Fyctia
14. Le miroir
Un frisson me parcourt alors que la porte se referme sur lui, laissant ainsi la place à cette obscurité à laquelle je suis habituée.
Elle m’engloutit.
Je me fige, le cœur battant à tout rompre. Plus un bruit. Juste ce néant oppressant, cette noirceur étouffante qui m’avale toute entière.
Ils m’ont à nouveau enfermée dans le noir.
La panique monte en moi comme une vague incontrôlable. Mon esprit hurle, me bombarde d’images floues, de souvenirs brisés qui m’échappent avant que je ne puisse les saisir.
J’inspire profondément. Une. Deux. Trois fois.
Calme-toi, Evelyne. Paniquer ne t’aidera pas.
Je me ressaisis.
La seringue est toujours dans ma main. Je serre mes doigts autour, m’accrochant à cette seule chose tangible dans cette obscurité totale.
Si je veux sortir d’ici, je dois réfléchir.
D’abord, explorer.
Tremblante, je tends la main devant moi, cherchant à tâtons un repère. Mes doigts effleurent le sol froid. Puis, lentement, je me mets à ramper, testant chaque centimètre autour de moi.
Les murs. Lisses, froids. Aucune prise. Aucune issue visible.
Je me mords la lèvre pour ne pas céder au désespoir.
S'ils m'ont replongé dans l'obscurité, c’est qu’ils veulent me plonger dans le doute, me faire perdre mes repères.
Mais moi, je refuse d’abandonner.
Je reprends mon exploration. Mes doigts rencontrent un objet métallique. J’hésite, puis je le tâte du bout des doigts. Une table ? Une chaise ?
Non.
Une grille.
Mon cœur rate un battement.
Je passe ma main à travers les interstices. L’espace est étroit, mais l’air y circule. Une ouverture.
Mon cœur bat plus fort.
Une possibilité. Une sortie.
Je serre la seringue dans mon autre main, rassemblant mon courage.
C'est alors que ses mots me reviennent.
« ...Voyons jusqu’où tu peux aller...Tu ne pourras pas fuir. Mais essaie, si tu veux. »
Je ne peux pas fuir, m'a-t-il dit. Et s'il disait vrai ?
Peut-être qu'ils attendent que je sorte.
Mais dans quel but ?
Ils cherchent sans doute à me faire croire que ce qui m'arrive est normal.
Une idée troublante me traverse l'esprit.
Et si les autres portes renfermaient également des gens dans l'obscurité tout comme moi.
Une douleur au crâne m'arrache tout de suite un cri. Comme une décharge.
«Tu ne pourras pas fuir. Mais essaie, si tu veux. »
Encore cette phrase. Cette voix froide qui se répète en boucle dans ma tête.
Je me recroqueville les mains sur la tête. Un bourdonnement incessant m'envahit.
«Tu ne pourras pas fuir. Mais essaie, si tu veux. »
—Arrêtez !!! Ça fait mal...»
«Tu ne pourras pas fuir. Mais essaie, si tu veux. »
—Stoppppp...
Je crie, pleure, tourne et me retourne en espérant que ça cesse mais rien.
Et soudain.
Le néant autour de moi semble s'arracher et je me retrouve encore une fois dans la pénombre devant ce miroir.
1 commentaire
Rose D.M
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Il y a un mois