Fyctia
Chapitre 7 - Mira
– Vous voulez boire ou manger quelque chose me demande-t-il en se rapprochant encore un peu plus de moi.
– Je serais une piètre invitée si j’étais venue les mains vides.
Je me lève, le cœur battant, pour récupérer la bouteille de jus de pomme pétillant dans mon sac puis retourne vers Loup.
– Du jus de pomme pétillant ? demande-t-il en détaillant l’étiquette.
– Qui a décrété qu’on devait toujours trinquer avec du champagne ? Vous avez deux verres ? demandé-je en déposant la bouteille sur la table basse.
Il me sourit, ce qui accentue ses petites fossettes. Il ne cesse de plonger ses yeux bleus dans les miens ce qui me fait étrangement frissonner. Ils sont d’un bleu profond et intense, semblables aux profondeurs des océans agités par une tempête. Je rabats les pans de son gilet sur moi tout en respirant les effluves entêtants de son parfum boisé et ambré se dégageant de son vêtement. Je tourne la tête et en profite pour l’observer discrètement lorsqu’il se dirige vers la cuisine ouverte.
Il passe plusieurs fois sa main dans ses cheveux bruns en bataille, frotte sa barbe mal rasée, j’ai la sensation qu’il est aussi nerveux que moi. Je fais semblant d’être sûre de moi, joueuse et pleine d’assurance alors que je suis totalement effrayée de me retrouver seule au milieu de nulle part avec un parfait inconnu. C’était soit ça, soit finir congelée dans ma voiture.
Je continue mon observation et mes yeux descendent alors sur sa silhouette. Ses muscles se dessinent sous son sous-pull noir dont il a retroussé les manches. Il a quelques tatouages apparents que je ne distingue pas parfaitement à cette distance. Il revient rapidement vers moi en s’asseyant à mes côtés. Il ouvre silencieusement la bouteille puis verse la boisson dans les deux verres. Il m’en tend un que j’attrape.
– Bonne année, Mira dit-il en levant son verre vers le mien.
– Bonne année, Loup répondé-je en entrechoquant légèrement le sien dans un tintement aigu.
– On recommence, Mira.
– Pardon ?
– Vous ne m’avez pas regardé dans les yeux alors on recommence.
Je soupire puis fixe son regard. Je ne sais pas pourquoi ça me gêne autant, mes joues se réchauffent.
– C’est mieux comme ça ? demandé-je en trinquant de nouveau avec lui.
– Beaucoup mieux dit-il en buvant une gorgée.
Je bois une gorgée à mon tour, la boisson étant gelée, un léger frisson me parcourt lorsque je pose le verre sur la table basse. Mes yeux se posent sur les dessins et les textes éparpillés au sol.
– C’était quoi le projet initial ? demandé-je avec un sourire mutin.
Loup pose son bras sur le haut du dossier du canapé en soupirant.
– Retrouver l’inspiration.
– Vous pouvez reprendre vos occupations, je ne vous dérangerai pas.
– Vous me dérangez déjà.
– Faites comme si je n’étais pas là.
– Je ne sais pas faire semblant.
Loup plonge son regard dans le mien, un sourire espiègle sur les lèvres. Je baisse la tête, mon téléphone entre les mains, je soupire lourdement en constatant que je n’ai aucun moyen de joindre Jordyn.
– Mira, vous ne voulez toujours pas me dire ce qui vous a amené au milieu de nulle part ?
– Je devais rejoindre une amie... qui va certainement appeler la police, les pompiers et l’armée si je ne donne pas signe de vie.
Un rire s’échappe de ses lèvres.
– Dès que la tempête sera calmée, je vous y dépose.
– Et vous pensez qu’elle va se calmer bientôt ?
– Je ne sais pas, ça peut durer toute la nuit… ma présence vous est si désagréable que ça ?
– Je n’ai pas vraiment le choix.
– Vous avez la possibilité de partir.
– Et si j’ai envie de rester ?
Loup secoue la tête en souriant. Une certaine tension est palpable entre nous. C’est une sensation étrange. Surtout avec un inconnu.
– Si vous restez, vous prenez un risque.
– Quel genre de risque ?
– Le risque de devenir un de mes poèmes.
Je baisse les yeux en pinçant mes lèvres. Ce jeu entre nous est plutôt drôle.
– Vous écrivez des poèmes ?
– Oui, j’écris des poèmes et je dessine.
– Je croyais que vous n’aviez plus d’inspiration…
– Les choses changent vite.
Je pose mon coude sur le dossier du canapé, ma tête reposant dans ma main, fixant Loup dans les yeux en tentant de soutenir son regard. Une musique douce résonne dans la pièce, des notes de guitare acoustique. Nous restons de longues minutes à s’observer en silence, les yeux dans les yeux, chacun défiant l’autre du regard.
Il n’ y a rien de plus intime que de regarder quelqu’un sans se parler. J’ai l’impression qu’il m’effleure sans me caresser, qu’il me déshabille sans me toucher. Je n’ai jamais vécu ça mais c’est plutôt étrange mais agréable. Soudain, il rompt notre contact en se levant, il s’accroupi au sol en attrapant un crayon et une feuille. Il écrit frénétiquement plusieurs choses puis se tourne vers moi, m’adressant un léger sourire.
67 commentaires
Le Mas de Gaïa
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
Assmag
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
CarlaRN
-
Il y a 2 mois
Lys Bruma
-
Il y a 2 mois
MONTENOT Florence
-
Il y a 3 mois
Lys Bruma
-
Il y a 3 mois
MONTENOT Florence
-
Il y a 3 mois
Alyssa Well
-
Il y a 3 mois