Fyctia

Notre discussion est interrompue lorsqu’éclate un grand éclat de rire. Il m’est facile de deviner de qui il provient : une seule table présente des personnes aussi bruyantes. Décalant ma tête sur la gauche, j’arrive à apercevoir quelques-uns de ceux qui sont assis et leurs chamailleries me font légèrement sourire.

Alors que je pensais être discrète dans mon observation une tête surgit dans mon champ de vision. Un des hommes assis à la table qui était jusqu’à maintenant penché en direction de son voisin s’est rassis correctement, face à moi.

Aucun de nous deux n’a l’air partant à faire le premier geste pour séparer nos regards. Je ne le ferai pas et apparemment lui non plus. Toujours focalisé sur lui, j’ai l’impression que le temps passe plus lentement. Hanna m’entendrait, elle se foutrait de moi. Les yeux toujours sur lui, ma vision se floute légèrement et mes yeux commence à piquer, mais hors de question que je fasse le moindre mouvement.

Un poids sur ma main me fais sursauter et détourner le regard de l’homme. Face à moi Hanna rigole, heureuse de m’avoir offerte une petite frayeur. D’un simple regard elle m’incite à lui parler. Un geste de la main lui fait comprendre que ce n’est pas important.

— C’était tellement intense votre échange de regards ! Elle sautille presque sur place, excité par ce petit intermède sans importance.

— Ne dis pas n’importe quoi.

— Sérieusement ! Sa voix commence à devenir plus aigüe, signe qu'elle ne tient plus en place. Je pouvais sentir la tension entre vous depuis ma place.

— Mais bien sur…

— Très bien, tu ne veux pas parler de ce qu’il vient de se passer entre vous, je peux le concevoir. Mais je vais te faire la même remarque que tu m’as faite : ne tombe pas amoureuse, tu sors déjà avec quelque. Elle prend un ton plus sérieux. je suppose que ton comportement est en parti du au stress du week-end, mais ne prend pas de risque.

— Ne m’en parle pas, j'ai plus peur de rentrer chez mes parents que de passer mes partiels.

— Situation tendue avec eux ?

— Situation compliquée surtout.

— Aller, raconte-moi ! Il ne s’entend pas avec ta famille ? Il mange la bouche ouverte ? Se ronge les ongles ?

— Pour répondre sérieusement à tes questions, oui il se ronge les ongles, au désespoir de ceux qui l’entoure, mais ce n’est pas si grave. Non, il mange la bouche fermée, heureusement! Rien de plus repoussant qu’un homme offrant comme spectacle le contenu de ce qu’il mange.

— Alors il ne s’entend pas avec ta famille. C’est la seule option qu’il nous reste.

— Eh bien, à mon plus grand malheur, il fait plus que bien s’entendre avec eux. J’en viens à me dire qu’ils le préfèrent à moi, ce qui ne m’étonnerais pas vraiment en fin de compte.

— Ne dis pas de connerie enfin.

Elle n’a pas l’air de penser que je suis sérieuse dans mes propos, et pourtant. Je pourrais tous lui dire, ça me libèrerait d’un poids, et ça lui offrirait de super potin à raconter sur les réseaux sociaux, mais si je fais ça, c’est le reste de ma famille qui en subirait les conséquences. Et même si nos avis divergent sur beaucoup de sujets, je ne peu pas prendre le risque de les voir se retourner encore plus les uns contre les autres. Je décide de ne pas rentrer dans les détails, de rester vague.

— Il est génial, mais il a plus fréquenté mes parents durant l’année de notre relation que je ne les ai fréquentés en 20 ans d’existence sur cette terre.

— Tu n’abuse pas un peu Ellie ?

— Je t’assure que non ! Mes parents font des sorties avec lui, ça pourrait être normal si ça n’arrivait pas plusieurs fois par semaine ! Plusieurs fois par semaine merde ! et sans me mettre au courant évidement.

J'ai l'impression de ressembler à une adolescente en plein crise de rebellisme, et les clients autour sembles penser la même chose, me regardant d'un œil sévère.

— Ce sont des adultes, ils ne sont pas obligés de te prévenir du moindre de leurs déplacements, tu le sais n’est-ce pas ?

— Évidement que je le sais !