Fyctia
Martin et Jones Associés II
Juillet 2010…
Mes yeux ne décrochent pas du dossier que je tiens entre les mains. Mon sang a quitté mon corps, je tremble, ma vue se brouille alors que Jones ne me quitte pas des yeux.
-Evan
Je ne le regarde pas, je continue à lire. Toutes ces dates, devant lesquelles sont listés toute une série de liens internet. Toutes ces heures, correspondant à mon temps de présence au cabinet. Il y a au moins une dizaine de pages, et tout ce que j’y lis me donne la nausée.
-Il faut que tu saches qu’au Cabinet nous demandons un rapport mensuel de toutes vos navigations. Nous travaillons sur beaucoup de dossiers importants Evan et il faut savoir que les avocats des parties adverses ne se privent pas pour faire des recherches et ainsi pouvoir discréditer nos associés lors d’une audience… Je voulais te voir pour t’en informer.
Je suis pétrifié, je n’ose pas affronter son regard de peur d’y lire de la déception et du dégoût. Mes tendances perverses à découvert aux yeux de mon patron.
-Evan !
Le ton brut qu’il emploie me fait lever la tête. Son visage est dur et sans émotions alors que je me sens m’enfoncer au fil des secondes qui s’écoulent.
-Ecoute…Ce que tu fais de ton temps libre je m’en moque, mais tu vas devoir arrêter ça au Cabinet. Tu travailles ici Evan, tu ne peux pas te permettre ce genre d’activités. Tu m’as compris ?
J’acquiesce en silence, je voudrais m’excuser, mais je voudrais surtout me cacher à six pieds sous terre pour avoir été aussi négligent. Cependant tout ce que j’arrive à faire c’est m’accrocher à ses putains de feuilles que je tiens dans mes mains.
-Je ne te jugerais pas Evan, tu es un très bon élément au sein de ce cabinet et ce dossier m’ennuie plus qu’autre chose. Je vais juste te donner un avertissement, je ne vais même pas en parler à Martin. Ça restera entre nous. Mais dis-toi que ce sera le seul et unique. Si je revois ce genre de rapport sur mon bureau je serais beaucoup moins clément.
Je sens mes larmes monter mais je puise dans la force qu’il me reste pour ne pas me laisser submerger. Putain !
-Evan ! Tu as compris ce que je viens de te dire ?
Je me racle la gorge pour essayer de dénouer le nœud qui s’y est formé.
-O…Oui
Son visage est fermé mais ses yeux semblent guetter la moindre de mes réactions.
-Très bien, tu peux y aller
Je me lève alors qu’il a déjà repris place devant son écran, reprenant son travail en cours comme si cet entretien n’avait pas existé. Je m’apprête à poser le dossier que je tiens sur son bureau quand sa voix me stoppe à nouveau.
-Garde-le, je ne veux plus le voir. Et pense à me ramener le rapport de l’affaire Dufresne pour demain.
Sa capacité de revenir aussi vite à la réalité me déstabilise. Je suis encore sous le choc d’avoir été si peu vigilant. J’imagine clairement l’image qu’il doit avoir de moi maintenant. Celle d’un pervers, obsédé par le sexe, caché dans un costume d’avocat pour se voiler la face et dissimuler sa vraie nature.
Bordel de merde !
Je sors en refermant doucement la porte. Je retrouve mon bureau pour m’isoler, ce dossier dégueulasse toujours dans les mains. Je m’assois et ferme les yeux en m’enfonçant dans mon siège, mon cœur bat vite, j’ai les mains moites et le souffle court. Je me demande comment j’ai pu être aussi con, je suis un abruti.
J’ai commencé à naviguer sur des sites pornos il y a quelques semaines. Au début je faisais ça seulement pendant ma pause déjeuner et je finissais toujours par me branler dans les toilettes avant que tout le monde revienne au bureau. Je devais être un des seuls à rester sur place le midi, ce qui me laisser du temps pour assouvir mes pulsions du jour et espérer finir la journée sans penser au sexe en permanence.
Sauf que, comme tout le reste, ça a pris des proportions de plus en plus importantes. Débordant sur mon temps de travail, j’en suis arrivé à y passer des heures et devoir finir mon boulot chez moi plutôt qu’au bureau. Le côté interdit de ce que je faisais attisait mon excitation.
Je me prends la tête entre les mains, j’essaie de me calmer mais rien y fait. Je voudrais pouvoir revenir en arrière sauf qu’il est trop tard. Faire ça sur mon lieu de travail était stupide. J’ai pris des risques en mettant en jeu ma formation et ma promesse d’embauche.
Quel connard !
Je me frotte le visage, comme si je pouvais oublier la dernière demi-heure.
Bordel mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Ce n’est pas normal d’avoir un esprit aussi perverti que le mien. Je me rends compte que ma vie n’est QUE ça, ne se rapporte QU’à ça. Je ne fais plus rien d’autre. Je vois très peu mes parents et de moins en moins mes amis. Je vis reclus dans mon appart sauf pour aller au club et venir ici au Cabinet. Je ne me nourris que de sexe, je mange très peu. J’ai la sensation d’être enfermé, d’étouffer. D’être entré dans une spirale qui n’a pas de fond à part le néant.
Trois coups frappés à ma porte me sortent de mes réflexions
-Oui entrez !
Clarisse fait son apparition. Ses longs cheveux blonds ont été détachés et flottent joliment sur ses épaules.
-Salut ! Ça a été avec Jones ? Il n’avait pas l’air d’humeur aujourd’hui
-Oui ! Oui oui rien de…Rien d’important
Je pose la main sur le dossier posé devant moi, comme si j’avais peur qu’elle puisse lire à travers et tout savoir de moi elle aussi.
-Ok…Je venais te proposer de sortir, on va boire un verre avec Célia et Romain.
Ce n’est pas la première fois qu’elle me propose de les accompagner, Clarisse est en stage elle aussi, pour devenir secrétaire juridique. Il lui reste encore un an avant d’obtenir son diplôme. Célia et elle sont devenues amies au fil des années, Célia travaillant beaucoup avec Martin elle s’intéresse aux affaires familiales. Quant à Romain il projette de se spécialiser dans les affaires internationales, c’est plus son domaine.
-Je te promets qu’on ne rentrera pas tard
Le sourire qu’elle affiche me renvoie directement à ma séance de masturbation de tout à l’heure. Je ne peux m’empêcher de regarder sa jolie silhouette, elle est magnifique mais aussi d’une extrême gentillesse. C’est pourquoi je refuse chaque fois de sortir avec eux, je ne veux pas perdre le contrôle avec ce genre de fille, ça pourrait briser son innocence et ses rêves de rencontrer un homme bien.
Ce qui n’est pas mon cas.
Sauf que ce soir j’ai besoin d’un verre, voire plusieurs.
-Ok
-Super ! On t’attend dehors !
C’est juste un verre ou deux Evan. Déstresse !
J’attrape ma veste et prend soin de ranger mon dossier dans ma sacoche avant de sortir de mon bureau. Je vais faire un effort pour les accompagner et me tenir correctement.
Ensuite j’irais faire un tour au Club et je rentrerais tranquillement me coucher.
Comme quelqu'un de normal.
39 commentaires
LeiD
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Il y a 8 ans
Jee-G
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Il y a 8 ans
chacha2780
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Jee-G
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AlienLikeU
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Jee-G
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Carmila
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AlyneADL
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No Kinder
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Jee-G
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Il y a 8 ans