Le plan était pourtant simple. Quitter Cleveland, ville où j’ai grandi, pour poursuivre mes études à Chicago. Mais la quitter aussi pour oublier. Oublier cette nuit, celle où la mort me tendait les bras et n’attendait que moi, et l’oublier, lui. Pourtant, des années plus tard, il est là, juste devant moi. Il est resté figer au fond du salon de cette fichue fraternité. Il est beau dans la lumière tamisée, tellement beau que ça me fend le cœur. Comment une personne avec un visage aussi angélique peut vous traîner aussi rapidement dans la descente aux enfers ? Car c’est là où je suis, pas vrai ? Le feu que je sens à cet instant dans ma poitrine, c’est lui qui l’a allumé. Il me consume, me brûle, réduisant mon cœur à néant dans une lenteur abominable. Si j’avais su… si seulement j’avais su à quel point ça fait mal. « De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas » dit-on. Et bien, ce soir, c’est officiel. Je le déteste. Ah, et bonne année !