Mon cœur était aussi gris que le ciel, ce jour-là, quand la douleur m'avait envahie si fort que je ne m'étais plus sentie respirer. J'avais beau lutter... Contre quoi ? Je ne savais plus. La maladie, je crois. Ou bien moi-même. Mon monde avait perdu ses couleurs, d'un coup. J'avais trop mal. Mon corps n'était plus à moi, plus en paix. C'était une brûlure incessante, une blessure... Un trou. Il fallait que je me batte, que je sois forte. On me le répétait ; dans les lettres des amis qui n'étaient venus me voir que le temps d'une visite, en trois ans, dans les paroles inquiètes de ma mère, qui était restée, et dans les tiennes, plus réservées... Je voulais vivre. Je le savais, je m'en souvenais mais... A quoi bon, ainsi ? C'était si laid, si affreux ! Ce soir, on m'a libérée de ma prison blanche. J'ai tenu bon, tout ce temps. J'en sors avec une cicatrice mal refermée.