Fyctia
chapitre 6
Je secoue la tête en avançant vers le manége. Il n’y a pas que le groupe de Roxie en représentation ce soir, mais tous ceux qui ont fait le stage, de quatre à soixante ans passé. Tous les groupes sont réunis et forcément cela fait du monde en spectacteur.
– Franck m’a demandé de tout filmer. Si ça ne t’embête pas, je lui dirai que j’avais une panne de batterie. Je ne vais pas tenir mon Iphone en l’air pendant 2 heures.
Je glousse en imaginant la scène et en tentant de trouver une place au milieu de la cinquantaine de personne déjà installée sur la bute.
J’aurais dû partir plus tôt. On se retrouve tout en haut. Heureusement, la visibilité reste bonne.
– Eh, peut-être que tu vas revoir ton jeune prétendant !
Manon s’adresse à moi tout en m’invitant à m’assoire sur la couverture qu’elle déploie.
– De quel prétendant tu parles ?
Nous chuchotons toutes les deux.
– Tu sais, le gamin de lundi dont tu m’as parlé ! Celui qui t’a dragué !
– Ah ! Lui !
Elle trifouille dans sa glacière et sort deux bouteilles de bières aromatisées.
– Tiens, j’ai pris des réserves, me dit-elle en m’en tendant une.
– je vois ça !
Deux coups de decapsuleurs et nous voilà rafraichies.
– Tu ne l’as pas revu ?
– Euh Manon… Comment te dire… Je l’ai croisé ici et je ne suis pas revenue depuis.
– On ne sait jamais, tu sais, parfois le hasard…
Je crois que Manon devrait écrire des bouquins à ma place. Elle a une imagniation débordante.
Les gens terminent de s’installer autour de nous. Le soleil se couche doucement derrière le manège.
Petit discours des intervenants, explication du déroulement du spectacle et dernières recommandations avant que ça commence.
Manon soupire.
– Pfu… Tout ce blabla là, c’est bon. Je veux voir ma filleule. Je m’en fou de leurs consignes.
Les gens devant nous se retournent en lui jetant de drôles de regards.
Manon est comme ça. Sans filtre. Elle dit ce qu’elle pense et se moque des conséquences. Heureusement pour nous, avant que ça dégénère, le spectacle commence et les cavaliers font leur entrée sur la piste.
Deux heures durant lesquelles je n’ai plus rien entendu, je n’ai plus rien vu, même pas la nuit tomber.
Un balais parfait, une simbiose incroyable, un respect mutuel, une mise en scène magique.
À en croire la tête des personnes autour de nous, je ne suis pas la seule à avoir apprécié. Même Manon a gardé la bouche fermée durant tout le spectacle, ce qui est assez rare pour être souligné.
Quand les choses sont faites avec respect et Amour, juste pour le plaisir d’être vécues et partagées, elles sont d’une beauté que peu de mots peuvent décrire.
– Waouh ! Oh putain ! C’était complétement dingue ! Moi qui pensais m’ennuyer à mourir !
Manon se tourne vers moi pour exprimer son ressenti à sa façon.
Le public applaudit longuement avant de quitter doucement les lieux. Nous restons encore un peu, attendant Roxie qui doit sans doute s’occuper de Monsieur Pancake et débriffer avec ses copines.
– Je reviens, j’ai trois appels en absence de Franck et le réseau ne passe pas de ce côté.
– Ça marche.
Elle s’éloigne et moi je continue de fixer le manège plus bas et les petites lanternes colorées restées allumées pour la fin du spectacle. L’air n’est pas plus frais. Il doit bien faire encore dans les vingt sept degrès. C’est écrasant.
J’entends mon amie qui se rassoie à mes côtés.
– C’est dingue cette chaleur quand même tu ne trouves pas, lui demandé-je sans la regarder.
– Vous n’aimez pas avoir chaud, Mélie ?
Je pivote brusquement, réalisant que ce n’est pas la voix de Manon.
Il est de nouveau là. Le gamin. Celui de lundi. Assis dans un jeans déchiré, une paire de mocassins aux pieds, un simple tee-shirt blanc en guise de haut, il fume une cigarette en fixant lui aussi le manège. Pas de casquette cette fois. Ces boucles blondes dégringolent autour de son visage angélique. Son tee-shirt met en avant sa silhouette fine et si bien dessinée. On y devine la peau ferme, les abdos saillants, le torse imberbe.
Comment connaît-il mon prénom ? Et que fait-il ici ? Je n’ai pas le temps de lui demander, comme la dernière fois, il engage la conversation.
– C’était un beau spectacle. Votre fille semble en symbiose avec son poney. Je pense que c’est le sien, je me trompe ?
– Oui c’est notre poney, mais…
– Ça se voit, me coupe-t-il. Et je parie qu’il vit chez vous, dans un grand près avec d’autre copains et votre gosse va le nourrir tous les matins avant d’aller en cours.
– Vous menez une enquète sur moi ?
– Non. Je lis en vous et ça me passionne.
Il me sourit et je reste bouche bée. Je ne comprends pas son attitude. Je pourrais être sa mère. Enfin j’exagère. Mais j’ai dix ans de plus que lui ! Il ne devrait pas me perturber comme ça. Je tente de reprendre mon calme, mais il se lève.
– Je vous perturbe. J’aime ça.
Je fais de gros yeux ronds.
– Pas du tout !
– Alors pourquoi rougissez-vous ? Me questionne-t-il en m’offrant un petit clien d’œil.
– Je ne rougis pas ! De plus, il fait nuit, vous ne risquez pas de voir grand chose !
Son regard se plante dans le mien. Il se penche doucement vers moi. Si près que je peux sentir son souffle contre ma peau.
– Je vous l’ai dit, je lis en vous…
Les battements de mon cœur s’accèlèrent, ses yeux se froncent, des fourmilles me chatouillent le bout des doigts, il mordille dans sa bouche, il est prêt, bien trop prêt, ses boucles tombent sur son visage, le mien est brulant, je… je…
8 commentaires
Soleil Cricri Wttpd
-
Il y a 5 ans
Marine PETOUX
-
Il y a 5 ans