Yvon ADAGIO Chapitre 13

Chapitre 13

Les jours passèrent trop lentement à son goût, mais petit à petit il se laissa prendre par l’ambiance estivale et alla jusqu’à accepter une invitation pour une soirée en discothèque que lui avait proposée une bande de jeunes habitués du Café Bleu. Il appréhendait un peu que ce contexte ne lui rappelle trop le premier soir avec Sophie, mais le cadre était complètement différent et la soirée lui parue plutôt ennuyeuse. Et bien qu’il eût droit à quelques regards suggestifs il n’avait pas le cœur à s’adonner à une relation amoureuse même si celle-ci devait rester éphémère. L’expérience lui laissa une impression mitigée, à la fois plutôt satisfait de s’être changé les idées, mais en même temps se sentant toujours en manque de Sophie.

Cet état se prolongea pendant plusieurs journées, il reprenait pied avec la réalité de sa vie qu’il savait devoir continuer sans elle, mais il sentait que la douleur de son absence n’était pas loin et de demandait pas grand-chose pour se ranimer. Heureusement ses conversations avec Josh lui faisaient du bien, la mentalité anglo-saxonne de celui-ci très pragmatique et allant droit au but l’aidait à quitter le labyrinthe de ses pensées dans lequel il se complaisait à se perdre mais qui ne l’amenait chaque fois nulle part voire à son point de départ. Il en arrivait à s’exprimer plus clairement, plus directement, car en fait s’il avait des difficultés en général à échanger avec les autres c’est que son mode de pensée ne correspondait pas au leur et il faisait constamment des efforts pour s’adapter et essayer de délivrer un discours conforme à la mentalité ambiante. Résultat : il n’osait pas développer ses idées selon son propre modèle, mais avec Josh c’était différent, sa qualité d’écoute et sa manière d’aborder simplement tous les sujets l’incitaient à être complètement naturel.

Et puis une fin d’après-midi alors qu’il revenait d’un bain à la plage après son boulot, il vit l’enveloppe bleue qui l’attendait sur la tablette près de la porte d’entrée. Lorsqu’il la saisit il admira l’écriture qu’il trouva pleine de grâce, il la sentit et il lui sembla détecter une légère odeur de jasmin, était-ce réel ou bien un souvenir sorti de son imagination. Après avoir délicatement ouvert la missive il conta les feuillets, il y en avait deux écrits recto-verso, presque autant que dans sa lettre à lui, ce fût une première satisfaction : elle avait eu envie de lui écrire aussi longuement que lui, et cela signifiait qu’il comptait pour elle. Il calma de son mieux l’excitation qui l’avait gagné afin de se concentrer sur le texte qu’il avait tant attendu. La lecture de la première phrase mit fin brutalement à l’état de félicité dans lequel il se trouvait depuis cinq minutes. Sophie avait commencé sa missive par « Mon cher Alexandre, je viens de recevoir ta lettre et j’ai rembobiné tout le film de mes vacances pour me remémorer les instants que nous avons passés ensemble …. » . Alexandre était anéanti, elle lui disait qu’elle avait eu à faire un effort pour se souvenir de leur histoire alors que lui avait revécu des centaines de fois chaque moment passé avec elle depuis qu’ils s’étaient séparés. Il s’était nourri pendant trois semaines de ces temps restés dans sa mémoire, à rejouer tout ce qu’ils avaient partagé, et elle une fois de plus n’était pas dans le même état d’esprit que lui.

Il continua sa lecture et même si elle qualifiait « d’agréables » les jours passés avec lui, le reste de sa prose ne lui apporta pas vraiment de réconfort même si elle terminait en lui disant qu’elle attendait de ses nouvelles. Certes il n’espérait pas un courrier enflammé, mais il pensait quand même ressentir que leur séparation avait créé un manque chez elle et que leur idylle représentait un peu plus qu’un simple flirt de vacances. A nouveau il était déçu et se demanda quelle attitude adopter : accepter les conditions de Sophie et ce détachement et en souffrir à chaque déception ou bien tirer un trait définitif sur elle, après tout il la connaissait à peine et même si actuellement ce qu’il éprouvait était encore très fort il se disait qu’avec les années il pourrait l’oublier. Il décida donc de laisser passer plusieurs jours avant de lui répondre et d’essayer de focaliser ses pensées sur d’autres sujets. Il tenta également de relativiser sa déconvenue, peut-être que Sophie avait voulu simplement faire un effet de style pour s’exprimer et ne l’avait pas oublié aussi vite. C’est vrai qu’elle était toujours plus mesurée que lui dans l’expression de ses sentiments, il avait interprété ses mots avec sa propre sensibilité mais il savait aussi que si leurs destinées devaient se recroiser à nouveau cela prendrait du temps et il devrait être patient.

Il retourna à une soirée avec le groupe qui l’avait déjà invité une fois et se laissa prendre par l’ambiance, dansant avec plusieurs filles qu’il connaissait ou pas, buvant assez pour être légèrement euphorique. Il finit par embrasser une belle brune qu’il avait croisé plusieurs fois à la plage, ils ne s’étaient jamais vraiment adressé la parole hormis des saluts et de simples échanges. Cette situation lui convenait, il n’avait pas envie de lier connaissance avec celle qu’il tenait dans ses bras, certes elle était plutôt charmante avec la peau ambrée par le soleil et sa robe sexy mais Alexandre ne voulait pas partager avec elle son intimité, même si c’était idiot il aurait eu l’impression de tromper Sophie.

Après une heure ou deux d’effusions il sentit qu’il n’était pas capable d’aller plus loin, il éprouvait un certain malaise, il se pencha alors à l’oreille de sa partenaire et lui glissa : « La soirée a été très agréable mais je suis désolé, je vais te laisser car j’ai quelqu’un d’autre … », puis il s’écarta d’elle, lui adressa un grand sourire et se dirigea vers la sortie de la discothèque. A l’instant où il arriva devant la voiture qu’il avait empruntée à ses parents, il sentit deux mains tièdes se poser sur ses épaules qui l’obligèrent à se retourner et il se retrouva face à sa partenaire de la soirée. Elle lui dit : « Alors un aussi galant jeune homme que toi ne va pas raccompagner chez elle sa cavalière ? ». Alexandre fût touché , il y avait chez son interlocutrice un mélange de malice, d’impertinence et de charme qui la lui rendit très séduisante, il laissa parler son instinct masculin et céda à l’envie qu’elle avait créée en lui. Il déverrouilla les portières du véhicule et lui répondit : « Mais je t’en prie, dis-moi où je dois t’emmener et ce sera un plaisir de t’y conduire ». En fait elle lui indiqua une petite plage déserte à cette heure-là qu’il ne connaissait pas, ils s’y allongèrent et le jeune homme oublia ses réticences. Ce fût la première fois qu’il fit l’amour en plein air, il trouva que le risque de se faire surprendre rajoutait de l’excitation à la situation. Il ramena finalement celle qui se prénommait Célia à son domicile, la laissant à sa porte en lui disant qu’ils se reverraient au Café Bleu.


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1 commentaire

iris monroe

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Il y a 2 ans

🌸 coucou le soutien du week-end🌺 bonne inspiration 🌸 Je participe aussi au concours avec💐 "Soleil, grands amours et bouquets de fleurs."💐 si tu as envie de me soutenir, tu es la bienvenue. 🌷
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