Fyctia

Janvier 2011…

Deux semaines…

Deux semaines qu’Anna a bousculé ma vie et mes habitudes.

Deux semaines que j’essaie de lutter pour arrêter de penser. J’ai des migraines tous les jours malgré le bien qu’elle m’apporte.

Je ne suis pas retourné au Club. J’ai réduis mes visites sur les sites pornos. Sauf que j’ai multiplié par deux mes masturbations pour compenser le manque. Même si Anna me comble chaque soir quand on se retrouve, mon appétit sexuel ne diminue pas. Au contraire. La savoir à mes côtés chaque nuit a éveillé un désir brut en moi. Même après lui avoir fait l’amour au moins trois fois j’en veux toujours plus. Beaucoup plus.

Je ne dis rien. Je prends sur moi. Mais chaque nuit je me réveille. Chaque nuit je finis par me branler dans ma salle de bain. Et chaque nuit j’ai honte. Honte de moi. Honte de ne pas avoir le courage de lui demander plus.

Ma résistance s’effrite au fil des jours. Pourtant j’essaie. Je lutte continuellement contre mes démons. Sauf qu’ils sont bien trop nombreux pour moi.

Cette nuit encore je me réveille en sursaut. Je suis en nage. J’ai la sensation que plus les jours passent, plus mes rêves se transforment en cauchemars. Bombardant mon cerveau d’images plus perverses les unes que les autres. Comme s’il voulait m’écarter du chemin que j’ai décidé de prendre. Comme s’il essayait de me démunir de ma conscience et de mon engagement envers Anna.

Je m’extirpe de mon lit en silence. J’enfile un caleçon et sors de la chambre en faisant attention de ne pas la réveiller. La nuit est particulièrement noire ce soir, plongeant l’appartement dans une atmosphère oppressante. J’allume la lumière de la cuisine avant de me servir un verre d’eau. Tout ça m’épuise et commence à agir sur mon moral.

Je deviens un acharné au boulot, je multiplie les dossiers non sans devenir un vrai connard avec mes collègues. Je ne parle à personne à part avec Jones. Camille ne m’adresse plus la parole depuis cette fameuse soirée au bar et Célia, en bonne copine, s’est évidemment rangée à ses côtés. Quant à Romain il continue de me saluer mais ça s’arrête là. Je suis seul la plupart du temps. Je m’isole volontairement je le sais. Mais c’est beaucoup mieux comme ça.

Anna m’a convaincu d’appeler Max hier. Ce que j’ai fait. Et malgré l’inconfort du début de la conversation, nous avons vite retrouvé nos bonnes habitudes. Je me suis rendu compte qu’il m’avait beaucoup plus manqué que ce que je pensais. On a discuté un long moment. Comme si on ne s’était pas quittés. Comme si rien n’avait changé.

Je n’ai pas abordé le sujet de ma relation avec sa sœur. Je préfère attendre de le voir pour lui en parler. A savoir dans trois jours. Samedi soir. On a décidé de sortir pour rattraper le temps perdu. J’espère seulement que ma tête me laissera tranquille.

Je bois un deuxième verre d’eau avant de me diriger vers la salle de bain. Je suis conscient de ce que je fais, c’est presque devenu une habitude. Putain ! Si seulement j’avais le choix !

Je repousse la porte derrière moi avant d’enlever mon caleçon et de m’asseoir sur le battant des toilettes. Un geste presque quotidien. Machinal. Sans aucunes prémices au plaisir.

Mes mains s’activent aussitôt. Emprisonnant mon membre dans ma perversion. Laissant mes pensées les guider sans que je n’aie besoin de réfléchir.

Je m’adosse au réservoir des toilettes et bascule ma tête contre le mur. Je ferme les yeux pour laisser défiler les images que mon esprit m’impose. Pensant que ça m’aidera à en finir plus vite.

Je ne ménage pas mon érection. Il n’y a rien de doux ni de charnel dans mes gestes. J’en arrive même à me faire du mal parfois. Espérant quelque part que ça pourrait freiner mes pulsions. En vain. Mon corps s’adapte. Quitte à souffrir pour obtenir ce qu’il veut. Même si ça doit se faire avec violence et acharnement. Se foutant complètement de ce que ça engendrera ensuite.

J’ai espéré que mon cerveau coopère. Priant pour que les photos qui défilent sous mes paupières closes soit au moins en rapport avec Anna. Sauf que non. Bien évidemment ! Chaque image me renvoie à mes obsessions d’avant. Le Club. Paola. Tout ce qui faisait mon quotidien avant qu’elle entre dans ma vie. Ma dépravation s’imposant à moi sans que je puisse l’éviter.

J’accélère le rythme. Mes mouvements sont secs et efficaces. J’essaie au mieux de ne penser à rien. Je fais le vide malgré la honte qui me submerge. J’ai l’impression de trahir Anna. Un profond sentiment de dégoût s’empare de moi alors que mes mains s’efforcent de me soulager au plus vite.

Je me déteste de perdre le contrôle aussi facilement. Je voudrais pouvoir être un homme bien pour elle. Je voudrais pouvoir me débarrasser de toute cette merde qui me pollue la tête. Sauf que je ne peux pas.

Je ne sais pas.

J’ai essayé. Mais il faut croire que mes obsessions sont plus tenaces que ma raison. Et si encore ça s’arrêtait là. Mais ça empire chaque jour. Me rappelant constamment le monstre que je suis. Sans me laisser la moindre chance de devenir quelqu’un de meilleur.

Je sens que ma délivrance est proche. J’ai chaud. Je me concentre sur cette sensation familière qui remonte le long de mon échine. Je resserre la pression sur mon membre. Augmentant mes va-et-vient pour atteindre mon orgasme le plus rapidement possible. Je veux en finir.

Je ne ressens aucun plaisir. Aucune émotion. L’amertume et la désolation sont devenues accoutumance.

Mes mains augmentent encore une fois la cadence. Mes mouvements se font plus courts et plus fermes. Je vais jouir. Mon souffle me quitte. Je stoppe mes doigts alors que tout mon sang afflue dans ma verge. Libérant mon sperme de son bagne. S’étalant sur mon ventre en jets brûlants.

Je n’ai pas le temps d’arrêter de trembler que la porte de la salle de bain s’ouvre dans un claquement familier. Laissant apparaître une Anna encore endormie. Stoppée dans son élan.

-Mais qu’est-ce qu… ?

Merde !

*****

Ce chapitre est un peu plus court que les autres, désolée, mais j'étais obligée de couper ;-)

La suite était trop longue...