Selina Valentines À la poursuite du temps Chapitre 1

Chapitre 1

Terre - Année 2439

— Eden ? Tu es là ma puce ?

— C’est Lily ! Je te l’ai déjà dit !

La petite fille, de six ans à peine, était partie s’enfermer dans le placard après que son père lui ait crié dessus. Elle entendait encore ses parents se disputer et avait posé ses mains sur ses oreilles pour chanter :

“Lalala ma tagada,

Titine chante une comptine,

Ouistiti dit youpi,

Calimerochou est foufou,

Ma baby est funny,

Jum Jum m’allume

Et Maya l’abeille s’émerveille.”

Cependant, son père avait fini par perdre patience. Il revit son positionnement, lassé de ses frasques, et avait donc décidé de faire d’elle une enfant bien sous tout rapport. “Bien sous tout rapport.” Pouvait-on demander cela à une enfant de six ans ? Mais avait-elle six ans ? Lily. Elle s’appelait Lily. Pourquoi ses parents ne l’appelaient pas par son vrai prénom ?

Lorsqu’on toqua à la porte du placard, Lily sursauta.

— Eden ? Tu es là ? demanda sa mère.

La jeune fille ouvrit la porte, le visage baigné de larmes. Elle sanglota alors :

— Il a voulu me faire du mal.

— Je sais mon bébé. Mais il faut que tu arrêtes de jouer à tes jeux.

— De quels jeux tu parles maman ?

La femme, une belle femme aux cheveux châtains clairs et aux yeux de miel, l’observait avec circonspection.

— Eden m’a dit de te dire de ne pas t’inquiéter maman. Elle reviendra bientôt. Mais pour l’instant elle doit se reposer. Elle a eu trop peur de papa pour revenir.

La famille Stanford était une famille des plus respectables. Ils ne faisaient pas partie du haut du gratin, mais Stanford père était un entrepreneur qui travaillait dans le bâtiment, raison pour laquelle ils étaient tous les trois prévus pour voyager sur le vaisseau-mère. Les parents de la petite fille n’en étaient pas peu fiers d’ailleurs. Ils s’en vantaient dans leur voisinage.

Ils vivaient dans un camp de travailleurs de la terre, dans des mobil-home plus ou moins grands. Ils avaient le plus grand. Ils attiraient jalousie et convoitise. Pourtant Herbert, son géniteur, disait qu’il avait de quoi se défendre. Dany avait d’ailleurs trouvé sa cache d’armes et c’était sur celles-ci qu’elle s’entraînait depuis toute petite. Heureusement, son père ne l’avait pas encore découvert. Eden n’arrêtait pas de lui dire qu’elle devait faire plus attention. Malheureusement, face à Dany, Eden ne faisait pas vraiment le poids. Elle était censée être l’Alpha, pourtant elle faisait pâle figure.

Daphnée, sa mère, la regardait avec effroi. Malgré tout, elle fit mine de rentrer dans son jeu.

— À qui je parle présentement ?

— Je te l’ai dit, moi c’est Lily.

— Et pourrais-je parler à Eden, s’il te plaît Lily ?

— Il faut d’abord que tu nous emmènes en sécurité.

Elle sembla hésiter. Au loin, on entendait encore son père crier :

— Eden ! Eden, viens là ma puce ! Je n’ai pas voulu te faire de mal.

Elle regarda alors sa mère, tout en essuyant ses larmes :

— Je peux être forte.

— Tu ne peux pas aller le voir. C’est Eden qui doit le voir.

Sa mère faisait semblant de la suivre dans son jeu, même si elle trouvait cela réellement puéril. En réalité, elle commençait à s’inquiéter pour sa fille. Ce n’était pas la première fois que des cris s’élevaient dans ce foyer. Évidemment, elle avait peur que leurs voisins découvrent les délires de son enfant, mais elle était également effrayée de la manière dont réagirait son mari si cela arrivait. Herbert lui avait avoué avoir peur de perdre sa place dans le vaisseau-mère si on découvrait que sa fille n’était pas “normale”. Et ce qu’il taisait, mais ce qu’elle savait au fond d’elle, cette vérité qui faisait si mal, c’était qu’il serait capable d’abandonner femme et enfant pour survivre. Quant à elle, ses instincts balançaient entre celui de protéger sa fille et celui de sauver sa peau. Elle se sentait tiraillée, sans parvenir à se décider. Raison pour laquelle elle prit la décision de discuter avec sa fille et son mari.

— Eden ne veut pas. Elle a peur.

Elle s’accroupit pour se mettre à la hauteur du visage de sa fille qui était assise sur le sol. Elle posa une main sur sa joue, qu’elle caressa de son pouce, tout en la détaillant avec la douceur dont seule une mère pouvait faire preuve.

— Je te promets que ça se passera bien. Je la protégerai.

— Tu me le promets ?

— Oui, Lily.

— D’accord. Attends-moi dehors.

La petite fille patienta jusqu’à ce que sa mère se retire avant de refermer la porte. Dans le noir, Eden posa les mains sur son visage, reconnaissant ses traits. Elle fut cependant surprise de porter deux couettes de petite fille. Elle n’avait pas vraiment l’habitude de se coiffer de la sorte. Elle défit donc ses cheveux blonds qui lui tombèrent de nouveau en cascade jusque dans le creux de ses hanches.

Que lui arrivait-il ? Que faisait-elle dans ce placard ? Elle ne se souvenait même plus d’être arrivée là. Elle posa l’oreille sur la porte pour vérifier que personne ne l’entendait, néanmoins elle distingua un souffle court.

— Qui est là ?

— Ma puce, c’est maman. Tu peux sortir.

Soulagée, elle repoussa le battant et se leva. Du haut de ses quinze ans, elle était déjà plus grande que Daphnée. Pourtant, cela ne l’empêcha pas de se jeter dans les bras de sa génitrice, en recherche de réassurance.

— Maman ? Que se passe-t-il ?

Elle dévisagea cette femme qui lui avait donné la vie et qui, apparemment, avait peur d’elle. Du moins, c’est ce qu’elle lut dans son regard en plongeant ses beaux yeux bleus dans ceux miel de Daphnée. Elles ne se ressemblaient que peu physiquement. Cependant, dans son enfance, elles avaient été extrêmement proches, mais en grandissant sa mère s’était lassée de ce qu’elle avait appelé les “jeux” de sa progéniture. Elle avait de moins en moins de patience et de plus en plus de crainte.

— Pourquoi te faisais-tu passer pour une petite fille s’appelant Lily ?

— Je n’ai pas fait ça, maman. Tu dois me croire ! s’écria la jeune femme en émettant un sanglot. Je ne sais pas ce qu’il se passe.

Hypocritement, Daphnée serra de nouveau Eden dans ses bras.

— Viens. Nous allons voir ton père.

Elles se tinrent la main, jusqu’à rejoindre la cuisine où Herbert était en train de boire son fameux tord-boyaux maison. Il l’avait fait goûter une fois à sa fille qui avait craché le feu pendant au moins une heure. C’était l’un des rares bons souvenirs qu’elle avait auprès de ses parents. Un moment paisible et harmonieux. Ils étaient devenus si inhabituels qu’ils en étaient devenus extraordinaires.

— Eden ? demanda son père comme pour la tester.

La jeune femme, frissonant à l’idée que son géniteur ne s’emporte, se contenta de hocher la tête. Il se leva en posant son verre et s’approcha pour la tenir par les épaules.

— Bon Dieu ! Que t’arrive-t-il ?

— Je ne sais pas, je te le promets papa…

Il commença à la secouer avec énervement tout en criant :

— Ne me mens pas !


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2 commentaires

cedemro

-

Il y a 3 ans

Je sens qu'Eden ne restera pas longtemps maître de son identité avec un père aussi énervé et même violent... S'il ne veut pas voir Dany dans les prochaines secondes, j'arrêterais à sa place! 😁

charlier alexandra

-

Il y a 3 ans

😍😍😍 la suite ! La suite !!
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