Fyctia

Il n’y a que le vide. L’obscurité est mon seul repère, mon seul monde.

Je ne sais pas à quoi ressemble la lumière. Ou peut-être que si ? Des fragments me reviennent parfois, flous, insaisissables. Des ombres mouvantes dans mon esprit me soufflent qu’il y a autre chose. Mais comment en être sûre ? Je suis ici depuis toujours. Depuis ma naissance, m’a-t-on dit une fois. Pourtant, je ne me rappelle de rien.

Le temps n’existe pas. Il n’y a ni matin ni soir, juste une éternité de noirceur. J’essaie de deviner le passage des heures, mais il n’y a aucun repère, aucun changement. Parfois, je me recroqueville dans un coin, espérant disparaître dans ce néant. D’autres fois, je tends la main dans l’obscurité, cherchant désespérément quelque chose – une paroi, un objet, une preuve que je suis réelle.

Ma respiration est la seule chose dont je sois certaine. Elle s’élève doucement, résonne contre les murs. J’ai appris à écouter les bruits infimes : le ruissellement lointain d’une goutte d’eau, le froissement de mes vêtements quand je bouge, le battement sourd de mon cœur.

Et puis, il y a les voix.

Parfois, elles me rassurent, me bercent comme un écho familier. D’autres fois, elles me hantent, s’insinuant dans mon esprit avec des murmures incompréhensibles. Elles me disent de me souvenir… Mais me souvenir de quoi ? Elles murmurent des choses qui n’ont ni queue ni tête, des bribes de phrases qui s’évaporent aussitôt que je tente de les attraper.

Suis-je folle ? Ou bien est-ce la solitude qui me ronge ?

Je ne sais plus ce que je suis. Un être humain ? Une ombre ? Une illusion ?

Tout ce que je sais, c’est que je suis là. Enfermée. Prisonnière d’un monde sans contours.

Alors, encore et encore, une question tourne dans ma tête :

Où suis-je ?