Fyctia
24. Confrontation 4/4
— Parce que ta vipère de mère a pourri toutes mes chances ! parce qu’à part El, Cole et mon imprimeur, personne ne sait qui je suis ! Parce que merde, j’aime ça ! OK ! Oui, je suis : elle. Je suis : Stella ! Depuis le début ! Oui, je t’ai menti ! Mais putain, Ash, comment voulais-tu que je te fasse confiance ? Ça fait onze ans ! Tu as disparu de ma vie, m’a tourné le dos. Je t’aimais, putain !
— MAIS MOI AUSSI, BORDEL ! Tu crois que c’était un plaisir de rompre ? Jeanne a contrôlé ma vie ! Elle a regardé mon père agonir avant d’amorcer un geste pour appeler les urgences ! Et dès le lendemain, elle a commencé à prendre les rênes. Bordel de cul ! Cass, ça m’a déchiré le cœur. Je venais de perdre mon seul repère, Malory a été viré juste après et j’ai dû renoncer à toi. TOI, PUTAIN ! Mon étoile ! Ma lumière ! Alors oui, j’aurais aimé que tu m’avoues que c’était toi ! Je t’ai pourtant dit à quel point j’admire ces œuvres. TES putains d’œuvres d’arts qui habillent chaque recoin de cette ville ! Qui prolifèrent sur les murs de mon refuge ! Putain, tu sais combien de fois j’ai demandé à Joe d’ouvrir les portes de la boîte pour que je puisse y admirer les peintures ? Alors merde… parle-moi. Je t’en supplie. PARLE-MOI !
Nos voix portent l’une après l’autre. Je suis abasourdie par ses paroles. A force de crier, nos corps se sont rapprochés, alpagués pour mieux s’enlacer. Mes paumes ont retrouvé son torse. Nos respirations s’accordent dans une harmonie parfaite. Ses mains viennent encadrées mon visage qu’il relève vers le sien. Je frissonne, de plaisir cette fois, sous son contact. L’étincelle d’orage qui brillait au creux de ses pupilles s’est transformée en étoiles. Des milliers de facettes, des points de lumière au milieu des ténèbres verts.
Mon corps se hisse sur la pointe de mes pieds. Nos bouches se frôlent, se cherchent. Mes paupières clignotent, une fois, deux fois. Ses yeux ne quittent pas les miens. Ses pouces sur mes jours dessinent des cercles. Il n’est pas conscient de ses gestes. Ils sont automatiques. Électriques. Sa peau bien que légèrement rugueuse est douce. Elle me réchauffe le cœur, recolle de nouveau morceau du membre qui bondit à toute allure dans ma poitrine.
Mes seins viennent s’appuyer sur les pectoraux d’Ashley. Il retient sa respiration un instant. Décroche son regard du mien pour y porter attention avant de revenir se plonger dans mon océan limpide. Merde… Je n’en peux plus. Mes jambes commencent à trembler. Mes doigts se crispent sur le tissu fin de la chemise de Crève-cœur. Je respire de plus en plus fort. Soupire sans trouver pour autant mes mots. Je veux lui expliquer, tout lui dire, mais ce n’est qu’une excuse qui sort de ma bouche. Un murmure honteux…
— Je suis désolée. Je n’aurais pas dû te mentir. Mais, j’avais… j’ai peur, Ash. Stella, c’est une partie de moi. Je te raconterais tout. Mais…
— Pas tout de suite, susurre-t-il d’un air entendu.
Puis, il souffle. Son haleine à l’odeur de menthe me chatouille le nez. Je le plisse et alors que sa main droite se détache de mon visage pour tirer sur ses cheveux, il en vient titiller le bout du sien. Une seconde plus tard, je l’entends baisser les armes.
— Bordel, Stella…
C’est tout ce que je perçois avant que ses lèvres s’emparent des miennes. Cette fois, notre baiser est différent. Délicat, passionné mais surtout emplit d’un sentiment nouveau. Un renouveau. Un souvenir du passé qui se transpose à notre présent. Un gémissement m’échappe en même temps qu’Ashley lâche un grognement de satisfaction. Mes doigts s’aventurent jusque derrière sa nuque, se scellant autour de son cou pour me maintenir sur mes jambes pantelantes. Merde ! C’est puissant, plein de ce sentiment qui me terrifie.
Ashley me porte presque jusqu’à ce que ses fesses s’appuient sur son bureau. Ses mains encerclent ma taille. Il me soulève, mes pieds s’ancrent, s’emmêlent dans son dos. Nos corps fusionnent, se reconnaissent. Forment un tout que je ne veux pas détruire. Et l’instant se fige. Le temps se suspens, nous laissant tout le plaisir de profiter de ce moment que nous savons éphémère. Parce que lui comme moi avons conscience que je vais devoir m’expliquer. Mais…
— Plus tard, murmure Ash en reprenant sa respiration pour mieux revenir à l’assaut de ma bouche.
Oui. Plus tard.
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