Fyctia

Avril 2011…

Max se pointe à l’heure. J’ai tout juste eu le temps de ranger les quelques affaires d’Anna qui traînaient. Je ne suis pas certain qu’elle lui ait dit qu’on habitait ensemble, et ne sachant pas dans quel état d’esprit il serait en arrivant…je préfère ne pas attiser son humeur.

Le son de l’interphone retentit dans l’appartement silencieux. Je n’entends que les battements de mon cœur qui cognent dans un bruit sourd et irrégulier. Je suis anxieux. J’ai les mains moites. Je sais que je vais devoir affronter ses questions et j’en ai déjà mal au bide.

En moins de deux minutes il est derrière ma porte. Je ferme les yeux. Respire putain ! Respire ! Tout ça a assez duré pourtant je me sens comme un gosse après avoir fait une grosse connerie. Honteux et coupable.

Je lui ouvre après avoir remis mon masque. Celui que je porte tous les jours depuis des semaines. Affichant un sourire sincère pour mon ami malgré la nervosité qui me fait trembler les mains. Max se tient droit face à moi, les bras croisés, le regard fermé. Confirmant mon inquiétude quant à cette visite. Merde !

-Hey !

-Salut

Son ton est froid. Presque glacial. En accord avec ses yeux qui me fixent durement.

-Je t’en prie entre !

Je me décale pour le laisser passer avant de refermer la porte. Je me retourne vers lui mais je ne bouge pas. J’enfonce mes poings dans mes poches en le regardant déambuler dans mon appartement. Son regard balayant la pièce. Je décide de bouger avant de passer pour un débile planté debout dans l’entrée.

-Je te sers quelque chose ?

Je rejoins la cuisine alors qu’il continue son observation.

-Un café si t’as

Max se rapproche et s’installe sur un des tabourets du comptoir. Je peux sentir ses yeux sur moi alors que je lui tourne le dos. Essayant de me concentrer sur la cafetière.

-Alors…comment tu vas ?

Je le remercie intérieurement d’engager la conversation.

-Bien ! Ça va je…

-Arrête tes conneries Evan !

Le ton sec de sa voix me coupe dans mon premier mensonge. Je recommence. Comme un nouveau réflexe pour me défendre et me protéger de tous ceux qui m’entourent. Je lui fais face pour entendre ce qu’il a à me dire vu que visiblement il n’a pas fini.

-Si je suis là c’est parce qu’Anna s’inquiète pour toi. Je t’ai pas mis mon poing dans la gueule quand j’ai appris que tu sortais avec elle mais ne me pousse pas trop mec ! J’arrive à accepter la situation entre vous mais si tu continues de lui mentir et de la faire pleurer je te garantis que cette fois je te louperais pas !

Je fronce les sourcils devant ses mots qui me percutent. La faire pleurer ? Putain ! Je me passe les mains sur le visage pour venir les croiser derrière ma nuque, je baisse la tête. Conscient d’avoir écorché ma belle alors que je pensais seulement pouvoir l’écarter de toute cette merde dans ma tête.

-Merde…

-Ouais ! Tu peux le dire ! Maintenant explique-toi ! Qu’est-ce qui t’arrive bordel ?

Je le regarde en mordant ma lèvre. Je ne sais pas par où commencer. Il y aurait tellement de choses à raconter. Tellement de mensonges à rectifier.

Tellement d’obscénités à avouer.

Je me rends compte que c’est peut-être le moment. Qu’il faudrait tout lui dire. Mais si je le faisais je pourrais définitivement dire adieu à son amitié. Et définitivement adieu à Anna. Et ça je ne peux pas. Je ne veux pas.

Pourtant il y a au moins un truc que je peux lui dire.

-Je…J’ai perdu mon boulot…

Max semble perdu l’espace d’une seconde. Son regard empli d’incompréhension. Je laisse tomber mes bras le long de mon corps en soufflant. Persuadé de ce qu’il pourrait me dire ensuite.

-Quoi c’est tout ? Tu ne sors plus de chez toi, tu ne manges plus, tu ne dors plus…juste pour un job ?

Il énumère toutes mes frasques en comptant sur ses doigts. Minimisant mon renvoi comme un vulgaire problème dont tout le monde peut se relever. Sauf qu’il n’a aucune connaissance du pourquoi. Il ne sait pas qu’à cause de cette humiliation je ne pourrais plus jamais exercer. Ni même espérer décrocher un autre boulot dans le juridique. Rien. C’est terminé.

-Ouais…ça m’a vraiment foutu un coup…je suis désolé. Je parlerais avec Anna. J’aurais dû lui dire au lieu de lui mentir.

Ma réponse semble le détendre. Ses épaules se relâchent alors que ses yeux s’adoucissent.

-Ce serait bien que tu lui parles en effet. Et pour ton boulot ? Tu veux m’en parler ?

-Non !

Ma réaction hâtive le fait tiquer.

-…non je…je préfère pas c’est…

-Ecoute Evan…ça arrive à beaucoup de monde de perdre son travail, et parfois pour des raisons inavouables mais…je suis ton ami ! J’espère que tu sais que tu peux tout me dire.

Je crois que sans s’en rendre compte il ne pouvait pas être plus dans le vrai. « Inavouable » c’est le mot. Sauf qu’encore une fois Max me tend la perche pour me venir en aide. Espérant m’entendre enfin parler.

Et encore une fois je fais deux pas en arrière.

-Je le sais.

Sauf qu’en fait je n’en sais rien du tout. Comment connaître à l’avance la réaction d’un ami, même s’il est comme un frère. En lui avouant ma perversité, mes obsessions, mes envies, mes ébats compulsifs avec n’importe quel partenaire, mes heures passées sur internet…le chat ! Qui plus est avec sa future femme !

Non ! Je ne peux pas !

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chapitre un peu plus court mais parce que j'ai été obligée de le couper en deux ;-)

la suite cet après-midi sûrement^^