Fyctia
Chapitre 10
Premiers contacts
Les filles ont profité du week-end pour remplir un carton de peluches, de jeux de société et autres objets dont elles ne se servent plus, pour amuser les enfants. Elsa, de son côté, a pris rendez-vous avec la responsable de l’association. Elles ont convenu de se voir en fin de matinée, après sa visite quotidienne à Greg. Elsa est partie avec sous le bras le carton des filles, en plus de son attirail habituel. Elle dépose les enfants dans leurs écoles respectives, et prend la direction de l’hôpital après être passée au travail, rendre les dossiers de la semaine et récupérer ceux à traiter pour les huit jours à venir. Comme toujours sa cheffe est ravie de son travail et regrette de ne pas la voir au bureau plus souvent.
— Je ne me sens pas encore capable d’affronter tous les jours le regard des gens.
— Personne ne te veut du mal ici, tu sais.
— Je sais. C’est juste que les regards de compassion et de pitié, je n’en ai pas vraiment besoin…
Sa supérieure n’ajoute rien. Elle lui souhaite une bonne semaine et lui dit :
— À lundi prochain alors !
***
Lorsqu’elle arrive à l’hôpital, Elsa rejoint l’étage des enfants. Elle sait où aller puisqu’elle en a longuement parlé au téléphone vendredi dernier avec la personne en charge des animations. L’infirmière qui s’occupe de son mari, après avoir loué son initiative, lui a communiqué les coordonnées de la responsable de la salle de jeux des enfants hospitalisés. En attendant que cette dernière vienne la chercher, elle observe les enfants qui ont l’air très calme et de ne pas s’amuser plus que ça.
— Bonjour, je suis Alice Martinez, se présente la femme qui vient de la rejoindre.
— Bonjour, Elsa Labordier, répond Elsa en comprenant que son interlocutrice est son rendez-vous.
— Bien, rejoignons mon bureau.
Elsa la suit dans la petite pièce attenante à la salle de jeux. Elles s’installent autour de la table et se mettent à discuter des détails du projet d’Elsa qui est d’ores et déjà accepté.
— Comme tous les enfants, les enfants hospitalisés sont gourmands. Même si certains ont besoin d’un aval médical pour manger telle ou telle pâtisserie.
— Oui, bien sûr, il faudra juste me dire lesquels seront concernés.
— Bien entendu. Et puis le cas échéant, les deux lutins que vous voyez ici sont de futurs médecins. Donc, s’il y a quoi que ce soit, ils seront à même de réagir. Dans un premier temps, je pense qu’un atelier une fois par semaine serait un bon début.
Devant la mine un peu déçue d’Elsa, Madame Martinez ajoute :
— Mais vous pourrez venir plus souvent, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour divertir ces petits anges. Comme vous avez pu le voir, nous ne sommes pas très nombreux à nous occuper des enfants ici. De temps en temps, un parent reste un peu, mais le plus souvent, il n’y a que deux ou trois personnes, moi y compris, d’autant plus que c’est du bénévolat. Vous verrez que les lutins ne sont pas toujours les mêmes, enfin c’est un groupe de sept étudiants qui tournent en fonction de leur fin de service, jour de repos, etc.
— Comme je vous l’ai dit, je suis ici tous les jours, donc…
— Eh bien, vous serez toujours la bienvenue.
L’entretien se termine peu de temps après, Elsa ayant précisé qu’elle avait amené quelques jeux à l’intention des petits patients, si madame Martinez le permet, elle peut rester une heure ou deux cet après-midi même, pour faire connaissance avec les enfants.
— Je vous en prie, restez aussi longtemps qu’il vous plaira, lui répond Alice Martinez déjà sous le charme de sa nouvelle bénévole.
En sortant, elle croise le docteur Becker dans le couloir. Ils se saluent sans échanger davantage. Lorsque les portes de l’ascenseur se referment sur Elsa, le médecin entre dans la salle de jeux.
Elle rejoint Grégoire, s’installe à côté de lui, lui parle de son projet, de Noël qui approche, de la maison décorée comme chaque année…
— Même les guirlandes électriques sont posées. Les filles ont demandé à Justin de le faire… Je dois t’avouer que ça m’a fait bizarre de le voir grimper sur l’échelle à ta place, mais un Noël sans lumière, tu sais bien que ce n’est pas Noël…
Elle sourit à cette dernière phrase qu’elle lui répète chaque année. Elle lui caresse encore un peu le bras, puis se lève, l’embrasse et attrape son ordinateur portable.
— Allez, au boulot ! dit-elle en se rasseyant près de lui.
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