Fyctia

Quelque Part à Cassis

Le cœur de Thomas tambourinait bruyamment dans sa poitrine quand il pénétra à l’intérieur du sous- sol humide, froid et noir. Il y avait quelques lumières ici et là pour éclairer la pièce comme si on lui indiquait le chemin à prendre. Le chemin comme destination finale, le jeune homme les connaissait trop bien. C’était quasi le même depuis toutes ces années. L’air ambiant était à la fois lourd et moite. Des relents de transpiration, de parfums bon marché mais également de sang lui irritaient les narines. L’endroit était littéralement un trou à rats, Thomas ignorait comment les organisateurs trouvaient ces lieux, plus minable les uns des autres, les murs de brique avaient une couleur blanche virant sur le gris par la crasse, la tuyauterie apparente au plafond fuyait à grosse gouttes et tombait à même le sol créant par endroit des flaques, on pouvait apercevoir quelques rats qui se faufilait à droit à gauche.

À chaque pas, le cœur de Thomas martelait contre sa poitrine. L’adrénaline, l’excitation en étaient les raisons principales. Il s’avançait vers la grande porte en fer située au fond de la pièce. Des hurlements, des rires en sortaient.

Il toqua trois fois à la porte, à intervalles réguliers comme le règlement l’exigeait. Au troisième coup, elle s’ouvrit. Il pénétra à l’intérieur. Le garde à l’entrée, le dévisagea de la tête au pied.

- Qu’est-ce qui t’amené ici gamin ? Ce n’est pas ta place, tu devrais rentrer chez toi.

L’homme ne l’avait pas reconnu, Thomas sourit, ça faisait du bien de passer encore inaperçue, de n’être qu’une personne parmi tant d’autre, cela changera rapidement, dès qu’il aura débuté le show, le gardien se rendra compte de qui il était et de sa méprise.

- Je suis là où je dois être, ne t’inquiète pas pour moi et laisse moi entrer.

L’homme de la sécurité haussa les épaules.

- Bienvenue en enfer gamin et prépare toi à en prendre plein les yeux. Le show de ce soir s’annonce titanesque.

La salle était pleine à craquer comme d’habitude, on devait jouer des coudes pour se frayer un chemin à travers la foule. Des hommes, des femmes, tous habillés en tenue de soirée buvaient du champagne et grignotant des petits fours et amuse bouche en se fessant des amabilités, lui faisait tâche avec son survêtement, mais lui n’était pas là pour profiter des festivités, il faisait partit de l’attraction. C' était l’attraction. Le point névralgique de la soirée. Il reconnut de nombreux notables de la ville, des personnes influentes et importantes. De l’argent passait de mains en mains faisant des paris sur ce qui allait arriver, ça parlait fort, ça rigolait beaucoup. Thomas fondit la foule, certains le jugeaient, d’autres le reconnut, certains encore tentèrent de se rapprocher de lui pour lui serrer la main et l’encourager.

Tandis que les personnes le laissaient passer, Thomas avança d’un pas décidé vers la cage cubique en acier qui s’élevait au-dessus du sol. Un combat était en train de se jouer, deux hommes se battaient à mains nus, avec acharnement. On pouvait entendre les grognements de douleurs d’un des deux. Du sang gicla et tomba au sol. L’odeur de fer et de sang s'insinuent dans ses narines, la douleur, les chairs abîmées, l’excitation d’une foule réclamant du spectacle et de l’hémoglobine étaient omniprésentes. Soudain, le souffle d’une haleine putride prit son nez en otage, tabac froid et alcool fort étaient un mélange que le jeune homme détestait au plus au moins.

- Te voilà enfin mon champion, j’avais peur que tu ne viennes pas.

Thomas tourna la tête vers son manager, l’homme qui lui organisait ces rencontres dans la clandestinité la plus totale, Sylvain Venturi, orthodontiste le jour, bookmaker et manager la nuit, un drôle de petit bonhomme au lunette énorme , au ventre protubérant et à la tenue vestimentaire totalement négligé. Ici, tous le mondes avaient une double identité, une double vie, loin des tracas quotidiens et de la solitude, on pouvait se détester à l’extérieur, faire semblant de ne pas se connaître mais une fois la nuit tombée, une fois les masques enfilés, des histoires et des alliances pouvaient se créer dans le but de gagner des paris et remporter la mise et ressortir ainsi au petit matin plus riche que jamais.

- Tu sais bien que je n’ai jamais loupé un match depuis quatre ans.

- Régale-toi mon ami, ce sera bientôt à ton tour d’entrer dans la cage, le public n'attend que ça, n'attend que toi et les paris sont déjà importants. La soirée va être fructueuse.

Thomas tourna la tête vers la cage, les deux hommes se battaient toujours avec acharnement et détermination, l’un d’eux avait l’avantage sur l’autre, le plus faible avait de plus en plus de difficulté à parer les coups et en infligé, il était essoufflé et manquait de tomber à chaque coup donner par son adversaire. Le combat allait bientôt prendre fin Thomas en était sûr, il avait tant de fois étudier les mouvements des autres participants pour ainsi anticiper chaque attaque, prendre le dessus et les vaincre plus aisément, c’était peut-être pour cela qu’il était l’un des meilleurs, il ne faisait pas que se battre de façon aléatoire, il prenait le temps de connaître chacun des participants, leur façon de bouger, leur façon d’agir, étudiant ainsi leur point fort mais surtout leur point faible. L’un des deux hommes se tourna face à la foule, le visage tuméfié et en sang, titubant, il s’agrippa au dense grillage métallique qui recouvrait le ring et s’écroula. Un tonnerre d'applaudissements s’éleva, mélange de cris de victoire et de râle de consternation d’avoir perdus, certains réclament leur dû d’un pari bien misé. Le combat était terminé, le vacarme du sous sol monta d’un cran supplémentaire, le public s’était tous entasser autour de la cage, il attendait la suite des festivités, après l’entrée qui les avait tout de même sustenter malgré la rapidité dont la confrontation s’est achevée, les hommes et les femmes voulaient leur plat de résistance, la foule réclamait un nouveau match, réclamait un nouveau champion et du sang.Le vainqueur sortit du ring, les yeux injectés de sang, il tremblait de tout son corps. Sang et sueur se mêlaient l’un et l’autre, l’homme s’approcha de Thomas et le salua en lui serrant la main.

- Bon courage à toi mec, il paraît que ton concurrent est une force de la nature toute droit sortie des enfers.