes pour retrouver la froideur habituelle qui régit mon être depuis toujours.
– Merci Jo soufflé-je.
Jordyn m’adresse un dernier regard bienveillant puis quitte la pièce. Je m’assois sur une chaise, prenant ma tête entre mes mains en soupirant. Pourquoi est-ce que cela m’effraie autant ?
☆☆☆
Il est enfin une heure quarante-cinq et les derniers clients quittent le restaurant. J’ai passé le reste du service derrière le bar à servir des boissons, ranger et nettoyer. En prenant soin d’éviter la terrasse même si mes yeux ont parfois involontairement jeté quelques coups d’œil vers la table de Loup. Ils discutaient et parfois riaient, je n’ai pas aperçu de gestes tendres entre eux. Pourquoi ce détail m’importe autant ?
Yolanda a vite remis sa playlist cubaine pour instaurer cette ambiance festive qu’elle adore tant et j’ai tenté de me concentrer sur les mélodies chaleureuses et rythmées pour faire taire les murmures de mon cœur. Mon cœur qui n’a plus goût à la fête depuis longtemps.
– Merci, c’était vraiment excellent et dépaysant.
La chaleur de sa voix me fait frissonner. Je lève discrètement le regard et aperçois Loup s’avançant vers la sortie au côté de sa copine, adressant un large sourire à Yolanda qui les accompagne.
– C’était un plaisir de vous recevoir, revenez quand vous voulez annonce joyeusement Yolanda.
Je croise un instant les yeux de Loup et mon cœur tambourine brutalement dans ma poitrine. Je baisse la tête et attrape un chiffon pour nettoyer le comptoir. Concentre-toi sur ça, Mira.
La porte se claque et je retrouve enfin mon souffle. Ils sont partis. Il est parti. Loup est parti.
Un nœud se forme au fond de ma gorge sans réellement savoir pourquoi.
– Je suis exténuée souffle Jordyn en affalant son buste sur le comptoir du bar. La restauration c’est vraiment un marathon.
– Va te reposer, je vais débarrasser les dernières tables.
– T’es sûre ?
– Oui.
– Bambi, t’es vraiment un ange tombé du ciel.
Je pouffe de rire en secouant la tête puis me dirige vers la terrasse. Je nettoie et débarrasse plusieurs tables. J’arrive au niveau de celle de Loup, je saisis les couverts, les verres puis les serviettes. Mes doigts attrapent le ticket de l’addition que je m’apprête à froisser et jeter mais une écriture à l’encre noire sur le revers de celui-ci m’interpelle.
« Les plus belles choses sont celles qu'on ne peut retenir.
Mais pouvons-nous les revivre,
Encore et encore,
Jusqu'à en devenir ivres,
Jusqu'à graver des sillons brûlants sur nos peaux,
Jusqu'à les désirer sans fin ?
Mira, dis-moi que toi aussi tu veux les poursuivre...
Ces belles choses. »
Mon pouls s’accélère et je relis plusieurs fois son message. Un sourire se dessine sur mon visage, je retourne alors le ticket dans tous les sens, fouille la table dans l’espoir de trouver quelque chose. Autre chose. Mais il n’a laissé que ces mots. Je soupire lourdement. Est-ce qu’il joue avec moi ?
Je range alors le papier dans la poche arrière de mon jean puis termine rapidement ma besogne.
Lorsque je retourne à l’intérieur du restaurant, Jordyn a déjà récupéré ses affaires et m’attend patiemment.
– On va boire un verre avec Noah, tu viens avec nous ?
– Je croyais que tu étais fatiguée ?
– Pour boire un verre ? Jamais.
– Allez-y, moi je vais rentrer à la maison.
Jordyn affiche une moue boudeuse et un regard suppliant.
– Ce n’est pas la peine, Jo…
– Comme tu voudras, Bambi. Je te laisse tranquille pour ce soir mais la prochaine fois, tu viens avec nous, c’est non négociable.
Je lève les yeux au ciel puis Jordyn et Noah me font la bise avant de quitter le restaurant. Je récupère alors mon sac dans les vestiaires et me dirige vers Yolanda qui est assise à une table.
– Est-ce que tu as encore besoin de moi ?
– Non, cariña, je termine juste de faire la caisse. Tu peux y aller.
Yolanda me gratifie de son sourire lumineux et je quitte alors le restaurant.
Je consulte mon portable. Il est deux heures vingt. Je marche d’un pas décidé tandis que la brise légèrement plus fraîche emporte mes cheveux devant mon visage. Un vrombissement bruyant attire soudain mon attention. Je balaye d’une main les mèches de cheveux obstruant ma vue, mes yeux se plissent et j’aperçois des phares traverser la pénombre. Une moto s’arrête alors à côté de moi sur le bas-côté. Le conducteur retire son casque et mon cœur rate un battement.
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Assmag
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Lys Bruma
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CarlaRN
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Lys Bruma
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Luana Mmdc
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Elvira_Lyre
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Alexia Moreno
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Lys Bruma
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Il y a 3 mois