Fyctia
Chapitre 11 - Partie 4
Ce fut dans un état de nerf tendu à l’extrême que j’arrivai aux quartiers des candidats. J’étais agacée de n’avoir rien trouvé d’intéressant relatif à la Prophétie et je n’arrivais pas à me sortir de la tête les mots proférés par l’inconnu. Cet « ouroboros » était introuvable. Je n’étais même pas certaine qu’il parlait d’un livre. Il aurait pu s’agir de n’importe quoi. Dans tous les cas, je n’allais pas suivre aveuglément une prétendue piste tombée du ciel. Alors, même si j’aurais préféré éviter d’en passer par là, je me mis à la recherche de Kester. Si je me montrais subtile, je parviendrais peut-être à grappiller quelques informations sans avoir à lui révéler où j’avais passé la journée.
Un garde m’informa toutefois que mon mentor se trouvait actuellement au Palais et ne serait pas de retour avant le lendemain. Il avait soi-disant des affaires urgentes à régler. Même si je n’en doutais pas, moi aussi j’avais une discussion importante à mener avec lui. Pour commencer, et en plus du reste, je voulais savoir pourquoi il m’avait caché la réputation outrageante de mon père. J’allais donc devoir attendre.
À cette heure, tout le monde dînait encore sous la tente de restauration commune. Énervée, j’y fis irruption sans pour autant ressentir la moindre faim. Du moins, pas de nourriture. J’avais besoin de me vider l’esprit, d’échapper à la douleur qui me déchirait le cœur, de fuir ce passé qui menaçait de m’engloutir à chaque instant dans un abîme sans fin.
Je me dirigeai droit sur Auris qui, me voyant arriver, écarquilla les yeux et se leva. Ce fut peut-être l’instinct qui le poussa à venir à ma rencontre, ou l’expression de mon visage, mais il m’intercepta et passa un bras autour de mes épaules. Je le laissai faire.
— Hey ! J’étais en train de te parler, je te signale ! se plaignit Pax.
Auris lui jeta un sourire nonchalant.
— Désolé mais t’es moins charmant que Nyx. On a un pari en cours et il se termine ce soir alors comme je tiens à gagner… Mais garde ce que tu racontais pour plus tard !
Il n’y avait aucun pari. Il me sortait juste de là avant que je dise ou fasse quelque chose que je regretterais plus tard. L’excuse sembla passer car nos camarades se désintéressèrent de nous et je laissai mon ami me conduire hors de la tente. Il retira son bras pour me laisser de l’espace mais je le poussai sans ménagement dans un recoin sombre.
Mes lèvres ne tardèrent pas à trouver les siennes et ses bras musclés m’enveloppèrent aussitôt. Le corps et le cœur en fusion, je tirai sur sa tunique. Mes mains passèrent en-dessous, caressèrent sa peau chaude et frémissante, s’égarèrent sur ses abdominaux durs comme la pierre. Ses doigts agrippèrent mes cheveux à l’instant où nos langues se rencontrèrent, entamant une danse aussi ardente qu’impatiente. Je le dévorais autant qu’il prenait possession de moi et notre baiser s’enflamma plus encore, dans un maelstrom de sensations enivrantes.
Un instant plus tard, sa tunique se retrouva au sol et Auris me plaqua contre un muret. Ses lèvres descendirent dans mon cou, m’électrisant de la tête aux pieds. Il le mordilla, le lécha, le suçota, et je retins un gémissement. Lorsqu’il colla ses hanches contre mon bas-ventre tiraillé de désir, je ne doutai pas un instant du sien. Les sensations que j’éprouvais sous chacune de ses caresses étaient décuplées mais j’en voulais plus. Je voulais me perdre dans cette autre dimension, où seuls nos instincts primaires et le plaisir que nous éprouvions existaient.
Mes doigts glissèrent le long de son torse puis de son ventre, jusqu’au renflement de son pantalon que je pressai avec avidité. Je le sentis se crisper contre moi et un plaisir coupable m’encouragea à le pousser plus loin. Son grondement se répercuta jusque dans mes os, embrasa chaque cellule de mon corps, et quand il mordit doucement mes lèvres pour mieux s’en emparer, je n’y tins plus.
Il passa ses mains sous mes cuisses et mes jambes s’enroulèrent autour de lui. Lorsqu’il appuya sa virilité contre la partie la plus sensible de mon anatomie, je me sentis défaillir. Une vague de plaisir déferla dans mon ventre, accentuant mon désir déjà excessif. Nous nous abandonnions l’un à l’autre, comme si rien d’autre n’avait d’importance. Seuls nos vêtements me gênaient encore, à ce stade. Le fait qu’on puisse nous surprendre me passait complètement au-dessus de la tête.
— Nyx…
Je le fis taire d’un nouveau baiser mais ses gestes devinrent plus lents. Plus mesurés. Tout son être tremblait sous la force de l’intensité que nous éprouvions, mais il reprit le contrôle pour écarter ses lèvres des miennes. Son front se posa contre le mien puis je sentis ses doigts calleux se poser sur ma joue dans une tendre caresse. Ses yeux étaient fermés, ses traits crispés par la concentration.
— Auris, s’il te plait… suppliai-je.
Ses paupières se soulevèrent. Ses pupilles dilatées sondèrent mon regard et il pinça les lèvres.
— Non. Pas comme ça, répondit-il avec douceur. Parle-moi, Nyx.
Mes yeux se brouillèrent de larmes. Il y avait la frustration évidente, mais surtout l’avalanche d’émotions ressenties au cours de la journée. Je ne parvenais plus à les maintenir sous mon emprise.
L’expression d’Auris se fit aussitôt inquiète. Son désir n’avait pas disparu, loin de là, mais je compris qu’il était passé au second plan pour lui. Je pouvais dire adieu aux ébats d’oubli, à moins de le convaincre. Mais le voulais-je vraiment ? N’était-ce pas me servir de lui ? Nous avions tous les deux toujours trouvé notre compte dans nôtre arrangement. Il n’était ni mon jouet, ni à ma disposition. Nous nous respections. Et pour cette raison, je ne protestai pas lorsqu’il me prit dans ses bras et me ramena sous la tente déserte de notre Académie.
Il m’allongea sur ma couchette puis, sans me lâcher, me rejoignit. Mon dos collé contre son torse encore nu, sa bouche caressant ma joue humide de larmes, il me berça un long moment avant que je ne me décide à prendre la parole.
— J’ai grandi ici. Les premières années de ma vie, je veux dire. Mes parents ont été assassinés sous mes yeux, dans notre maison, et… J’ai revu cet endroit aujourd’hui, finis-je par confier.
Il m’étreignit plus fort, sans un mot. Il me laissait aller à mon rythme.
— Ça fait dix ans que je réfléchis à la manière de les venger.
Il resta silencieux quelques secondes. Une de ses mains caressait mon ventre dans un geste de réconfort.
— Est-ce que tu connais l’identité des responsables ? demanda-t-il enfin d’une voix contenue.
— Leurs visages, seulement. Ce sont des gardes de la reine. Kester connaît leurs noms mais il refuse de me les révéler. C’est pour ça que je m’entraîne si dur… Que je veux briller à la Sélection. Pour me venger.
Je sentais le cœur d’Auris cogner fort contre mon dos, au moins autant que le mien. Lorsqu’il déposa un baiser dans mes cheveux, juste au-dessus de ma tempe, ce fut pour murmurer sur un ton glacial :
— Alors nous la découvrirons, et ils paieront.
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bananechoco123
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Il y a 3 ans
Nelyne
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Il y a 3 ans
Amphitrite
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Nelyne
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Leana Jel
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Lyaminh
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Nelyne
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Oona Rose
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Nelyne
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Il y a 3 ans