Fyctia
11 : Sophia
Je l’appelle depuis cinq minutes mais il ne semble pas m’entendre. Je réitère :
— René ? … René ?
Il réagit enfin et me sourit :
— Désolé, je pensais à un truc de boulot.
Vraiment ? Il est là, on est censé être en rencard et il pense à son travail ? Je le prends vraiment très mal et il a l’air de le remarquer car il ajoute :
— C’est juste que mon père va peut-être rechercher quelqu’un donc je me demandais si ça aurait pu t’intéresser ?
Pardon ? Cela me gêne mais je ne peux pas vraiment refuser si son offre est sérieuse. Je ne vais pas passer dix ans à tergiverser là-dessus. Je le regarde et lui lance :
— Je sais pas, mais on est pas là pour ça.
Il rigole et je me joins à lui. l’ambiance semble s’alléger et nous profitons ensemble de cette soirée. Nous discutons ensuite devant nos plats de ce que nous aimons faire dans la vie. Nous adorons tous les deux les chevaux et convenons donc d’aller monter un de ces jours.
C’est étrange que nous ne nous soyons pas croisés plus tôt car nous faisons tous les deux partie du Reitlange, le club de Frankenberg. Depuis que je vis ici, j’y monte tous les samedis matin, je lui demande donc quand il y va. Il s’y rend chaque mercredi. Personnellement j’ai préféré ne pas prendre de cours la semaine, comme ça, si je trouve du travail, je ne serai pas forcée de changer de groupe.
Maria a eu raison de me conseiller ce restaurant car leur cuisine est vraiment bonne et l’accueil chaleureux. « Je l’inviterai pour la remercier » me dis-je alors que la serveuse arrive pour nous demander si nous souhaitons prendre un dessert.
Je suis exténuée mais je n’ai pas envie d’abréger cette soirée. Certes le début à été un peu chaotique mais maintenant je passe un agréable moment. Il est vraiment gentil et attentionné. Contrairement à ce que je pensais au début. J’ai cru qu’il était comme Alan, à papillonner à droite et à gauche.
Jusqu’à aujourd’hui, j’étais persuadée que le coup de foudre n’existait pas, que tout ça n’était que des histoires pour les petites filles. Pourtant, sans pouvoir l’expliquer, je suis sous son charme. Dès que nos regards se sont croisés, j’ai eu la certitude qu’il y avait quelque chose. J’ai beau essayé de me persuader que je dois ralentir le rythme car je ne le connais pas, ma tête et mon corps sont en confrontation.
Alors que j’essaie d’analyser ce que je ressens réellement pour lui, il attrape ma main et la secoue légèrement en me soufflant :
— Sophia ?
Merde ! Je n’ai pas entendu s’il avait pris quelque chose, je dis donc en retour :
— Désolée, cette fois c’est moi qui divague. Tu as commandé quoi ?
Au moins s’il a rien pris je n’aurais pas à réfléchir trop longtemps. Ce sera qu’il veut finir cette soirée. Sinon j’espère qu’il a pris un truc que j’aime, car j’ai beau avoir le menu depuis cinq minutes devant les yeux, je n’en ai pas lu une ligne.
Il me sort de nouveau de mes pensées en me répondant :
— J’ai rien pris, j’ai trop mangé. Mais si tu veux un truc, n’hésite pas.
Ah… Il ne veut rien… C’est mauvais signe… Enfin je crois… Je tente de ne rien laisser paraître et en regardant la serveuse, dis :
— Non merci, c’est bon je ne veux rien.
Il semble remarquer ma déception et me fait un clin d’œil. Je ne vois pas vraiment ce qu’il a derrière la tête mais je lui laisse le temps de s’expliquer. Il règle et nous sortons. À peine dehors, il me demande :
— Tu es déçue de ta soirée ?
Je le regarde, il semble attendre ma réponse avec anxiété. Je dis donc immédiatement :
— Non, pourquoi je le serai ?
Il sourit et me dit :
— Je sais pas, je n’ai pas été de super compagnie. Et quand j’ai dit que je voulais rien, tu as fait une tête bizarre.
Je rigole :
— Une tête bizarre ? C’est-à-dire ?
Je ne maîtrise pas aussi bien que je le souhaiterais mes émotions. Il va vraiment falloir que j’apprenne à paraître moins susceptible. Lui semble pouvoir lire en moi comme dans un livre ouvert.
— Je sais pas, je veux pas que tu crois que j’ai pas aimé.
Il semble sincère, je lui réponds donc :
— Non t’inquiète. J’avais peur que tu veuilles abréger la soirée. Que tu te sois emmerdé ou je sais pas.
Je grimace en signe d’excuse, ne sachant pas trop quoi dire. Il se tourne et se place devant moi, puis me souffle près de la bouche :
— Je ne me suis pas emmerdé, loin de là. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas passé une aussi bonne soirée.
Je souris et chuchote sur le même ton :
— Moi aussi.
À peine ai-je fini ma phrase qu’il s’empare de ma bouche. Son baiser est passionné et je lui rends avec la même intensité. Je n’ai plus l’impression de toucher terre. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais pensé vivre quelque chose comme ça.
Quand j’étais gamine, je rêvais comme toutes les autres du Prince Charmant. Mais sans que je ne sache pourquoi, cela se finissait toujours mal. Il me quittait pour une autre, mourrait, me trompait. En grandissant j’ai compris que j’étais simplement réaliste par rapport aux autres. Mais aujourd’hui, j’en ai un devant moi et je compte bien en profiter.
Nous montons ensuite dans ma voiture et je le raccompagne chez lui. Il m’embrasse de nouveau et me demande de lui envoyer un texto pour dire que je suis bien rentrée. Je trouve ça mignon, bien qu’un peu cucul. En rentrant, j’essaie de me persuader que rien ne peut être aussi beau, mais n’y arrive pas.
Je souris bêtement en lui envoyant :
* Sophia : Je suis bien rentrée, merci pour cette soirée. Je vais me coucher, je suis HS. Bonne nuit. *
Sa réponse ne tarde pas :
* René : Ok, bonne nuit, à demain *
Ces quelques mots me réconfortent. Finalement j’aurais peut-être le droit à une happy-end moi aussi. Je rentre et file sous ma douche où je m’assoupis. Mon téléphone me sort de mon demi-sommeil. Qui peut bien m’appeler à cette heure-là ?
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Amandine Lmbrd
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Il y a 6 ans
Crissie
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Il y a 7 ans