Fyctia
Chapitre 3.2 : Rebecca
Nouvelle-Orléans, Louisiane - 30 septembre
Le réveil est difficile. J’ai veillé jusqu’à tard la nuit dernière pour terminer mes bagages, sans parler de l’excitation du voyage qui m’a aussi tenue éveillé. J’ai évidemment prévenu directement ma tante par SMS. Ce matin, il est encore tôt mais j'entends du bruit, signe que quelqu’un s’agite dans la maison. J’en profite donc pour descendre avec ma valise.
— Bonjour Becca, bien dormi ? me questionne ma mère.
Elle me salue depuis la cuisine, le nez dans sa tasse de thé. Sa capacité à reconnaître nos pas à mes sœurs et moi m’impressionnera toujours.
— Bonjour maman !
Je m'approche d’elle, embrasse sa joue et la serre contre moi. Elle a cette odeur si particulière, un mélange de savon et d’herbes aromatiques.
— La nuit a été courte mais plutôt …. instructive je dirais.
Étonnée, elle lève son regard vers moi et remarque mon bagage dans l’entrée.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu pars ? m’interroge-t-elle.
— Disons que j’ai avancé mon départ plus tôt que prévu.
J’essaie de prendre un air détaché mais c’est peine perdu la connaissant.
— Encore cette lubie de vouloir partir à Salem ?
Elle est la seule personne à qui j’ai avoué mes intentions de partir pour quelques jours afin d’en apprendre plus sur nos origines. Il m’est impossible de voyager si loin sans prévenir personne et bien que ma mère désapprouve mon choix, elle n’a pas non plus tenté de m’en dissuader. Elle sait pertinemment à quel point je peux être têtue et rien de ce qu’elle pourra me dire ne me fera changer d’avis.
— Nous avons déjà eu cette discussion maman, certes mon départ est plus rapide que prévu mais j’espère revenir au plus vite.
— Et le travail ? Que va dire ta tante Grace ? Elle comptait sur toi !
Je me sers un café, je vais en avoir besoin si je veux arriver à temps à l’aéroport.
— Je l’ai prévenu tard hier soir que je ne pouvais pas attendre novembre pour partir et j’ai demandé à Rosie de me remplacer quelques jours.
Ma mère soupire puis hoche la tête. Je la regarde par-dessus ma tasse brûlante. Nous nous jaugeons du regard un instant, nous savons toutes les deux qu’aucune ne va céder. On ne se demande pas d’où je tiens ce côté borné…
— Très bien, je vois que malgré tout tu es décidée à partir. Mais sache que ça ne me plait pas du tout, pourquoi veux-tu remuer le passé ? Si nos ancêtres ont migré à la Nouvelle Orléans c’est pour une bonne raison !
— C’est justement ça qui me pousse vers Salem, maman ! Je veux découvrir ce qu’il s’est réellement passé, je sens que quelque chose m’appelle là-bas ! Je ne peux pas laisser mon instinct de sorcière dans un coin et me contenter de ma vie plan-plan ici.
Je termine mon café, me brûlant la langue au passage. Je pose ma tasse dans l’évier et me retourne vers ma mère. Je la prends dans mes bras, je ne veux pas partir fâchée. J'espère qu’elle finira par comprendre à quel point c’est important pour moi de connaître notre histoire.
— Dis à Papa et aux filles que je les aime et que je reviens le plus rapidement possible. Ne t’en fais pas maman, je sais ce que je fais ! Je suis une adulte responsable !
J’entends le taxi que j’ai réservé frapper à la porte d’entrée. Je lui ouvre en le saluant et sors pour me diriger vers la voiture. A mi-chemin, je me trouve bien légère pour quelqu’un qui part en voyage pratiquement à l’autre bout des Etats-Unis. Un coup d'œil à la porte m’indique que j’ai oublié ma valise sur le seuil de l’entrée. Penaude, je retourne la chercher, je croise le sourire narquois de ma mère.
— Une adulte responsable bien-sûr…
Je sens que ce voyage va être long…
Heureusement pour moi, le vol pour Salem ne dure que trois heures. J’ai quand même pu rattraper les heures de sommeil que j’ai sacrifié la nuit dernière.
J’arrive enfin ! Quand je pose le pied sur le sol, je sens qu’on est sur un territoire de sorcières. La terre est imprégnée de magie, je me sens comme à la maison. Mais avant toute chose, j’ai besoin de manger. Le café de ce matin est bien loin maintenant, j’ai besoin de reprendre des forces.
Armée de ma fidèle valise, pas moyen que je la laisse derrière moi cette fois, je flâne dans les rues à la recherche d’un endroit où je pourrais grignoter quelque chose. Je m’installe finalement à la table d’un petit dîner qui sert vingt quatre heure sur vingt quatre.
J’attaque mon plat tout en réfléchissant à la prochaine étape de mon périple, c'est-à-dire, trouver un logement pour les prochains jours. J’écume les sites internet de location, mais ne trouve rien de bien concluant. Les chambres sont souvent très chères et vu la période, je ne suis pas vraiment étonnée.
Je termine mon repas et décide de me balader en ville le temps de trouver une solution à mon problème de couchage. Qui l’eut cru, qu’une adulte responsable pourrait oublier de réserver un endroit ou dormir ? Bon, je l’admet, on l’avait tous vu venir. Que voulez-vous, je peux vous faire un layer cake du tonnerre les yeux fermés mais organiser un voyage, visiblement ce n’est pas dans mes cordes.
6 commentaires
Mélanie Nadivanowar
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Il y a un an
Andrée Martin
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Il y a un an
barbaralaine
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Il y a un an
Fanny Nohal
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Il y a un an