Fyctia
Chapitre 4.2 - Noor
— Je peux te poser une question ? lance-t-elle en rejoignant le coin cuisine pour faire chauffer de l’eau.
— Essaye toujours.
— Pourquoi rester ici pendant deux mois, alors que tu pourrais te contenter de quelques aller-retour pour les évènements ? Non pas que ça me dérange , mais je trouve ça surprenant de mettre sa vie sur pause pendant si longtemps pour rédiger un simple article.
— Déjà, j’espère que mon travail ne sera pas considéré comme un simple article, mais je comprends l’idée. J’aime bien prendre le large de temps en temps. Ça casse ma routine, paraît-il, un peu trop présente. Et puis j’essaye de limiter mes déplacements au strict minimum. J’irai d'ailleurs à Strasbourg bientôt.
— Ah, oui, bien sûr, tu as raison. Du coup, comment penses-tu occuper tes journées ? ajoute-t-elle après un silence.
— Ben, bosser comme d’habitude, mais ici. Je suis beaucoup en télétravail de toute façon. Je m’occupe de la Newsletter quotidienne aux abonnés et je pourrais rédiger quelques papiers qui ne nécessitent pas d'enquête sur place. J’aimerais aussi avancer sur un projet perso.
— Très mystérieux, s’amuse-t-elle.
Pourtant, je me trouve étonnamment bavard. Comme ce soir-là, elle possède un je-ne-sais-quoi qui met en confiance et incite à s’ouvrir à elle. Ou alors est-ce sa façon de se montrer à l’écoute ? Ou son regard bleu perçant qui semble sonder mon âme, même dans mes silences ?
Elle m’indique ma chambre, à côté de la sienne, et me propose de m’installer pendant qu’elle prépare un goûter.
Un goûter ?
J’ai cru qu’elle blaguait, mais visiblement non. Elle s’active à fouiller dans les placards en chantonnant, sortant une multitude de bric-à-brac. Je préfère m’éclipser dans ce qui sera mon antre. C’est la seule pièce que je n’avais pas déjà visitée. La chambre d’ami est petite et doit servir de bureau à l’occasion. Une penderie vide ouverte semble me convier à y ranger mes affaires. Othilie est une hôtesse attentive au bien-être de ses invités et ce constat me touche plus qu’il devrait.
Après avoir remplacé mes vêtements mouillés, je rejoins le salon où m’attend une table digne des plus grands salons de thé. Enfin, je suppose, car je n’ai jamais mis les pieds dans ce genre d'établissement. Othilie pose un plateau de biscuits au centre et se redresse en frissonnant. Elle est trempée et doit être gelée.
— Tu devrais aller te changer ou te réchauffer sous la douche. T’as l’air frigorifiée.
— C’est vrai, ça ne te dérange pas ? s'inquiète-t-elle.
— Tu es chez toi. T’es pas obligée de faire tout ça, ajouté-je en désignant le banquet dressé.
— Ne t’y habitue pas trop. C’est juste pour marquer le coup de ton arrivée.
Elle s’échappe dans sa chambre en laissant la porte entrouverte par réflexe. Je m’installe dans le canapé pour éviter la tentation de jeter un œil dans la pièce voisine, même si l’image de son corps restera gravée sur mes rétines. La décoration n’a pas changé, miroir de toute la fantaisie de la propriétaire. Si les murs sont blancs, ils sont cependant couverts de tableaux et de têtes d’animaux en papier, tous plus bariolés les uns que les autres. Les étagères débordent de bibelots hétéroclites chargés de souvenirs.
— Oh ! Tu m’as attendue ? Tu pouvais démarrer, s’étonne la maîtresse de maison en me rejoignant.
Ses cheveux détrempés sont coiffés et elle a revêtu une tenue plus confortable, un legging à motifs fleuris et un gros pull. Malgré tout, elle se frictionne les bras pour tenter de se réchauffer. Je ne peux m'empêcher d’envisager de la serrer contre moi pour lui transmettre ma chaleur. Évidemment, je n’en fais rien.
— Hors de question. Je suis bien élevé, même si j’en ai pas l’air, grogné-je.
Elle s’esclaffe et me donne une petite tape sur l’épaule qui la surprend elle-même. La gêne l’envahit l’espace d’une seconde, puis elle s’assoit devant le festin.
— Comme je ne savais pas ce que tu aimes, j’ai sorti un peu de tout.
Effectivement, thé, café et chocolat chaud sont servis, ainsi qu’un assortiment de diverses pâtisseries locales, dont le fameux kouglof et un pain d’épices accompagnés d’autres spécialités non identifiées. Elle se verse un breuvage et entoure la tasse de ses mains comme s’il s'agissait d’un trésor. Nous restons un moment en silence à savourer nos boissons et je constate qu’elle n’a pas l’air de trouver ça pesant.
19 commentaires
Laetitia B
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Il y a un jour
Ama Ves
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Il y a 6 jours
Debbie Chapiro
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Merle Hewitt
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GwendolineBrument
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Il y a 9 jours
Debbie Chapiro
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Il y a 9 jours