Manuéla🖋️SZ À LA CROISÉE DE TES CRIMES Chapitre ?

Chapitre ?

Il arriva chez la mère de Noémie Lefebvre le samedi soir, avec les cinq minutes de retard qu’il estimait faire partie du règlement de la bienséance. Elle lui ouvrit et l’invita à entrer, accueillante et sublime malgré la simplicité de sa tenue, elle avait opté pour un jean noir et une blouse en mousseline écrue. Il lui tendit la bouteille de vin qu’il avait emmenée, elle émit un sifflement d’admiration — Whaou, un château Pontet Canet, tu ne t’es pas fichu de moi dis-donc ! — À grande occasion grand vin, telle est ma devise ». Elle lui sourit, en le débarrassant de son manteau pour l’accrocher à la patère de l’entrée, — J’espère que tu as faim, comme d’habitude j’en ai fait pour un régiment. — Ça tombe très bien j’ai une faim de loup, et ça sent divinement bon.




Elle mit le vin rouge en carafe qu’elle réserva pour le pot-au-feu, et ils s’installèrent devant deux verres de Pinot gris, qui accompagnaient un assortiment de bouchées apéritives à peine sorties du four. Ils commencèrent à évoquer l’époque du lycée, les noms des élèves et des profs qui leur revenaient en mémoire, et elle posa les yeux sur son bras quand il releva les manches de sa chemise. — Joli tatouage, je n’ai jamais osé franchir le cap, je suis trop douillette. Qu’est-ce que ça représente au juste ? — Notre signe astrologique à Francis et moi, le Gémeaux. Un signe double, ce qui dépeint plutôt bien des jumeaux, comme dans la chanson des Demoiselles de Rochefort. Elle sourit, en pensant intérieurement, un signe double ouais, le signe du diable.




— Tant que ce n’est pas celui du taré, qui décime toutes les femmes du pays », ironisa-t-elle dans un clin d’œil, et il éclata de rire. L’apéritif consommé il lui proposa son aide pour débarrasser, — Pas question, tu es mon invité alors détends-toi, j’arrive dans une minute avec la suite. En cuisine, elle prit de grandes inspirations, avant de garnir deux assiettes copieusement, du contenu des deux casseroles qui chauffaient à feu très doux. La sienne c’est la gauche, la sienne c’est la gauche, se répétait-elle en regagnant la salle à manger. — Et voilà, je t’avais prévenu j’ai prévu large. — Aucun problème, vu comme ça a l’air appétissant je serais du genre à en reprendre une deuxième fois. — J’espère bien, alors bon appétit et à nos retrouvailles, en trinquant avec le velours qu’il avait apporté.




— Humm il est absolument divin, — Oui ça se marie parfaitement, ton pot-au-feu est fameux, félicitations. Ils reprirent une discussion en se rappelant leurs souvenirs avec Francis, puis la suite quand leurs chemins s’étaient séparés. Il reprit volontiers une seconde assiette de pot-au-feu rempli de mort aux rats, et c’est environ une heure après que des symptômes étranges se firent sentir. Son cœur se mit à faire des pointes d’accélération, et il essayait de se relever mais il dut s’appuyer contre le mur, sentant ses jambes qui se dérobaient sous lui et il vacilla, avant de s’écrouler sur le parquet. Il sentait sa langue gonfler, et se mit à suffoquer, les yeux exorbités. Elle s’approcha de lui, — J’espère que tu souffres, et que la douleur est intolérable…



…— Tu vas crever ici, comme un vulgaire cafard, l’ordure crapuleuse que tu es. Tu ne mérites qu’une mort lente et douloureuse, avant d’aller en enfer, où j’irai moi aussi probablement. Mais je m’en moque, je sais que je rends un fier service à la société ». Depuis tant d’années, la peur changeait de camp. Il sentait le goût métallique du sang dans ses muqueuses, la fin se diffuser dans ses membres qui convulsaient, et tout devenait brouillé. — J’irai déposer ton cadavre où on pourra trouver morte, « L’ombre nocturne insaisissable… tu feras les gros titres, pour la dernière fois mais sous ton identité dévoilée. Adieu, Fabrice Leroy ». L’agneau était devenu le loup, et en quelques minutes qui lui avaient parues interminables, Fabrice Leroy alias « L’ombre nocturne insaisissable », n’était plus. Noémie enfila ses gants en laine, avant de sortir pour procéder à l’arrimage de la voiture de son hôte indésirable sur la remorque.




Elle revint dans la maison avec une brouette, et le chargea pour le transporter côté passager dans l’utilitaire de sa défunte mère, auquel elle avait attaché la barre de remorquage l’après-midi. Elle mit la brouette à l’arrière du véhicule et attendit quatre heures du matin, pour s’emmitoufler avec manteau et écharpe, et partit déposer le cadavre avant de remorquer sa voiture assez loin de chez sa mère. En rentrant, le manteau de Fabrice Leroy finit en cendres dans l’âtre de la cheminée, et Noémie put aller tomber dans les bras de Morphée. Au matin du dimanche 10 janvier 1998, où elle l’avait laissé choir aux aurores au pied d’un arbre à la lisière d’un bois, Fabrice Leroy était trouvé par un chasseur, un mot en énormes caractères imprimés, agrafé sur sa chemise : « Ci-gît cette pourriture d’Ombre nocturne insaisissable ».



Au même moment, Garance Brémont s’inquiétait sérieusement de ne plus réussir à joindre son frère Fabrice depuis la veille, qui devait lui confirmer sa présence pour la soirée de fiançailles dans moins d’un mois, de son aîné Gabriel. L’équipe du commandant Grimbert avait été dépêchée sur les lieux, et c’est bien évidemment Gabriel Brémont qui fut instantanément en mesure d’identifier le macchabée, qui n’était autre que le frère de sa mère. Il avait envie de se jeter sur son oncle, et le tuer une seconde fois. Le temps d’encaisser le choc, il pesta à haute voix — Et merde, le tatouage, j’y ai pensé à ce foutu tatouage… les déplacements pour son boulot, le profil putain, tout colle. C’est pas possible, c’est un cauchemar je vais me réveiller !». Son commandant lui serra amicalement l’épaule,




— On ne veut jamais croire ça possible d’un proche, Gabriel. On va procéder aux vérifications, toi t’en as assez eu pour la journée. Dépêche-toi plutôt d’aller en informer ta mère, avec plus de diplomatie que ce qui ne va pas tarder à déferler sur toutes les chaînes ». À l’issue de vérifications concordantes sur l’identité du plus célèbre tueur en série, une conférence de presse fut le point de départ d’un tsunami médiatique. La procédure imposait d’enquêter pour meurtre par empoisonnement sur le principal ennemi de la justice, mais c’était beaucoup demander d’y mettre l’ardeur et l’empressement requis en temps normal. Sa crémation fut pliée le vendredi suivant en deux temps, trois mouvements. Complètement désertée à part la présence de sa sœur Garance, et l’épaulement indéfectible de son mari, Marc Brémont.


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3 commentaires

Manuéla🖋️SZ

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Il y a un an

Merci à tous pour votre aide à débloquer mes chapitres 🥰

Nicole Pastor

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Il y a un an

Bonjour. Je n'ai pas le temps de lire, occupée à terminer mes chapitres mais je mets un pouce afin que ça avance plus vite pour toi. Bonne fin de concours. Tu peux venir, si tu le souhaites sur mon histoire ! 🙂​

Manuéla🖋️SZ

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Il y a un an

🙏🏼🍀
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