Fyctia
Une beauté qui tue.
L’homme qui n’est plus que la laideur personnifiée, les yeux rouges exorbités des mains aux doigts boudinés, le crâne disproportionné la bouche déformée, s’approche de Liotta. La maman tente de s’interposer, mais d’un revers de main, elle est expulsée contre la commode qui se fracasse.
— ALORS LIOTTA, TU ME RECONNAIS ? C’EST LE VENDEUR DE POMME D’AMOUR ! TONTON VA TE DÉFONCER TA PETITE CHATTE.
La caricature grossière de ce qui ressemblait à un humain, ricane, l’abominable et cynique personnage dont la bave noire et gluante s’écoule à travers sa bouche sans lèvres, observe de son air lubrique Liotta qui ferme les yeux. Elle ne veut plus le voir, elle sait que c’est sa dernière minute de vie. Une grosse et puissante main vient de s’emparer de son bras. Elle tente de résister, mais ses pieds glissent sur le carrelage froid, son corps tout entier prend la température du sol. C’est la mort qui arrive, déjà son sang ne circule plus dans son bras. Le monstre la saisit ensuite par les cheveux puis la soulève, pendant que de l’autre main il arrache son pantalon de pyjama. Elle hurle de terreur.
— TU VAS OFFRIR TON PETIT MINOU À RAPHAËL…
La grosse tête difforme coupée de dizaines de scarifications pose son nez, appâté, sur l’entrejambe de Liotta.
— HUUUMMM !! Quel fumet, TU ES A MOI, VIENS DONC PAR LA, SUR CE CANAPÉ.
Liotta se débat avec vigueur, le Raphaël ne parvient pas à la bloquer. Elle se débat, elle a peur, de sa vie, elle n’a jamais vu un être aussi laid. Elle gémit de ce désespoir perdu qui remonte des tripes pour sortir par la gorge d’un son étouffé.
— ET TU VEUX QUE JE TE DISE ? EH BIEN APRÈS T’AVOIR CONSOMMÉ, SI JE PUIS DIRE, JE TE MANGERAI. LES PETITES FILLES COMME TOI ? C’EST COMME LE COCHON, IL N’Y A RIEN À JETER ! APRÈS TON PETIT MINOU, TA CHAIR ET TES ABATS.
L’horrible pervers pose sa main sur la bouche de Liotta recouvrant presque la totalité de son visage, il commence à le serrer. Liotta cherche encore de l’air, elle se rappelle ce que lui avait dit Rachel. Mais où es-tu Rachel ? Elle regarde l’horrible caricature dont une bave noire et nauséabonde s’écoule de sa bouche sans lèvres, aux dents noires, ses yeux rouges sont habités par toute la perversion de l’humanité. Tout à coup, par-dessus l’épaule difforme et le dos bosselé de la bête humaine, elle perçoit une ombre furtive, si rapide qu’elle pense avoir été une illusion. Mais la silhouette apparaît de nouveau, telle une araignée qui se déplace en crabe avec la pureté d’un glissement dans l’air. Liotta écarquille les yeux, la chose a grimpé le mur puis évolue silencieusement sur le plafond, elle n’a jamais vu cela ! La créature vert-de-gris bardée d’épines sur le dos et le long des bras et des jambes se laisse descendre comme une araignée le ferait le long de son fil, les pieds fixés sur le plafond. La lueur de la cheminée laisse alors découvrir une tête fine et gracieuse. Mais subitement, elle se déforme, la bouche devient une large gueule qui s’ouvre démesurément, plantée de plusieurs rangées de longues et fines dents rétractiles en forme d’épines de poisson. Ses mains allongées terminées par de terribles griffes acérées s’ouvrent subitement. Liotta écarquille les yeux, médusée ! L’abominable monstre est interpellé par le voile de stupéfaction qui s’est posé sur les yeux de l’enfant. Le prédateur sent à son tour cette ambiance lourde et pesante, l’instinct de la proie qui pressent une menace sans pouvoir la définir. Il tourne la tête dans tous les sens, balayant sa vision sur les quatre côtés de la pièce. Mais il n’y a rien, il pose à nouveau son regard rouge incandescent nourri par toute la haine et la perversion de l’humanité sur Liotta dont la respiration s’est accélérée, ses yeux exorbités donnent l’impression qu’ils vont sortir de leur orbite. L’être scarifié et difforme cesse d’agir, il se fige, son attention se pose dans le vide puis il fixe sa vision sur les vitres de la fenêtre et perçoit un reflet terrifiant ! C’est alors au moment où il lève la tête traversée par l’effroi qu’il a juste le temps de comprendre la funeste réalité avant que la Sœur Damnée ne plante en même temps ces crocs sur sa boite crânienne et ses griffes dans son cou. Son regard rouge incandescent vient de croiser celui d’un jaune intense habité par des milliers d’années de prédation. Elles soulèvent la masse informe et inhumaine du scarifié, elle arrache sa tête de son tronc qu’elle écrase dans sa mâchoire telle une noix. Le visage du tueur se plie comme du carton-pâte, ses os s’effritent et se disloquent. Elle jette négligemment la carcasse sur le plancher de la salle à manger. Son attention s’est déjà tournée vers l’autre comparse.
L’autre scarifié s’est introduit dans la chambre des parents, le petit frère de Liotta, s’est réfugié sous le lit. L’abominable pervers s’empare de madame Domingos qui avait perdu connaissance un instant, allongée sur la commode fracassée. Il lui a déjà relevé la jupe, il s’apprête à la violer, l’être lubrique maintient la victime la face écrasée sur le lit, s’agrippant sur ses hanches, il bave et râle de plaisir, mais la silhouette féline surgit, courant sur le plafond, elle vient de faire irruption dans la chambre des parents. Le scarifié ne l’a pas vu, la sœur Damnée fond sur lui s’agrippant sur son dos, ses jambes et ses bras l’ont déjà enlacé, il se débat et tente de s’en dégager en la saisissant par la nuque, mais il hurle traversé par une douleur insoutenable les épines dorsales érectiles de la féline lui ont traversées les mains et les avant-bras. Puis avec une fantastique dextérité, l’entité vert-de-gris aux yeux d’un perçant jaune vif, se contorsionne, son bassin se plie comme le corps d’un serpent, sa pirouette passe par-dessus le meurtrier. Elle est désormais à califourchon sur son bassin. Elle lui fait face, elle semble sourire, sa tête s’incline comme pour observer sa proie. L’étreinte mortelle s’achève par l’issue fatale d’une mort. Sa mâchoire s’ouvre démesurément engloutit le crâne du scarifié. Elle croque puis mâche les os goulûment, mais elle se sent observée, c’est la petite Liotta épouvantée qui la regarde se repaître.
Elle quitte la pièce en pleurs, la Sœur Damnée regarde ses mains pleines de sang, elle aperçoit son image sur le miroir à sa gauche, elle tient une dépouille sans tête. Elle comprend que sa vraie nature fasse peur, elle a de la peine. Elle se relève, sa physionomie change, elle reprend sa forme humaine et délicate de femme d’une beauté qui tue. Le petit frère de Liotta s’est extrait de dessous le lit, il vient se blottir contre sa mère qui s’est réfugiée près de son mari encore allongé, il avait perdu connaissance, mais il commence à se réveiller. Liotta observe la silhouette féminine se mouvoir avec grâce, sortir les carcasses des deux malfaisants.
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Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans
Léoneplomb
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans
Véronique Rivat
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans